Le vote préférentiel pour de la politique plus conciliatoire
Martin Laplante, Ottawa Cofondateur de 123 Canada
La Commission sur la réforme électorale du Nouveau-Brunswick recommande d’adopter le scrutin préférentiel. C’est une excellente idée.
Le vote préférentiel s’assure que chacun des députés doit avoir l’appui d’au moins 50% de sa communauté pour être élu. Chaque parti reconnaît que c’est un système juste parce chaque parti l’utilise pour choisir son propre chef et généralement pour choisir leurs candidats.
Par contre, certains politiciens craignent que les candidats de leur parti ne puissent pas obtenir l’appui de 50% de leur communauté. Ils ne craignent pas que les autres partis obtiennent plus de sièges avec les mêmes votes, ce qui arriverait avec le scrutin proportionnel, ils craignent que les autres gagnent en obtenant plus de votes, que la majorité des électeurs se trompent.
Certains croient à tort que le parti libéral aurait un avantage, malgré les faits qui disent le contraire. Le scrutin préférentiel a été utilisé pendant des décennies dans des provinces de l’ouest au vingtième siècle, et chaque fois le parti libéral était perdant.
Dans d’autres pays qui l’utilisent ou dans la centaine de pays qui utilisent le scrutin à deux tours comme la France, les partis centristes n’ont jamais dominé comme au Canada. L’erreur que font certains opposants au scrutin préférentiel est d’imaginer qu’un parti centriste obtiendrait tous les votes qu’ils obtiennent maintenant plus des votes supplémentaires de deuxième choix. Ce n’est pas ce qui se passe.
Beaucoup des votes qu’ils obtiennent maintenant sont des votes stratégiques, et dans un scrutin préférentiel ils les perdraient tous au premier tour. S’ils ne sont pas éliminés, ils n’ont accès qu’à une minorité des votes de second choix puisqu’on ne regarde pas les seconds choix des deux candidats les plus forts.
Le débat entre le scrutin proportionnel et le scrutin préférentiel est en fait un débat entre ceux qui croient que seul un parti politique peut les représenter et ceux qui veulent que leur communauté soit représentée soit par un parti ou par un individu. Le proportionnel présume que 100% des votes sont pour le parti, et que seul le premier choix de parti compte. Pour eux, l’objectif d’une élection est de maximiser le nombre de sièges du parti, un objectif identique à celui du parti.
Le préférentiel laisse aux électeurs le choix de se sentir représenté par un parti ou un(e) candidat(e), pourvu d’avoir l’appui de la communauté. Il évite les situations où on est représenté par quelqu’un que la majorité ne veut pas.
Qui représente mieux, quelqu’un qui est là parce qu’on a voté pour son parti ou quelqu’un à qui les électeurs confient leur mandat directement? Est-ce qu’être représenté veut dire que son parti soit représenté? Mais quand on est minoritaire dans chacun des partis politiques, mais souvent majoritaire ou presque dans sa propre communauté, il est mieux d’être représenté par un(e) député(e) qui a le consensus de la communauté que par un parti qui peut obtenir plus de ses votes ailleurs.
Les études démontrent que là où on a changé de notre mode de scrutin actuel à un scrutin préférentiel, le ton est plus positif, on élit beaucoup plus de femmes et de minorités et ce n’est plus l’argent qui décide qui sera élu. Chaque candidat doit tenter de créer un consensus et ce sont les électeurs, pas les chefs de partis après l’élection, qui décident quel consensus ils préfèrent. Le message des petits partis se fait mieux entendre puisque leurs électeurs ont souvent le dernier mot, mais les extrémistes sont exclus. Le vote francophone devient plus important, on ne peut pas obtenir 50% sans eux.
C’est un système qui est parfait pour le Nouveau-Brunswick.