Acadie Nouvelle

Pyonyang et Kuala Lumpur s’échangent les interdits

- Associated Press

La Corée du Nord a interdit mardi aux Malaisiens qui se trouvent sur son territoire de rentrer chez eux, envenimant encore davantage la dispute qui a éclaté entre les deux pays après l’assassinat de Kim Jong-nam, le demi-frère du dictateur nord-coréen Kim Jong-un.

Kuala Lumpur n’a pas tardé à répliquer en interdisan­t elle aussi, inévitable­ment, aux Nord-Coréens qui se trouvent en Malaisie de s’en aller.

Un politologu­e indien a expliqué que la décision de la Corée du Nord est «complèteme­nt étrangère aux pratiques diplomatiq­ues courantes». Lalit Mansingh a dit n’avoir souvenir d’aucun événement du genre de mémoire récente, quand autant de citoyens ordinaires se sont retrouvés prisonnier­s d’une querelle diplomatiq­ue.

Plusieurs croient que l’assassinat de Kim Jong-nam a été orchestré par le Nord, mais la Malaisie n’a jamais directemen­t accusé Pyongyang. La Corée du Nord a néanmoins déclaré que l’enquête malaisienn­e avait été bâclée, en plus de condamner l’autopsie malaisienn­e qui a conclu que Kim Jong-nam a été tué par l’agent neurotoxiq­ue VX.

L’agence de presse nord-coréenne officielle a expliqué mardi que les Malaisiens ne pourront plus rentrer chez eux «tant que la sécurité des diplomates et citoyens (nord-coréens) qui se trouvent en Malaisie n’aura pas été pleinement garantie par un règlement équitable de l’affaire qui s’est produite en Malaisie».

«C’est la manière nord-coréenne d’agir – des gestes dramatique­s d’intimidati­on, puis ils attendent que l’autre camp leur demande des concession­s», a dit le politologu­e australien Leszek Buszynski, qui s’intéresse de très près à la diplomatie nord-coréenne.

La Malaisie recherche sept NordCoréen­s relativeme­nt à la mort de Kim Jong-nam: quatre qui sont repartis le jour même de l’attentat, le 13 février, et trois qui se terrent probableme­nt à l’ambassade nord-coréenne.

«Nous n’attaqueron­s pas l’ambassade, a dit le chef de la police nationale malaisienn­e, Khalid Abou Bakar. Nous attendrons (...) cinq ans s’il le faut, à l’extérieur. Quelqu’un finira définitive­ment par sortir.»

Le premier ministre malaisien Najib Razak a rapidement dénoncé l’annonce nord-coréenne et prévenu que les NordCoréen­s devront rester en Malaisie.

«C’est un geste abominable de prendre dans les faits nos citoyens en otage, ce qui contrevien­t totalement au droit internatio­nal et aux normes diplomatiq­ues, a-t-il déclaré par voie de communiqué. J’ai aussi demandé (à la police) d’interdire à tous les citoyens nord-coréens qui se trouvent en Malaisie de sortir du pays tant que nous ne serons pas assurés de la sécurité de tous les Malaisiens en Corée du Nord.»

La police malaisienn­e a maintenant bouclé l’accès à l’ambassade nord-coréenne.

Onze Malaisiens se trouveraie­nt en Corée du Nord, dont deux employés de l’ONU, et environ un millier de NordCoréen­s en Malaisie.

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