Acadie Nouvelle

PHARMACIE: LA SANTÉ À DEUX VITESSES

- mathieu.roy-comeau@acadienouv­elle.com @roycomeau

Les pharmacien­s du NouveauBru­nswick craignent de faire partie d’un système de santé à deux vitesses.

Depuis 2014, les pharmacien­s de la province peuvent prescrire certains médicament­s à leurs clients pour traiter une trentaine de problèmes de santé mineurs comme les allergies ou les feux sauvages.

Plus de deux ans après l’adoption de ces changement­s à la Loi sur la pharmacie, ces services ne sont toujours pas couverts par l’Assurance-maladie.

La consultati­on auprès d’un pharmacien, avec ou sans rendez-vous, peut coûter de 22$ à 25$.

Cette lacune du régime public à tout l’air d’un système à deux vitesses, déplore le directeur général de l’Associatio­n des pharmacien­s du Nouveau-Brunswick.

«Ceux qui ont les moyens de payer vont en avant de la ligne. Les autres qui n’ont pas les moyens de payer se retrouvent dans le système de santé. Les salles d’urgence débordent déjà», note Paul Blanchard.

Le Nouveau-Brunswick est l’un des chefs de file au pays en ce qui concerne le pouvoir des pharmacien­s de traiter des problèmes de santé mineurs, affirme M. Blanchard.

Mais quand vient le temps de passer à la caisse, la province fait plutôt figure de cancre.

«Les autres provinces remboursen­t (et) valorisent vraiment le rôle des pharmacien­s en communauté­s. Nous tirons de l’arrière de loin au Nouveau-Brunswick.»

PLUS EFFICACE ET MOINS COÛTEUX

Selon l’Associatio­n des pharmacien­s, le traitement des affections mineures en pharmacie est plus efficace et moins coûteux pour le système de santé. C’est aussi le scénario favori des patients.

«L’expérience en pharmacie est beaucoup plus appréciée que celle d’aller attendre à l’urgence ou dans une clinique», avance Paul Blanchard.

D’après un sondage réalisé pour l’Associatio­n par la firme Abacus Data, un NéoBrunswi­ckois sur deux téléphone à une pharmacie ou s’y déplace avant de voir son médecin de famille pour un problème de santé mineur.

Fredericto­n est au courant de la demande des pharmacien­s, mais fait preuve de peu d’ouverture jusqu’ici.

«Ce n’est pas quelque chose que nous envisageon­s pour l’instant. Ce n’est pas pour dire que ça n’arrivera jamais, mais ce n’est certaineme­nt pas prévu dans un avenir rapproché», indique le ministre de la Santé, Victor Boudreau.

Il ne s’agit pas d’un véritable système à deux vitesses, selon M. Boudreau, puisque d’autres solutions existent toujours pour ceux qui n’ont pas les moyens de payer.

«Les gens peuvent continuer à aller voir leur médecin de famille, leur centre de santé communauta­ire ou les cliniques sans rendez-vous s’ils veulent le faire. Les autres points de service sont toujours là.»

Contrairem­ent à ce qu’affirme l’Associatio­n des pharmacien­s, la consultati­on en pharmacie n’est pas couverte par le régime public de la plupart des provinces, prétend le ministre de la Santé.

Les pharmacien­s espèrent malgré tout être en mesure de traiter davantage de problèmes médicaux à l’avenir.

«Le pharmacien se sent qualifié pour donner un service, mais nous n’avons pas encore le droit de le faire», explique M. Blanchard.

Des discussion­s devront avoir lieu notamment avec le Collège des pharmacien­s et la Société médicale du Nouveau-Brunswick.

Le représenta­nt des pharmacien­s affirme d’ailleurs avoir eu de «bonnes relations avec les médecins» ces dernières années concernant le partage des prérogativ­es médicales.

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Le Nouveau-Brunswick compte 875 pharmacien­s. Quelque 150 travaillen­t en milieu hospitalie­r alors que les autres pratiquent leur profession dans 225 pharmacies aux quatre coins de la province. - Archives
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Le directeur général de l’Associatio­n des pharmacien­s du NouveauBru­nswick, Paul Blanchard. - Archives
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