Une fantastique histoire de coeur
Les organes auraient-ils une mémoire? Oeuvre sensible frôlant le fantastique, Le coeur de Madame Sabali, de Ryan McKenna, explore de façon poétique cette question de transmission.
Actrice au profil atypique qui a tenu des rôles dans des oeuvres souvent hors norme (Le polygraphe, Cadavres, Continental, un film sans fusil, Babine), Marie Brassard incarne Jeannette, une femme souffrant de problèmes cardiaques, dans le film Le coeur de
Madame Sabali. Celle qui présente cette comédie dramatique au FICFA raconte comment elle a été séduite par cette histoire un peu étrange.
«Le scénario était extrêmement différent, excentrique et poétique et tout de suite, ça m’a plu. C’est un humour très particulier et quand j’ai rencontré Ryan McKenna et Becca Blackwood qui a fait la direction artistique, je les ai aimés tout de suite alors j’ai eu envie de travailler avec eux», a exprimé l’actrice aussi auteure et metteure en scène.
Le coeur de Madame Sabali raconte l’histoire de Jeannette qui est en attente d’une greffe de coeur. Elle a une vie tranquille, elle travaille dans une gare et elle ne sait plus quoi faire de son amoureux qui ne la désire plus. Elle reçoit enfin l’appel de l’hôpital lui annonçant qu’elle aura un nouveau coeur. C’est celui d’une Malienne qui a été assassinée. Dans ses rêves, elle revivra un peu les événements dramatiques de sa donneuse. Elle fera la connaissance de la famille de Sabali et de son fils qui voit en elle sa mère décédée. Plusieurs sujets sont abordés dans ce film qui a été couronné du Prix Focus du meilleur long métrage canadien au Festival du nouveau cinéma. Les couleurs éclatantes, les costumes impossibles et la mise en scène un peu surréaliste en font une oeuvre singulière. Le réalisateur n’a pas choisi l’approche réaliste, optant plutôt pour les nuances, l’humour pince-sans-rire et un jeu tout en retenue.
«C’était un choix parce qu’il y avait un humour qui était tellement particulier. Avec Ryan McKenna et mes partenaires de jeu, nous avons choisi un jeu très économique, simple et retenu», a poursuivi Marie Brassard qui est touchée par l’intelligence de réalisateurs qui repoussent les frontières de l’art.
D’ailleurs, elle a collaboré pendant 15 ans avec le célèbre dramaturge, metteur en scène et cinéaste Robert Lepage. Elle rappelle que le cinéma exige une grande complicité avec l’équipe de tournage.
«Au cinéma pour moi, encore plus qu’au théâtre, on doit essayer de traduire ce que le réalisateur veut exprimer. Au bout du compte quand on est acteur au cinéma, on est très peu responsable du résultat, on dépend de beaucoup de choses comme de la lumière, du montage, alors on essaie de donner au réalisateur le matériel dont il va avoir besoin pour faire le film, d’où l’importance de travailler avec des réalisateurs qu’on admire», a poursuivi l’actrice qui a beaucoup aimé jouer dans ce film. «C’était très amusant et émouvant à faire.»
N’aspirant pas au vedettariat, Marie Brassard, qui s’est toujours tenue un peu éloignée des projecteurs, a incarné un éventail de personnages variés au cours de sa carrière.
«C’est une chance. Je n’ai pas un casting particulier, alors souvent on me propose des rôles très différents de l’un à l’autre. Je suis moi-même une personne assez excentrique et donc peut-être que ça inspire ça.»
Au théâtre, elle a joué souvent dans des spectacles solos qu’elle a écrits et mis en scène. L’actrice vient de reprendre son spectacle
Peepshow avec la comédienne Monia Chokri. Le réalisateur Ryan McKenna est natif de Saint-Boniface au Manitoba. Le coeur de
Madame Sabali met en vedette aussi le magnifique duo musical malien Amadou et Mariam. Le film est présenté lundi, à 19 h, au Cinéplex de Dieppe.