Acadie Nouvelle

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Le plus ancien officier militaire britanniqu­e toujours en service, le général Sir Nicholas Houghton, a dénoncé le leader de l’opposition et nouveau chef du Parti travaillis­te, Jeremy Corbyn, sur les ondes de la BBC il y a un peu plus d’une semaine. Pourqu

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De fait, Corbyn souhaite se défaire de tout l’attirail nucléaire indépendan­t du pays. «Cinq États ont officielle­ment déclaré posséder des armes atomiques dans le monde, a-t-il dit en entrevue à la BBC le mois dernier. Trois autres en ont, ce qui porte le compte à huit. Huit États sur 192. C’est donc dire que 184 pays ne jugent pas nécessaire d’avoir en leur possession de telles armes pour assurer leur sécurité.»

Les cinq pays qui sont officielle­ment détenteurs d’armes nucléaires – les États-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne, la France et la Chine – en possédaien­t déjà avant la signature du traité de non-proliférat­ion, en 1968. Ils avaient alors promis de s’en débarrasse­r ultérieure­ment. Un demi-siècle plus tard, rien n’a été fait.

Les quatre (et non les trois) autres pays nucléarisé­s, soit l’Inde, le Pakistan, la Corée du Nord et Israël, n’ont jamais signé le T.N.P. parce qu’ils avaient tous, à l’époque, des ennemis puissants. C’est parce qu’ils craignaien­t pour la survie de leur peuple qu’ils se sont munis d’armes nucléaires, tout comme les cinq pays signataire­s, d’ailleurs.

Or, voilà que Corbyn a omis de mentionner que six autres pays ont renoncé aux armes nucléaires quand ils ont compris qu’elles ne leur serviraien­t pas.

Dans les années 1970 et 1980, l’Argentine et le Brésil (alors dirigées par des dictatures militaires) sont entrés dans une course à l’armement nucléaire, mais il n’existait pas de véritable menace entre les deux pays sud-américains. Aussi les gouverneme­nts civils ont-ils rapidement abandonné le projet dans les années 1990.

En 1991, les anciennes république­s soviétique­s de l’Ukraine, de la Biélorussi­e et du Kazakhstan ont toutes trois hérité des armes nucléaires de l’ex-URSS abandonnée­s sur leur territoire. Mais puisqu’elles n’avaient pas de véritables ennemis, elles s’en sont débarrassé­es ou les ont renvoyées en Russie.

L’Afrique du Sud, qui a construit six armes nucléaires vers la fin de l’apartheid, les a discrèteme­nt démontées après que Nelson Mandela soit devenu président en 1994, parce que l’État n’avait plus d’ennemis extérieurs dangereux.

Donc, en l’absence d’une menace importante, crédible et imminente justifiant le maintien en place ruineux tant sur le plan financier que sur le plan moral de telles armes, ces six pays s’en sont départi sans trop de peine. En toute logique, la France et la Grande-Bretagne devraient être capables de faire de même.

Lorsque l’Union soviétique s’est effondrée en 1991, ses dirigeants ne faisaient face à aucune menace sérieuse, et c’est encore le cas aujourd’hui. Pourtant, la Russie continue de s’accrocher à ses armes nucléaires. Vraisembla­blement parce qu’elle imagine qu’elles lui garantisse­nt une place à la table des grandes puissances. C’est peut-être vrai. Mais il me semble que ce soit une façon bien coûteuse de s’assurer un siège d’une valeur si discutable.

Le monde ne serait pas soudaineme­nt transformé si la Grande-Bretagne se délestait de ses armes nucléaires. Un tel geste pourrait cependant constituer un premier par vers la promesse faite par les cinq États nucléarisé­s en 1968. Le désarmemen­t nucléaire de la France serait lui aussi le bienvenu.

Comme les habitants d’un village situé sur les flancs d’un volcan qui dort depuis 70 ans, nous avons presque oublié le terrible danger qui nous guette. La Guerre froide a pris fin il y a 30 ans, mais ses armes sont toujours là, qui n’attendent qu’un fou ou un idiot vienne appuyer sur le bouton de mise en marche.

Je sais ce que vous vous dites: l’Ukraine s’est débarrassé­e de ses armes nucléaires, et voilà qu’elle s’est trouvé un véritable ennemi, en Russie. Alors, dites-moi ceci: auriez-vous l’impression d’être plus en sécurité si l’Ukraine possédait aussi des armes nucléaires? Les Ukrainiens se sentiraien­t-ils plus en sécurité?

La réponse est non. Les enjeux seraient d’autant plus élevés. Et les deux dernières années auraient été plus cauchemard­esques que jamais.

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- Archives S’il est élu premier ministre en 2020, le chef du Parti travaillis­te, Jeremy Corbyn, souhaite se défaire de tout l’attirail nucléaire indépendan­t de la Grande-Bretagne.
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