Le grand retour des requins?
Le MPO veut découvrir si les efforts de préservation portent fruits
Un recensement sur les requins sera effectué cet été au large des Provinces maritimes. Les scientifiques espèrent confirmer des indices préliminaires indiquant que certaines espèces sont en voie de rétablissement.
Plus de 800 000 requins-taupes communs - une espèce que l’on retrouve presque exclusivement dans les eaux des côtes canadiennes - se tenaient au large des Provinces maritimes dans les années 1960. Par le milieu des années 1970, il en restait moins de 200 000.
Les spécialistes du requin du ministère des Pêches et des Océans attribuent le déclin à la surpêche.
Il y a 50 ans, le requin était vu comme une espèce nuisible. Comme son habitat n’était pas protégé par des zones d’exclusivité économiques, des pêcheurs des îles Féroé et du Japon l’ont pêché excessivement.
Les années suivantes, le MPO a entrepris des démarches visant à rétablir la population du requin-taupe commun, aussi nommé «maraîche». Une pêche commerciale surveillée a été ouverte.
En 1994, le fait d’enlever les nageoires des requins a été rendu illégal.
Les efforts ont connu un certain succès dans les années 1980, mais le nombre d’individus est reparti à la baisse dans les années 1990. Les inquiétudes entourant le rétablissement ne cessant de croître, la pêche a été carrément suspendue en 2013.
La décision a cependant posé un nouveau problème. Jusqu’alors, les scientifiques du MPO calculaient la population à partir des prises des pêcheurs de requins. Depuis 2013, ils doivent se fier aux prises accessoires des pêcheurs de thon et d’espadon, ainsi qu’aux observations du public. Si les indications sont positives, elles ne sont pas fiables.
«Les pêcheurs commerciaux disent qu’ils capturent plus de requins-taupes bleus et de requins-taupes communs. C’est toutefois de l’information anecdotique.»
«De plus, nous avons plus de rapports de personnes qui voient de grands requins blancs dans la région de Yarmouth. Mais c’est difficile de dire s’il y en a plus, ou s’il y a simplement plus de personnes avec des téléphones intelligents qui les prennent en photo.»
Cet été, le MPO va effectuer une pêche scientifique avec une ligne pélagique qui permettra d’évaluer la population de requinstaupes avec plus de précision. Un tel examen n’a pas eu lieu depuis 2009.
«Je suis vraiment excitée. C’est à peu près la seule façon d’en avoir le coeur net.»
«Il y avait des indications comme quoi un rétablissement a commencé. Nous avons donc de l’espoir, quoiqu’on ne peut jamais être complètement certain.»
Les résultats de la pêche scientifique seront compilés, analysés et publiés d’ici deux ans.
Mme Bowlby précise qu’un tel exercice est dispendieux, puisque le MPO doit louer des bateaux des pêcheurs de thon et d’espadon afin d’installer la ligne pélagique.
Le requin-taupe vit surtout au large de la Nouvelle-Écosse, mais des individus se rendent fréquemment dans le golfe du SaintLaurent.
«Les requins n’étaient pas sur le radar pendant une longue période. On les voyait comme une nuisance. On ne suivait pas leur population de près», affirme Heather Bowlby, directrice de l’unité des requins du ministère des Pêches et des Océans.