Saint-Sauveur est prêt à se battre pour sauver son école
La menace de fermeture qui plane au-dessus de l’école La Découverte de Saint-Sauveur inquiète les parents d’élèves. Tous veulent croire qu’elle ne sera pas mise en application. Ils ont plaidé leur cause, jeudi soir, auprès du Conseil d’éducation du District francophone nord-est dont l’avenir de l’établissement dépend.
L’enfant de Nancy Chiasson fréquente l’école de Saint-Sauveur. Elle est satisfaite de l’enseignement qu’il reçoit. L’école La Découverte compte 23 élèves. Les enseignants ont le temps et les moyens d’accompagner chacun d’entre eux.
«Nos jeunes reçoivent toute l’attention dont ils ont besoin. Ils sont stimulés. C’est comme leur donner un suivi personnalisé. C’est parfait», s’enthousiasme la mère de famille.
L’idée que l’école puisse fermer lui est impensable. Pourtant, à la demande du ministère, le Conseil d’éducation du District francophone Nord-Est (CÉD) étudie en ce moment la viabilité de cinq établissements scolaires, dont celui de Saint-Sauveur.
Ses membres étaient sur place jeudi soir. Face à eux, des parents d’élèves ont expliqué pourquoi, selon eux, l’école La Découverte doit rester ouverte.
«Notre école est l’une des plus récentes du district (elle a été bâtie en 1986). Elle est en parfait état et sécuritaire. Les locaux sont comme neufs et aux normes», souligne Guy Lanteigne, par ailleurs président du Comité de développement La Découverte (CDLD).
Conscients de la menace de fermeture qui s’annonçait, des parents d’élèves ont créé ce comité en avril. Dans le cadre de son processus d’étude, le CÉD doit tenir compte de plusieurs critères, dont celui du taux d’inscription.
L’établissement de Saint-Sauveur a été conçu pour accueillir 165 étudiants, son effectif dépasse tout juste la vingtaine. Aux yeux de Guy Lanteigne, cette donnée n’a aucune valeur.
«Notre taux d’inscription est en baisse, reconnaît-il. Mais c’est le cas partout ailleurs dans la province. La diminution du nombre d’élèves n’est pas propre à SaintSauveur, c’est la conséquence de la récession démographique au Nouveau-Brunswick.»
Les membres du CDLD tiennent à mettre en avant le faible poids financier de l’école qui ne représente que 0,5 % du budget d’exploitation du district.
«Le statu quo est le seul choix logique qui s’impose. La fermeture serait un signe d’acharnement contre notre communauté. Sans école, pas de nouvelles familles qui viennent s’installer à Saint-Sauveur. Sans nouvelles familles, pas de développement économique. Et sans développement économique, pas de nouvelles familles et donc pas d’école. C’est un cercle vicieux», analyse Dany Comeau, parent de deux jeunes élèves.
Lui et la quinzaine de citoyens présents jeudi soir ne se battent pas seulement au nom de l’éducation de leurs enfants. À SaintSauveur, l’école est un lieu de rassemblement, «le coeur de la communauté», décrit Réginald Duguay.
«Des cours de karaté pour adultes sont offerts le dimanche dans le gymnase. La bibliothèque est celle du village tout entier. On peut louer les lieux pour y célébrer une fête», indique-t-il.
Tous ont hâte de savoir à quoi s’en tenir, bien décidés à se battre si nécessaire pour obtenir gain de cause. Comme ce fut le cas en 1997, où déjà une épée de Damoclès pesait au-dessus de leur tête. Ils déclarent vivre une situation qui n’est pas confortable.
Le CÉD se rend dans les différents sites en suspens. Dans deux semaines, il sera à Bertrand et à Bas-Caraquet. Il se prononcera en janvier et transmettra ses recommandations au ministre de l’Éducation, Serge Rousselle, à qui revient la décision finale.
«Nous sommes dans une démarche de dialogue avec la population. Notre rôle n’est pas évident. Nous aviserons à la majorité. Des lumières se sont allumées ce soir», confiait, à la fin de la réunion, Jean-Guy Rioux, le président du conseil.
Autre mère de famille, Janelle Chiasson a regagné son domicile confiante, jeudi.
«Nos arguments sont solides et convaincants. Le ministère va avoir du mal à justifier la fermeture de l’école de SaintSauveur.»