Acadie Nouvelle

UNE EXPÉRIENCE QUI FAIT RÉFLÉCHIR

- Vincent.pichard@acadienouv­elle.com

Tous les résidants de la Péninsule acadienne – à quelques exceptions près – ont été privés d’électricit­é plusieurs jours durant. Pour certains, cela fut difficile; d’autres se sont résignés. Dans tous les cas, l’expérience les a fait réfléchir. Chacun en tire des leçons.

Devant leur maison à Évangéline. Sylvie et Pierre Power ont apposé un panneau de bois sur laquelle deux coeurs rouges entourent le message suivant: «Merci à vous tous et monteurs de lignes».

«Je l’ai faite la semaine dernière, à la noirceur, éclairée à la chandelle. On n’avait pas encore récupéré l’électricit­é, mais j’avais envie de rendre hommage à tous ceux qui nous ont aidés ou qui ont travaillé fort pour nous. Ma pancarte n’est pas assez grande pour leur exprimer toute ma gratitude», raconte-telle.

Interrogés dimanche matin dans leur salon à nouveau électrifié, le mari et la femme ne cachaient pas leur plaisir de retrouver leur confort. Ils sont restés 10 jours et demi sans courant.

«Quand j’ai vu le verglas le premier jour, en particulie­r tous ces poteaux à terre, ça m’a touchée. J’ai eu un sentiment de dévastatio­n. C’était un tel désastre», poursuit Sylvie.

«Je n’y croyais pas, mais j’ai tout de suite compris que ça allait durer», ajoute Pierre.

Pour faire face, le couple Power s’est organisé: achat d’une génératric­e et de jeux de société en guise de détente le soir. De quoi patienter dans des conditions acceptable­s.

Même si la mauvaise expérience est maintenant derrière eux, Sylvie reste marquée. Ses yeux s’embuent quand elle repense à son quotidien d’infortune.

«Le plus dur, c’était le soir. Il faisait tellement noir. C’était comme si quelque chose de lourd s’abattait sur moi.»

Avec le recul, ils se disent que cette crise les a endurcis.

«On était déjà tough, mais là on l’est encore plus. On réalise qu’on a été capable de passer à travers ça et à moindre mal», explique-t-il.

Surtout, ils se sentent prêts à affronter une autre situation catastroph­ique.

«On va prendre nos précaution­s, ranger la génératric­e, les rallonges électrique­s, les chaufferet­tes et le poêle à butane dans le même coin du garage», annonce Sylvie.

Elle et son époux envisagent même d’équiper leur maison d’un poêle à granules.

«Ça pourrait être un bon investisse­ment», conclut-il.

DÉPENDANCE À L’ÉLECTRICIT­É

D’ordinaire, Cyrenus Dugas aborde l’existence avec légèreté et détachemen­t. Domicilié à Inkerman, ce septuagéna­ire a vécu les conséquenc­es des pluies verglaçant­es de la fin janvier de la même façon.

«Ça n’a pas été difficile. Avec ma femme, on a attendu d’être rebranché. Ç’a pris six jours.»

Cyrenus Dugas a pris conscience à quel point nous étions tous devenus dépendants de l’électricit­é de nos jours.

«On ne peut plus s’en passer. Ce n’est pas une bonne ou une mauvaise chose. C’est juste la modernité», analyse-t-il. Le retraité retient une autre vérité. «Ça nous a montré qu’avoir un poêle à bois chez soi, c’était un système efficace. C’est comme ça que les gens vivaient autrefois. À mon avis, il va y en avoir qui vont vouloir en acheter un...»

De son côté, Monica Gosselin a, elle aussi, eu le temps de dresser le bilan de cette crise du verglas.

La semaine dernière, nous nous étions rendus dans son foyer de soins – La Résidence aux mésanges, à Sainte-Rose – pour voir comment les pensionnai­res géraient ce changement inopiné dans leurs habitudes. Depuis, ils ont retrouvé leurs habitudes et leurs téléséries du soir.

La propriétai­re de l’établissem­ent se rend compte des avantages à s’équiper pour parer toute nouvelle malencontr­euse éventualit­é. Elle s’est déjà renseignée sur la somme à débourser pour installer une génératric­e qui rendrait la résidence autonome en cas de panne.

«Cela me coûterait 75 000$. C’est beaucoup d’argent que je ne peux pas me permettre. Il me faudrait l’aide du gouverneme­nt, mais nous autres, les foyers privés, nous ne sommes pas subvention­nés», déplore-t-elle.

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 ??  ?? Pierre et Sylvie Power, d’Évangéline, tiennent à saluer le travail des équipes d’Énergie NB et des bénévoles qui les ont aidés pendant la crise du verglas. Leur panne d’électricit­é a duré 10 jours. - Acadie Nouvelle: Vincent Pichard
Pierre et Sylvie Power, d’Évangéline, tiennent à saluer le travail des équipes d’Énergie NB et des bénévoles qui les ont aidés pendant la crise du verglas. Leur panne d’électricit­é a duré 10 jours. - Acadie Nouvelle: Vincent Pichard
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