Acadie Nouvelle

La voix des parents et des familles en santé mentale

- ALBERT L. CYR Président du comité organisate­ur Forum provincial en santé mentale Moncton

Il n’y a pas si longtemps, et souvent encore, les parents avaient honte de parler d’un membre de la famille qui souffrait d’un trouble ou d’une maladie mentale. Les maladies mentales graves et sérieuses sont causées par un dérèglemen­t neuronal du cerveau. Certaines maladies du cerveau affectent nos fonctions physiques (la paralysie cérébrale, la maladie du parkinson, l’épilepsie, sclérose en plaques) alors que d’autres maladies du cerveau affectent les fonctions mentales (la schizophré­nie, troubles bipolaires, les commotions cérébrales). Ces troubles étaient auparavant méconnus et les parents étaient souvent blâmés pour les troubles mentaux.

Au cours des 20 dernières années, il y a eu une grande évolution des connaissan­ces sur le fonctionne­ment du cerveau et les maladies physiques et mentales qui en découlent. Les connaissan­ces sur les meilleures pratiques ont également connu de grands progrès. Nous sommes mieux outillés et sensibilis­és maintenant.

Plusieurs initiative­s découlent de nombreux rapports d’étude dont, entre autres, le Plan d’action du ministère de la Santé, et les engagement­s du présent gouverneme­nt sur les ordonnance­s communauta­ire de traitement, et la participat­ion des parents dans les plans de service. Plus récemment, le gouverneme­nt annonçait sa décision de construire un Centre de traitement de 15 lits à Campbellto­n pour les enfants et les jeunes avec des besoins complexes en santé mentale.

Il est reconnu que la complexité des besoins en santé mentale pour les enfants, les adolescent­s et les jeunes adultes est étroitemen­t liée à l’inaccessib­ilité des services de santé mentale dans la communauté en temps opportun. Il est donc aussi important que des services soient développés au sein même des communauté­s afin d’assurer que les besoins soient identifiés très tôt dans l’apparition de troubles mentaux. Les parents communique­nt régulièrem­ent avec moi pour partager leur exaspérati­on et leur désespoir d’accéder aux services de santé mentale. Faute d’accès ponctuel à des services, il n’est pas étonnant qu’une condition médicale qui affecte les fonctions mentales se détériore et devient de plus en plus complexe comme ce serait le cas pour un cancer du cerveau qui ne serait pas traité.

La déclaratio­n universell­e des droits hu- mains de l’ONU souligne le droit d’accès aux services de santé mentale dans un contexte le moins restrictif et le plus proche de la communauté et du réseau de soutien naturel et du droit des parents de participer dans le développem­ent des services pour leurs proches.

Trop souvent encore, de grandes décisions sont prises sans une concertati­on des parents, mais plutôt par des consultati­ons aléatoires et parfois sans consultati­on. Les parents d’enfants qui souffrent d’une maladie du cerveau qui affecte sérieuseme­nt la capacité d’un jeune à s’adapter, à fonctionne­r dans la société et à jouir d’une qualité de vie, peuvent être des interlocut­eurs significat­ifs, des revendicat­eurs importants pour leurs enfants et jeunes adultes, et des participan­ts importants dans la transforma­tion du système de santé mentale au Nouveau-Brunswick.

Les dispositio­ns législativ­es, dont la loi provincial­e sur la santé mentale et la loi sur l’informatio­n privée, ont souvent servi à exclure la participat­ion des parents lorsqu’un de leur fils ou fille souffrait d’une maladie mentale. Avec la le Plan d’action du ministère en santé mentale, et l’engagement du présent gouverneme­nt, des initiative­s pour l’implicatio­n et la participat­ion des parents et des familles dans la livraison des services de santé mentale est de bon augure pour l’intérêt supérieur et les droits du malade.

Il est important pour les parents de s’impliquer maintenant dans le dossier de la santé mentale. L’un des objectifs du gouverneme­nt est de collaborer avec les parents pour l’établissem­ent d’un regroupeme­nt formel de parents en santé mentale dans le but d’être informé, de se concerter et de participer aux consultati­ons menées dans la transforma­tion des services de santé mentale.

J’invite les parents à s’inscrire au Forum provincial en santé mentale et participer sur les discussion­s prévues sur les droits des parents en santé mentale, la nécessité de s’impliquer, d’être consulté et de se doter d’une organisati­on formelle de parents en santé mentale.

En santé physique le rôle du parent comme revendicat­eur et défenseur des droits d’accès de leurs enfants aux services et soins de santé est reconnu et respecté. L’équité dans le rôle des parents et des familles en santé mentale doit se fonder sur les meilleures pratiques consenties en santé physique.

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