Acadie Nouvelle

Une première coupe Clarkson pour Kim Deschênes

- Stéphane

Comme tous les mardis matin, elle a enfilé son blouson et elle s’est rendue au travail. L’agente d’immeuble a repris sa routine avec son entrain habituel, malgré la fatigue et quelques ecchymoses. Il fallait vraiment savoir que quelques heures plus tôt, Kim Deschênes venait d’entrer dans la légende.

L’athlète de Saint-Quentin en a remporté des médailles et des championna­ts dans sa belle carrière, mais rien ne se compare à la conquête de la coupe Clarkson par les Canadienne­s de Montréal, dimanche à Ottawa.

L’Acadienne et ses coéquipièr­es ont signé une victoire de 3 à 1 sur l’Inferno de Calgary pour mettre la main sur l’emblème de la Ligue canadienne de hockey féminine.

Pour une formation qui comprend des Olympienne­s comme Caroline Ouellette, Marie-Philippe Poulin, Cathy Chartrand, Charline Labonté ou Julie Chu, il s’agissait d’un premier titre depuis 2012.

C’est donc la première fois que Kim Deschênes soulevait le précieux trophée.

«Ça faisait un bout de temps que les filles attendaien­t ça», explique celle qui en est à sa troisième saison dans le circuit profession­nel.

«C’est une expérience que je n’avais jamais vécue au niveau profession­nel. Ça veut dire beaucoup, parce qu’on essaie de combiner notre travail et notre passion du sport tous les jours, même si ce n’est pas toujours facile», raconte l’attaquante de 25 ans.

«Le fait de mener tout ça de front et de réussir à accomplir des choses incroyable­s, pour moi, ça vaut de l’or. C’est la Coupe Stanley du hockey féminin. C’est le but dont rêvent toutes les jeunes filles.»

Mais tout n’a pas été toujours rose pour elle cette saison.

«Les derniers mois ont été extrêmemen­t difficiles. Ce n’était pas facile d’être concentrée sur la glace, pendant que tes clients reçoivent une visite et que tu n’es pas disponible pour aller ouvrir la porte» souligne-telle.

«J’ai dû gérer du stress supplément­aire que je n’avais pas eu dans le passé. En fin de semaine, j’ai été obligée de déléguer du travail à des collègues et leur demander de m’aider, parce que je n’aurais jamais été capable de me concentrer uniquement sur le hockey.»

Son principal défi, c’est temps.

«J’adore le hockey, mais en même temps, je dois réussir à payer mes comptes à la fin du mois. Cette saison, j’ai eu beaucoup de difficulté­s à gérer mon temps. Certains soirs, j’arrivais à la pratique et j’étais complèteme­nt épuisée», confie Kim Deschênes.

Et comme si ce n’était pas suffisant, la patineuse acadienne a été éprouvée par différente­s blessures cet hiver, rien pour lui faciliter les choses.

«J’ai joué dans le deuxième trio, je me suis retrouvée dans le quatrième et j’ai été dans les gradins à cause d’une commotion cérébrale. Tout le stress et les émotions ont fait que ce fut une année difficile pour moi au niveau hockey. Mais j’ai quand même réussi à m’en sortir.»

Elle avoue cependant avoir pensé à la retraite.

«Oui, j’y ai pensé. Parce qu’à un moment donné, tu veux commencer à vivre ta vie. Tu regardes pour t’acheter une maison ou avoir des enfants», explique-t-elle.

«Je sais que je suis encore capable de jouer, mais je dois trouver une façon de tout gérer en même temps et trouver un équilibre dans tout ça. J’aimerais avoir un animal de compagnie, la gestion du mais c’est impossible, je ne suis jamais là les fins de semaine», poursuit l’ancienne des Carabins de l’Université de Montréal.

«Le hockey est une passion et ça nous amène tellement de belles choses, mais à un certain point, il faut tourner la page. Il faut commencer à penser à l’avenir.»

Sauf que Kim Deschênes n’est pas encore mûre pour la retraite, elle veut continuer de se battre pour les génération­s futures.

«C’est incroyable de savoir qu’il y a des jeunes filles de Saint-Quentin qui croient un jour pouvoir jouer avec cette équipe-là. Et qui sait, peut-être y aura-t-il un jour une équipe dans les Maritimes dans la ligue», avance-t-elle.

«On travaille fort pour ces jeunes filles, pour qu’elles soient rémunérées un jour et pour qu’elles puissent vivre le même rêve que nous.»

L’athlète de Saint-Quentin réalise cependant que la fin approche tranquille­ment.

«On a joué un seul match en fin de semaine et lundi matin j’avais mal partout. J’avais des bleus partout sur le corps après avoir reçu des coups ou des rondelles. Oui, on est jeunes, mais on a des limites», ajoute Kim Deschênes.

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