Acadie Nouvelle

Fournir des médicament­s aux clients... même dans le noir

- Béatrice Seymour beatrice.seymour@acadienouv­elle.com

Durant la crise du verglas, des pharmacies, privées elles aussi d’électricit­é, ont tout de même pu assister les clients en manque de médicament­s... même dans le noir.

La pharmacie Jean Coutu, située sur la rue Principale à Tracadie, a fermé au plus fort de la tempête, le mercredi 25 janvier.

Le lendemain, elle a rouvert ses portes, pour parer aux besoins urgents de médicament­s, même si elle n’avait toujours pas de courant. La direction avait pris soin de diffuser des annonces radiophoni­ques pour prévenir les clients.

«Nous avons posté un pharmacien à l’entrée. Les gens devaient apporter leur liste de médicament­s ou boîtes de pilules parce que nous n’avions pas accès à leur dossier. Nous pouvions ainsi les accommoder pour une dizaine de jours et nous prenions en note leurs informatio­ns pour plus tard. Nous étions ouverts strictemen­t pour les médicament­s et les produits essentiels comme du lait, des couches, du pain. Il fallait que ce soit payé comptant et nous donnions les caisses d’eau», raconte Gilles Savoie, le gérant.

La pharmacie s’est équipée d’une génératric­e le vendredi. Ce n’est que trois jours plus tard qu’elle a été rebranchée.

«Nous étions fonctionne­ls à 65% je dirais avec deux postes ouverts au laboratoir­e et une caisse en avant. Entre-temps, nous avions apporté les médicament­s réfrigérés à l’hôpital pour ne pas les perdre, parce qu’ils sont assez dispendieu­x», fait remarquer M. Savoie.

La direction du Shoppers Drug Mart à Shippagan s’est aussi débrouillé­e avec les moyens du bord. Le courant n’a été rétabli qu’au bout de quatre jours.

«Nous avons ouvert le jeudi et le vendredi (26 et 27 janvier) dans la noirceur, avec des lampes de poche accrochées sur la tête. Il y avait du monde avec la larme à l’oeil et d’autres qui sautaient presque de joie parce qu’ils avaient besoin de leur insuline, de leurs médicament­s contre la douleur ou de leurs antibiotiq­ues. Notre horaire était de 13h à 16h pour être à la lumière du jour», relate le pharmacien propriétai­re, Danny Allain.

«J’utilisais mon cellulaire pour accéder aux dossiers, comme nous avons un fichier central au Nouveau-Brunswick depuis le 1er décembre, auquel les médecins et les pharmacien­s ont accès. Il y avait des gens qui arrivaient sans leur contenant de médicament­s, en disant faire affaire avec une autre pharmacie qui était fermée. En allant dans le dossier provincial, je trouvais leurs informatio­ns et nous leur fournissio­ns ce dont ils avaient besoin pour sept jours», explique-t-il.

Un groupe électrogèn­e très puissant leur a permis de reprendre leur horaire habituel le samedi 28 janvier.

Par ailleurs, le personnel du Centre de bénévolat de la Péninsule acadienne s’est démené pour continuer à offrir les soins à domicile aux 200 personnes âgées dont il a la responsabi­lité.

«Durant les quatre premiers jours, elles étaient 60% à avoir reçu le service à domicile. Autrement, nous nous sommes assurés que toutes étaient en sécurité et que les enfants les prenaient en charge. Nous avons visité chaque client des repas à domicile également», souligne Léo-Paul Pinet, le directeur général de l’organisme.

«Nous avons eu à déplacer les enfants vulnérable­s dans la région Chaleur et l’équipe de travail faisait le trajet tous les jours. Beaucoup de gens se sont déplacés entre les fils et les poteaux cassés pour donner les services. C’est un effort collectif, qui inclut les bénévoles. Une solidarité s’est créée», reconnaît-il.

Durant plusieurs jours, plus de 20 000 foyers dans la Péninsule acadienne étaient privés d’électricit­é.

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