France: Marine Le Pen est traduite en procès
La leader de l'extrême-droite française, Marine Le Pen, a affronté mardi la justice en lien avec des commentaires faits il y a cinq ans, quand elle avait comparé les prières de rue des musulmans à l'occupation nazie.
Au terme de l'audience, le procureur public a demandé que la cause soit rejetée sur la base de la liberté d'expression. La décision du tribunal est attendue le 15 décembre.
Le Front national de Mme Le Pen est connu pour ses positions anti-immigration et anti-Islam. Elle s'est présentée devant un tribunal de Lyon pour répondre d'accusations de «provocation à la discrimination, à la violence ou à la haine envers un groupe de personnes à raison de leur appartenance à une religion».
«Je suis dans mon droit comme responsable politique d'évoquer un sujet fondamental. C'est même un devoir», a-t-elle lancé.
Elle a ensuite affirmé être victime d'une «véritable persécution judiciaire».
Mme Le Pen, dont la popularité auprès de l'électorat français est en pleine croissance, est passible d'une amende de 45 000 euros et d'une peine d'un an de prison.
Ses commentaires, faits en 2010, critiquaient les musulmans qui sortent prier dans la rue lorsque les mosquées sont pleines. «C'est une occupation du territoire», avait- elle alors lancé.
En France, le terme «occupation» évoque l'administration du territoire français par les Nazis. Mme Le Pen avait été dépouillée de son immunité parlementaire européenne en 2013 en lien avec ces propos.
Des élections régionales sont prévues en France en décembre et certains observateurs croient que Mme Le Pen pourrait ressortir de ce procès encore plus populaire que jamais.
«Je pense que de se présenter en victime comme elle le fait lui sera plus utile que nuisible, a dit à l'Associated Press l'historien Jean Garrigues. On peut voir comment ce thème d'une invasion pourrait être relié à une occupation, ça fonctionne. Ça a une efficacité politique.»
Le politologue Thomas Guénolé croit lui aussi que le procès ne sera pas problèmatique pour la majorité des partisans du Front national qui partagent déjà les positions d'extrême-droite ou très conservatrices du parti. Il craint toutefois l'impact de l'affaire sur les électeurs de gauche que Mme Le Pen essaie de séduire en s'opposant à la politique économique européenne.
«Pour eux, ses commentaires sont très problématiques (...) parce que (ces électeurs) sont franchement antiracistes et hostiles à toute forme de discours haineux», a-t-il expliqué.
Mme Le Pen essaie d'adoucir l'image du parti depuis qu'elle a pris la relève de son père Jean-Marie en 2011.