Acadie Nouvelle

Le changement de cap d’un ancien joueur de loterie vidéo

- Anthony Doiron anthony.doiron@acadienouv­elle.com

À 34 ans, Jonathan est une personnali­té publique. Il pilote une carrière en plein essor et mène une vie familiale paisible avec sa conjointe et ses deux filles, dans la Péninsule acadienne. Il est également un ancien joueur compulsif. Jonathan est un nom fictif. Même s’il a accepté d’accorder une entrevue, l’Acadien ne parvient pas à se défaire de cette honte qui l’habite toujours, en partie. Il fera son «coming out» éventuelle­ment, mais pas tout de suite, dit-il.

En partageant ce moment sombre de son passé, il souhaite lancer un message d’espoir, comme quoi il est possible de s’en sortir.

Jonathan avait 20 ans lorsqu’il a commencé à jouer régulièrem­ent à la loterie vidéo.

«Tout a commencé au bar l’Osmose à l’Université de Moncton. À l’époque, il y avait des appareils de loterie vidéo. Je jouais avec un ami, on s’encouragea­it l’un l’autre, “juste 10$ chaque”, qu’on se disait.»

Peu après, il a décroché un emploi de barman au centre-ville de Moncton. Il terminait son quart de travail avec plusieurs centaines de dollars en argent comptant: les pourboires de la soirée.

Il a pris l’habitude d’aller en dépenser une partie dans les appareils de loterie vidéo d’un autre établissem­ent.

«C’était beaucoup d’argent, je me disais que j’en aurais encore le lendemain, que même si je mettais un 20$ ou un 60$ ce n’était pas grand-chose, surtout si je gagnais un peu.»

L’OCCASIONNE­L DEVIENT L’HABITUDE

Rapidement, l’occasionne­l est devenu une habitude. Chaque soir, il insérait une centaine de dollars dans la fente de la machine. Parfois, il gagnait, mais le plus souvent, il perdait. Un soir, croyant qu’il pourrait regagner ce que la machine avait englouti, il a pigé dans ses économies pour un voyage.

«J’ai perdu 600$. C’était mon loyer au complet. Ça m’a sonné solidement quand c’est arrivé, mais ça ne m’a pas arrêté. J’ai continué à jouer le lendemain.»

C’est la naissance de sa première fille qui l’a responsabi­lisé.

«Je me suis dit qu’il fallait que j’arrête de faire des niaiseries.»

C’est vers l’âge de 25 ans que Jonathan est parvenu à prendre le contrôle sur sa dépendance, sa vie et ses finances. Il avoue toujours jouer «deux ou trois fois» par année, mais ces excès sont bien derrière lui.

Questionné à savoir s’il aurait aimé qu’un ami lui vienne en aide à son moment le plus sombre, Jonathan avoue qu’il ne l’aurait jamais accepté.

«Je ne réalisais pas que j’avais un problème à ce moment-là. C’est malheureux, mais je sais que j’aurais peut-être viré cette personne-là de bord. Pourtant j’en aurais eu besoin. J’aurais eu besoin qu’un chum me parle, mais personne ne l’a fait non plus.»

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