Un conseil des ministres nommé le 4 novembre, annonce Justin Trudeau
La composition du conseil des ministres libéral sera connue le 4 novembre, a annoncé mardi le nouveau premier ministre Justin Trudeau.
Il était jugé nécessaire d’assermenter «le plus rapidement possible» des ministres, a indiqué le chef du Parti libéral du Canada (PLC) lors d’une rencontre avec la presse parlementaire à Ottawa.
«Nous pourrons à ce moment avoir accès à la variété des leviers du pouvoir du gouvernement», a expliqué M. Trudeau à l’Amphithéâtre national de la presse, endroit que boudait le premier ministre sortant Stephen Harper depuis des années.
Un peu plus tôt, lors d’un rassemblement s’étant tenu dans la capitale fédérale, il a lancé un message à ceux qui, au sein de la communauté internationale, ne reconnaissaient plus le Canada.
«Aux amis de ce pays à travers le monde, vous étiez nombreux à vous inquiéter que le Canada avait perdu sa voix empreinte de compassion, sa voix constructive, au cours des dix dernières années», a-t-il exposé.
«Eh bien j’ai un message simple pour vous, de la part de 35 millions de Canadiens: nous sommes de retour», a lâché M. Trudeau, déclenchant un tonnerre d’applaudissements dans la salle d’un hôtel d’Ottawa où des cen- taines de personnes étaient venues célébrer sa retentissante victoire.
Le chef libéral avait commencé sa journée à la station de métro Jarry, à Montréal, où il a serré des mains et s’est prêté au jeu des égoportraits.
Il est débarqué vers 8 h mardi matin dans la station située dans le comté de Papineau, où il a été réélu pour une troisième fois consécutive, lundi soir.
Une fois sur place, il a demandé aux agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et aux photographes de rester un peu à l’écart afin de lui laisser suffisamment d’espace pour aller à la rencontre de ses concitoyens.
Les libéraux de Justin Trudeau ont remporté lundi soir une victoire sans appel à l’issue d’une longue campagne électorale de 78 jours. Ils formeront un gouvernement majoritaire.
Après dix années de purgatoire à Ottawa, le PLC effectue donc un retour en force au gouvernement fédéral.
Le score est époustouflant pour une formation qui n’avait fait élire que 34 députés, dont sept au Québec, à l’élection de 2011.
La composition du prochain cabinet libéral devrait être connue d’ici quelques jours, mais beaucoup d’énergie sera également consacrée à la préparation en vue de sommets internationaux, dont le prochain G20 et la Conférence de Paris sur le climat, qui approchent à grands pas, selon son entourage.
Selon Élections Canada, les libéraux ont 184 candidats élus contre 99 pour le Parti conservateur, qui formera l’opposition officielle et qui devra se trouver un nouveau chef, puisque le premier ministre sortant Stephen Harper cédera sa place.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a seulement 44 députés à travers le Canada, et du côté du Bloc québécois, ce score est de 10. Le chef bloquiste Gilles Duceppe a été défait dans sa circonscription.
Il faudra maintenant voir ce que le premier ministre désigné, fort d’une majorité parlementaire, fera des promesses de réforme qu’il a formulées, souligne Sébastien Grammond, professeur titulaire à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa.
M. Trudeau a entre autres promis une réforme du mode de nomination des sénateurs et des juges à la Cour suprême du Canada et s’est engagé à «faire en sorte que l’élection de 2015 soit la dernière à utiliser notre système uninominal majoritaire à un tour», celui qui lui a donné près de 55 % des sièges avec quelque 39,5 % des voix, selon des résultats provisoires d’Élections Canada.
«Évidemment, tout ça, ce sont des réformes importantes. La seule question, c’est est-ce que le gouvernement, maintenant qu’il a obtenu une majorité, va avoir la motivation pour mener à bien toutes ces réformes-là?», a souligné M. Grammond en entrevue téléphonique.
Un autre pan sur lequel devra plancher le gouvernement Trudeau est celui du droit criminel, estime le professeur.
«Les conservateurs ont fait adopter depuis quatre ans avec leur majorité des projets de loi qui comportent un durcissement des peines (...) et de façon générale, tous sauf les conservateurs s’entendent pour dire que ces mesures n’étaient pas fondées ou nécessaires», a-t-il indiqué.