Voies de fait contre une infirmière: la cour laisse tomber les accusations portées contre une schizophrène
Lorette Ouellet a tout de même passé une nuit en cellule, vêtue de sa jaquette d’hôpital
Une femme atteinte de schizophrénie aiguë accusée de voie de fait contre une infirmière de l’Hôpital de Moncton voit l’accusation qui pesait contre elle rejetée par le juge. Paul Ouellet affirme que sa soeur, Lorette, est victime de représailles pour avoir dénoncé publiquement une situation de négligence des autorités médicales.
La décision a été rendue lundi matin au Palais de justice de Moncton. Paul Ouellet est soulagé, mais s’explique toujours mal comment sa soeur a pu être traînée en prison et y passer la nuit alors qu’elle recevait des soins à l’aile psychiatrique de l’Hôpital de Moncton.
C’est une avocate en droit criminel et droit de la famille, Johanne-Marguerite Landry, qui a accepté de représenter Lorette Ouellet de manière pro bono (bénévolement).
Après avoir consulté l’avocat de la couronne, les deux partis ont déterminé qu’il n’y avait pas assez d’éléments de preuve au dossier pour prouver les accusations.
La couronne ne s’est pas opposée à la demande de la défense de rejeter l’accusation qui pesait contre la dame. L’histoire remonte au 4 février. Lorette Ouellet, qui était alors hospitalisée, a ignoré l’ordre de l’infirmière Tonya Savoy en voulant retourner à sa chambre. Cette dernière a agrippé solidement Mme Ouellet par le bras. La patiente a alors cherché à se déprendre de l’emprise de l’infirmière.
Une policière de la GRC s’est par la suite présentée à la chambre de Lorette Ouellet pour l’arrêter, sous prétexte qu’elle aurait agressé physiquement l’infirmière.
Mme Ouellet a passé la nuit en prison vêtue de sa jaquette d’hôpital, avant de comparaître en cour le lendemain matin pour établir une date de plaidoyer.
Une semaine avant cet incident, son plus proche parent, Paul Ouellet, avait publiquement accusé Horizon de négligence à l’endroit de sa soeur.
M. Ouellet avait raconté à l’Acadie Nouvelle qu’il avait retrouvé sa soeur grelottante et souillée d’excréments humains une semaine après qu’elle eu reçu son congé de l’Hôpital de Moncton. Elle était encore vêtue de sa jaquette d’hôpital.
Johanne-Marguerite Landry a déjà rencontré ce genre de situation au cours de sa carrière.
«Je ne peux pas dire que ça arrive souvent, mais malheureusement, c’est le genre de situation qui arrive. C’est un problème autant pour la personne malade que le personnel hospitalier. […] Aller en cour, ça brasse l’intérieur des gens. Ajoutez à ça un problème de santé mentale qui taxe la famille depuis longtemps, ce n’est pas facile.»
L’avocate dit avoir senti la détresse dans la voix de Paul Ouellet au cours de leurs discussions. Elle se dit incapable de déterminer le problème à l’origine de cette situation, faute d’éléments de preuve suffisants.
«Il faudrait demander (au réseau de santé Horizon) quel est le plan d’intervention des employés de l’hôpital, voir comment ils sont formés pour gérer ces situations-là. Je suis certaine que le personnel hospitalier reçoit des formations pour ça.»
Horizon estime que le processus général observé par les intervenants en santé mentale lorsqu’un patient s’agite, et s’il est habituel de solliciter l’intervention d’agents de la GRC dans un tel cas, «relève de la confidentialité du dossier de tous ses patients».
Il s’agit pourtant d’un protocole, une information indépendante d’un dossier d’un patient.
L’Acadie Nouvelle a déposé une demande d’accès à l’information en vertu de la Loi sur le droit à l’information et la protection de la vie privée.
Paul Ouellet ne compte pas en rester là avec cette affaire. Une fois qu’il aura terminé les préparations pour trouver un lieu de résidence à sa soeur, il entend entreprendre les démarches nécessaires pour s’assurer que plus personne n’ait à vivre une situation pareille.
«Je n’ai malheureusement pas le temps ni l’énergie pour entamer les démarches tout de suite, que ce soit de contacter l’ombudsman de la province ou la Commission des droits de la personne du Nouveau-Brunswick. Quand je serai prêt à attaquer ce dossier-là, soyez certain qu’on ira jusqu’au bout.»
Horizon a refusé d’émettre tout commentaire quant au rejet de l’accusation portée contre Lorette Ouellet.
Voilà plus de deux semaines que l’Acadie Nouvelle tente d’obtenir de l’information de la part d’Horizon quant à son protocole de gestion de crise de ses patients en santé mentale, mais le réseau de santé publique refuse de le dévoiler.