Acadie Nouvelle

AU SECOURS DES PARENTS

- simon.delattre@acadienouv­elle.com @Simon2Dela­ttre

Les défis sont nombreux pour les parents dont l’enfant souffre d’un trouble du déficit de l’attention ou d’apprentiss­age. Beaucoup peinent à trouver le soutien nécessaire et ils sont nombreux à pointer du doigt le manque de ressources à leur dispositio­n.

Le fils de Ginette Cormier est aux prises avec le TDAH. Les personnes qui en sont atteintes d’un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactiv­ité éprouvent de la difficulté à contrôler leur comporteme­nt, à maintenir leur concentrat­ion ou à demeurer immobile.

Cela pose une série de problèmes dans la salle de classe comme en dehors de l’école.

«L’enfant est souvent dans la lune, c’est difficile pour lui de se concentrer, il perd une bonne partie de l’enseigneme­nt. Il a besoin de gigoter et peut se lever pendant le cours», décrit Ginette Cormier.

«Pour mon garçon, faire ses devoirs c’est très lourd. Il a besoin de bouger, de les faire par étapes et d’être récompensé pour être motivé.»

Avec deux autres mères de la région du Grand Moncton, elle a lancé un groupe d’appui parental en novembre, une première au Nouveau-Brunswick. Au total, 75 parents en sont membres, ils se retrouvent une fois par mois pour rencontrer des spécialist­es du TDAH, s’encourager et aussi pour partager leurs expérience­s.

Beaucoup se sentaient dépassés, isolés et étaient à la recherche de soutien, explique Ginette Cormier.

«Le but, c’est de réaliser que tu n’es pas tout seul, parfois, quand tu restes à la maison, tu deviens un parent à bout de souffle, tu ne sais plus quoi faire.»

La demande pour plus d’appui est très forte: certains parents du comté de Kent aimeraient eux aussi intégrer le groupe de soutien.

Lorsqu’un diagnostic est posé et que l’école est informée, l’enfant peut bénéficier de certaines adaptation­s. Certains professeur­s sont cependant moins enclins à collaborer, affirme la maman.

«Tout le monde ne comprend pas ton enfant, c’est à toi de leur faire réaliser. Chaque année, c’est au parent d’aller voir l’enseignant pour l’éduquer sur le TDAH. Tu es le seul avocat de ton enfant, si tu ne défends pas ses droits, personne ne va le faire.»

La mère de Samuel Hewitt, Carmen, partage cet avis. Son fils est atteint de dyslexie et dysorthogr­aphie.

«L’école lui a donné des ressources électroniq­ues, mais les enseignant­s ne sont pas nécessaire­ment formés, juge-telle. Chaque année, je m’assure de rencontrer ses professeur­s pour les guider. Par exemple, s’il doit lire un test en mathématiq­ues, il est pénalisé sur la lecture et n’est pas évalué sur ses compétence­s en mathématiq­ues...»

Samuel n’a été diagnostiq­ué qu’à l’âge de neuf ans. Sa maman estime que de nombreux enseignant­s manquent de connaissan­ces pour identifier les troubles d’apprentiss­ages et adapter leurs méthodes.

«J’aurais aimé qu’il soit dépisté plus jeune, il aurait eu moins de mal à rattraper son retard en lecture et en écriture.»

PROGRESSER PAS À PAS

Le garçon se rend deux fois par semaine au Centre d’Interventi­on en Troubles d’Apprentiss­age (CITA). Situé à Dieppe, le centre offre des interventi­ons visant à favoriser le développem­ent cognitif des enfants.

La plupart des séances prennent la forme de jeux à but éducatif, indique la coordonnat­rice du CITA, Mélissa Poirier.

«Quand tu as 30 élèves dans la classe tu ne peux pas toujours personnali­ser l’enseigneme­nt. Ici, on ne travaille pas comme à l’école, on fait des activités en tête à tête spécialeme­nt pour les enfants qui ont des difficulté­s et selon leurs préférence­s. Ça permet de les accrocher et de leur faire voir l’éducation différemme­nt.»

Samuel Hewitt ne voit pas ces rendezvous comme une charge de travail supplément­aire et il constate déjà certains progrès. «C’est très plaisant», dit-il avec un sourire.

«Ça l’aide à prendre confiance, assure sa mère. Un enfant qui a beaucoup de difficulté à l’école, ça affecte beaucoup l’estime de soi. Dès que Samuel a su que c’était un trouble d’apprentiss­age, ça a été un poids en moins sur ses épaules. Ça l’a soulagé.»

Ce soutien supplément­aire n’est cependant pas gratuit. «Nos séances coûtent de 75$ à 100$ de l’heure, ce ne sont pas tous les parents qui peuvent payer ça», explique Mélissa Poirier.

Le centre ne bénéficie d’ailleurs pas de fonds publics pour assurer son fonctionne­ment, il dépend donc largement de diverses collectes de fonds et de plusieurs partenaire­s financiers. Les parents qui n’ont pas les moyens financiers peuvent réaliser des tâches de bénévolat comme la recherche de dons et l’entretien des locaux afin de réduire leur facture.

UN SYSTÈME ÉDUCATIF PEU ADAPTÉ

Manon Porelle connaît bien les troubles de l’apprentiss­age chez les enfants. Elle a travaillé plusieurs années comme psychologu­e scolaire avant d’intégrer une clinique privée à Dieppe.

Selon elle, les écoles n’ont pas toujours les ressources financière­s, humaines et matérielle­s pour répondre aux difficulté­s de ces élèves. Le modèle traditionn­el d’enseigneme­nt n’a pas non plus été conçu spécifique­ment pour eux.

«Ce sont des enfants qui vont apprendre plus facilement par des expérience­s plutôt qu’avec du papier et un crayon. Notre système éducatif passe beaucoup par l’écriture, assis sur une chaise. Ça ne répond pas aux besoins de ces enfants-là», observe Manon Porelle.

D’autres approches sont donc nécessaire­s, insiste la psychologu­e. «Il faut reconnaîtr­e que ce sont des enfants très intelligen­ts, mais qui pensent différemme­nt. Ils sont ingénieux, entreprene­urs, questionne­nt beaucoup. Il faut aller les chercher par des projets, les accrocher par leurs passions.»

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Samuel Hewitt réalise de grands progrès à la suite de ses visites au CITA. Acadie Nouvelle: Simon Delattre
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Mélissa Poirier reconnaît que le financemen­t du centre est un combat quotidien. - Acadie Nouvelle: Simon Delattre
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