UNE COURSE DE 160 KM!
Il y a six mois, Carole Fournier est devenue la première Acadienne à prendre part au redoutable Marathon des sables, une course en six étapes d’une distance de 250 kilomètres dans le désert du Sahara sud-marocain. Ce long calvaire de souffrance, elle l’avait complété en soixante-huit heures et quatre minutes. Eh bien, imaginez-vous que la jeune femme d’Edmundston a décidé de repousser encore plus loin ses limites. Samedi matin, elle prendra le départ du ultramarathon du New Hampshire, une course de sentier nonstop totalisant 160 km qu’elle devra terminer en moins de 30 heures.
L’épreuve du New Hampshire est si exigeante qu’aucun athlète, tant chez les hommes que chez les femmes, n’a réussi à l’emporter à plus d’une reprise depuis la naissance de la course en 2011. En 2014, Kyle Pietari (19h19m) et Katherine Kulig (22h08m) ont eu l’honneur de triompher.
«De ce qu’on me dit, ce type d’événement risque d’être plus difficile physiquement que le Marathon des sables, dit-elle. Même si l’environnement sera plus plaisant, courir 160 km en si peu de temps est une torture à la fois physique et mentale. Bien sûr, les conditions ne sont pas les mêmes qu’au Maroc, ne seraitce que pour les conditions du terrain et la chaleur, mais effectuer 160 km en moins de 30 heures et sans aucune étape, c’est quelque chose.»
«Tout peut arriver sur une telle distance. Le plus difficile sera de bien gérer mon énergie. Et l’objectif est de le compléter sous la barre des 24 heures», confie-t-elle.
Heureusement pour Carole Fournier, le parcours ne lui est pas inconnu puisqu’elle a pris part à une épreuve de 100 km au même endroit en 2013. Une course qu’elle avait d’ailleurs terminé en 16h38m. Elle s’est grandement améliorée depuis.
«C’est un parcours relativement plat avec juste un peu d’élévation. C’est un sentier de 24 km que tu dois franchir à 12 reprises. Ce n’est pas une course très technique, à part peut-être une section de 1 km plus difficile. Cela dit, ça va être aussi demandant que le Marathon des sables même s’il n’y a pas l’accumulation de la fatigue qu’on retrouve dans une course par étape. Dans un ultramarathon de 160 km, tu n’as pas le temps de te reposer ni de dormir. C’est à peine si tu as le temps de manger», explique-t-elle.
Carole Fournier aura toutefois l’aide de deux accompagnateurs, son conjoint Juan Manuel Toro Lara et Karl Roussel, un ami du couple. Leur rôle, grosso modo, sera de l’encourager et de lui refiler, entre autres, de la nourriture pendant la course. Et, dès la tombée de la nuit, ils l’accompagneront à tour de rôle sur la piste afin de l’aider à garder le rythme. C’est vous dire leur importance.
«Mon entraîneur Ray Zahab m’a bien préparée en me donnant des gros volumes d’entraînement. Bien sûr, c’était plus relaxe quand j’ai entamé ma préparation en juin, mais depuis août, j’ai fait des entraînements d’environ 80 km chaque week-end. L’idée est d’être plus rapide dans la deuxième portion de la course. Il va donc falloir bien gérer les 80 premiers kilomètres, d’être patiente», révèle-telle.
«Nous avons calculé que je devais maintenir une moyenne sous la barre des neuf minutes pour chaque kilomètre et ça comprend le temps où tu dois t’asseoir, manger, aller à la toilette, te faire soigner et changer de vêtements. Par la force des choses, sur une aussi longue distance, tu n’as pas le choix de parfois marcher. Ça reste une course, mais je ne connais personne qui est capable de courir 160 km sans marcher à l’occasion. C’est impossible», lance-t-elle.
«La nutrition sera aussi un élément très important. Et pour ça, nous avons un plan A, qui consiste à calculer les calories ingurgitées. Par contre, après un certain temps, il est possible que mon estomac refuse de garder quoi que ce soit. Selon mon entraîneur, après 80 km je risque carrément de ne plus avoir faim. Mais, tu dois quand même manger. C’est pourquoi il y a un plan B. Dans ce cas, mes accompagnateurs vont me permettre de piger parmi plusieurs aliments variés», ajoute-telle.
Au fil des ans, seulement la moitié des participants sont parvenus à compléter les 160 km…