Une compagnie aérienne «idéologique» pourrait voir le jour à Moncton
Un billet d’avion pour un aller simple de Moncton à Halifax coûte plus de 300 $. Faire le voyage de Moncton à Las Vegas: 277 $. Wayne Fernandes envisage un jour où un Néo-Brunswickois pourrait se rendre, par avion, en Nouvelle-Écosse pour 80 $.
Zing Airlines n'est pas un transporteur aérien, du moins pas encore. C'est une idéologie. Le but ultime de son fondateur ontarien est de créer une nouvelle compagnie d'aviation, basée sur un nouveau modèle, et de l'implanter à Moncton. Pour y arriver, Wayne Fernandes doit amasser 2,5 millions $ afin de franchir les premières étapes.
Une campagne de sociofinancement (bit. ly/zingair) a été lancée il y a environ deux semaines. Une campagne qui doit aider à mener à bien le rêve Zing Airlines. À peine 825 $ ont cependant été amassés depuis le lancement de la campagne. S'il n'atteint pas son objectif de 2,5 millions $, M. Fernandes compte tout de même tenter de faire changer les choses. Faire pression sur les gouvernements afin de changer les politiques quant au transport aérien figure parmi ses intentions.
«Ce que je veux faire, c'est changer la façon dont les gens voyagent dans ce pays. C'est le but. Ce n'est pas nécessaire de créer une compagnie d'aviation. Créer une nouvelle compagnie d'aviation, c'est qu'une solution parmi d'autres» a expliqué à l'Acadie Nouvelle celui qui est ingénieur de formation.
Le contexte de l'industrie du transport aé- rien et sa réglementation n'encourage pas les Canadiens à voir leur pays. Il est souvent moins dispendieux d'aller vers une destination soleil que visiter Vancouver. En fait, voler au Canada est si cher que plusieurs personnes conduisent de l'autre côté de la frontière pour y prendre l'avion.
«À l'exception de Terre-Neuve-etLabrador, j'ai vu toutes les provinces. Combien de Canadiens peuvent dire ça? Pas beaucoup. Mes amis ici, en Ontario, ont été à Las Vegas et en Californie. Ils ne voient pas le Canada. Aujourd'hui, de Toronto à Hawaii, c'est 500 $, mais de Toronto à Vancouver, c'est 600 $ ou 700 $. Ça m'irrite que les gens qui habitent ce pays ne puissent pas le voir!»
Un rapport sénatorial publié en 2012 portant sur le futur du transport aérien au Canada décortique le prix d'un billet. Le prix de base pour le trajet Toronto-Orlando est de 118 $. Les taxes et autres charges du billet font monter le prix à 207,53 $. Le prix de base d'un billet vers la même destination, mais à partir de Buffalo, aux États-Unis, est de 124 $, mais une seule taxe est facturée pour donner le prix final de 144,80 $.
Comparativement à l'Europe, les prix américains demeurent toutefois élevés. Un billet Paris-Rome peut être acheté pour modique somme de 60 $ chez Ryanair. C'est une question de perspective. Plutôt que de créer des revenus en taxant les passagers pour l'utilisation de l'aéroport, on devrait, selon M. Fernandes, mieux les financer afin de réduire le prix des billets et ainsi amener les gens à utiliser davantage les services.
«Partout ailleurs dans le monde, le gouvernement perçoit l'aéroport comme quelque chose de bon pour l'économie. Ils construisent un aéroport pour amener des gens à bon prix afin qu'ils puissent venir dépenser de l'argent dans leur région. Au Canada, nous avons un différent système où le gouvernement perçoit l'aéroport comme un générateur de revenus par la taxation», s'exclame-t-il.
Dans sa vision, l'entrepreneur désire baser sa compagnie d'aviation à l'Aéroport international du Grand Moncton, à Dieppe, parce que 1,4 million de personnes habitent à deux heures et demie de la région métropolitaine.
«Il n'y a pas encore de garantie, mais l'intention, c'est de l'établir à Moncton. Moncton est le centre des Maritimes. C'est là où il y a le plus de gens qui vivent à deux heures de route de la ville. Tout va à Moncton!»
Si Zing Airlines réussit à obtenir le financement nécessaire, les premiers CS100 de Bombardier que l'entreprise compte opérer pourraient décoller en 2017. Sinon, Wayne Fernandes poursuivra ses activités de lobbying. Il a d'ailleurs déjà envoyé une lettre au nouveau premier ministre Justin Trudeau.