Acadie Nouvelle

LES JOUEURS COMPULSIFS NE SONT PAS CEUX QU’ON CROIT

- Anthony Doiron anthony.doiron@acadienouv­elle.com

Les joueurs compulsifs hésitent souvent trop longtemps avant d’aller chercher de l’aide. Une fois au bord du précipice, bon nombre d’entre eux se résignent à cogner à la porte du Centre de ressources et de crises familiales Beauséjour de Shediac.

Kristal LeBlanc, directrice générale, connaît la chanson.

Une dame en pleurs frappe à la porte avec en main une facture d’électricit­é impayée et une lettre - datée d’il y a un mois -, indiquant que le courant va bientôt lui être coupé. L’intervenan­te tente de la calmer, puis lui remet un petit questionna­ire pour lui permettre d’identifier son problème.

Bien que «problème de jeu compulsif» figure dans la liste, c’est l’option «problèmes financiers» qui sera cochée dans 95% des cas. C’est alors que commence le casse-tête.

Les gens aux prises avec des problèmes de jeu reconnaiss­ent rarement être atteints d’un trouble compulsif.

«Ils vont tenter de cacher ça et de se mentir à eux-même. C’est une question d’éducation, mais il y a une partie importante de honte. C’est important de reconnaîtr­e que les problèmes financiers sont un symptôme de la maladie.»

Certains vont tenter d’abuser de la bonté des services d’aide du Centre de ressources et de crises familiales Beauséjour. C’est la dépendance qui les pousse à agir de la sorte.

«Il y en a qui attendent à la dernière minute parce qu’ils pensent qu’on va paniquer avec eux et qu’on va automatiqu­ement leur donner de l’argent. Nous voulons régler le problème à la source pour éviter qu’ils reviennent ici dans quelques mois.»

La clef, dit Kristal LeBlanc, est d’avoir une discussion honnête sur les finances de la personne venue chercher de l’aide, ce qui n’est pas toujours facile.

«On va regarder ses finances avec elle et souvent on voit que toutes les dépenses sont normales sauf une sortie d’argent fréquente et inexpliqué­e. Des fois, ils refusent toute explicatio­n. À ce moment-là, je ferme mon livre et je leur dis qu’ils doivent être honnêtes avec moi s’ils veulent de l’aide.»

Quand ils déballent enfin leur sac, le processus de guérison peut alors débuter.

Les raisons qui poussent un individu vers le jeu compulsif sont aussi uniques et multiples que les gens qui traversent les portes du centre d’aide, explique la directrice générale. Une constance peut toutefois être observée: l’ennui.

«Le mari est dans l’Ouest et la femme n’a rien à faire à la maison, alors elle commence à aller jouer. Le jeune n’a rien à faire après le travail alors il va boire et il met de l’argent dans la machine. Ça devient une habitude, une dépendance, comme on peut être dépendant de l’alcool.»

Il faut les aider à se trouver un autre passe-temps, une autre source de satisfacti­on, dit-elle.

«C’est le sentiment de satisfacti­on qu’ils obtiennent en voyant les grosses lettres rouges “You Win!” qui les poussent à revenir. Il faut qu’ils apprennent à trouver satisfacti­on dans une autre activité.»

OUBLIER LA HONTE

L’intervenan­te recommande de mettre une limite sur les cartes bancaires, de mettre la priorité sur le paiement des factures ainsi que de l’épicerie et de parler de ses progrès à un ami. Solliciter l’appui d’un ami ou inscrire au calendrier le nombre de jours passés sans avoir succombé à la tentation peut grandement aider.

«C’est un problème difficile à régler et il ne faut pas avoir honte. La première étape est d’aller chercher de l’aide. Le plus tôt sera le mieux.»

Toute personne aux prises avec des problèmes de dépendance au jeu peut obtenir de l’aide dans les centres de traitement de dépendance­s, ou par l’intermédia­ire du service téléphoniq­ue gratuit et confidenti­el du Nouveau-Brunswick offert 24 heures sur 24 en composant le 1-800-461-1234.

Des ressources sont également offertes aux amis et aux membres de la famille qui s’inquiètent au sujet d’un proche ou d’un être cher qui pourrait avoir un problème de dépendance au jeu.

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- Archives En 2014, le Nouveau-Brunswick a touché 117,5 millions $ du revenu des jeux vidéo et de la loterie traditionn­elle.
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Acadie Nouvelle: Anthony Doiron Kristal LeBlanc, directrice générale du Centre de ressources et de crises familiales Beauséjour de Shediac.

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