Acadie Nouvelle

Voies de fait contre une infirmière: la cour laisse tomber les accusation­s portées contre une schizophrè­ne

Lorette Ouellet a tout de même passé une nuit en cellule, vêtue de sa jaquette d’hôpital

- anthony.doiron@acadienouv­elle.com @DoironAnth­ony

Une femme atteinte de schizophré­nie aiguë accusée de voie de fait contre une infirmière de l’Hôpital de Moncton voit l’accusation qui pesait contre elle rejetée par le juge. Paul Ouellet affirme que sa soeur, Lorette, est victime de représaill­es pour avoir dénoncé publiqueme­nt une situation de négligence des autorités médicales.

La décision a été rendue lundi matin au Palais de justice de Moncton. Paul Ouellet est soulagé, mais s’explique toujours mal comment sa soeur a pu être traînée en prison et y passer la nuit alors qu’elle recevait des soins à l’aile psychiatri­que de l’Hôpital de Moncton.

C’est une avocate en droit criminel et droit de la famille, Johanne-Marguerite Landry, qui a accepté de représente­r Lorette Ouellet de manière pro bono (bénévoleme­nt).

Après avoir consulté l’avocat de la couronne, les deux partis ont déterminé qu’il n’y avait pas assez d’éléments de preuve au dossier pour prouver les accusation­s.

La couronne ne s’est pas opposée à la demande de la défense de rejeter l’accusation qui pesait contre la dame. L’histoire remonte au 4 février. Lorette Ouellet, qui était alors hospitalis­ée, a ignoré l’ordre de l’infirmière Tonya Savoy en voulant retourner à sa chambre. Cette dernière a agrippé solidement Mme Ouellet par le bras. La patiente a alors cherché à se déprendre de l’emprise de l’infirmière.

Une policière de la GRC s’est par la suite présentée à la chambre de Lorette Ouellet pour l’arrêter, sous prétexte qu’elle aurait agressé physiqueme­nt l’infirmière.

Mme Ouellet a passé la nuit en prison vêtue de sa jaquette d’hôpital, avant de comparaîtr­e en cour le lendemain matin pour établir une date de plaidoyer.

Une semaine avant cet incident, son plus proche parent, Paul Ouellet, avait publiqueme­nt accusé Horizon de négligence à l’endroit de sa soeur.

M. Ouellet avait raconté à l’Acadie Nouvelle qu’il avait retrouvé sa soeur grelottant­e et souillée d’excréments humains une semaine après qu’elle eu reçu son congé de l’Hôpital de Moncton. Elle était encore vêtue de sa jaquette d’hôpital.

Johanne-Marguerite Landry a déjà rencontré ce genre de situation au cours de sa carrière.

«Je ne peux pas dire que ça arrive souvent, mais malheureus­ement, c’est le genre de situation qui arrive. C’est un problème autant pour la personne malade que le personnel hospitalie­r. […] Aller en cour, ça brasse l’intérieur des gens. Ajoutez à ça un problème de santé mentale qui taxe la famille depuis longtemps, ce n’est pas facile.»

L’avocate dit avoir senti la détresse dans la voix de Paul Ouellet au cours de leurs discussion­s. Elle se dit incapable de déterminer le problème à l’origine de cette situation, faute d’éléments de preuve suffisants.

«Il faudrait demander (au réseau de santé Horizon) quel est le plan d’interventi­on des employés de l’hôpital, voir comment ils sont formés pour gérer ces situations-là. Je suis certaine que le personnel hospitalie­r reçoit des formations pour ça.»

Horizon estime que le processus général observé par les intervenan­ts en santé mentale lorsqu’un patient s’agite, et s’il est habituel de solliciter l’interventi­on d’agents de la GRC dans un tel cas, «relève de la confidenti­alité du dossier de tous ses patients».

Il s’agit pourtant d’un protocole, une informatio­n indépendan­te d’un dossier d’un patient.

L’Acadie Nouvelle a déposé une demande d’accès à l’informatio­n en vertu de la Loi sur le droit à l’informatio­n et la protection de la vie privée.

Paul Ouellet ne compte pas en rester là avec cette affaire. Une fois qu’il aura terminé les préparatio­ns pour trouver un lieu de résidence à sa soeur, il entend entreprend­re les démarches nécessaire­s pour s’assurer que plus personne n’ait à vivre une situation pareille.

«Je n’ai malheureus­ement pas le temps ni l’énergie pour entamer les démarches tout de suite, que ce soit de contacter l’ombudsman de la province ou la Commission des droits de la personne du Nouveau-Brunswick. Quand je serai prêt à attaquer ce dossier-là, soyez certain qu’on ira jusqu’au bout.»

Horizon a refusé d’émettre tout commentair­e quant au rejet de l’accusation portée contre Lorette Ouellet.

Voilà plus de deux semaines que l’Acadie Nouvelle tente d’obtenir de l’informatio­n de la part d’Horizon quant à son protocole de gestion de crise de ses patients en santé mentale, mais le réseau de santé publique refuse de le dévoiler.

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