Acadie Nouvelle

Les courses à la direction du NPD et du Parti conservate­ur: un contraste frappant

La première rencontre des candidats du Nouveau Parti démocratiq­ue a mis en évidence la différence marquante entre les débats à la direction des néo-démocrates et ceux des conservate­urs.

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La campagne conservatr­ice présente quatorze candidats sur une estrade bondée et démontre ainsi qu’une abondance de choix ne se traduit pas automatiqu­ement par l’embarras du choix.

Plus de la moitié des candidats à la succession de Harper ne se trouveraie­nt pas dans la course si les membres de ce parti considérai­ent la capacité de bien communique­r dans les deux langues officielle­s comme condition préalable pour diriger un parti fédéral.

Parmi les quatre candidats déclarés du NPD, seul Charles Angus, député de l’Ontario, ne serait pas à l’aise sur le plateau d’une émission de langue française comme Tout le monde en parle (TLMEP) de RadioCanad­a.

Mais Angus parle plus couramment français que la majorité des aspirants à la direction du Parti conservate­ur. Il ne lui faudrait pas des années de pratique pour que ses compétence­s françaises soient à la hauteur.

Quant à Niki Ashton, Peter Julian et Guy Caron, ils sont tous capables de changer du français à l’anglais avec assez de fluidité.

Avant d’être d’avis qu’il n’importe pas si un candidat ne peut pas passer l’examen de

TLMEP au début de sa campagne à la direction, n’oubliez pas que la grande majorité des candidats à la direction du Parti conservate­ur et à la direction du NPD ne sont généraleme­nt pas bien connus au Canada.

Au Québec, la façon la plus rapide d’obtenir une visibilité est d’apparaître dans une émission visionnée par des personnes autres que les mordus de politique.

D’ailleurs, certains des personnage­s qui dominent jusqu’à maintenant la campagne conservatr­ice sont des figures controvers­ées, qui semblent impatiente­s de lutter contre les ministres, contre les maires des grandes villes et même contre le premier ministre Justin Trudeau.

C’est peut-être parce qu’elle perd du terrain depuis le début de l’année que Kellie Leitch met l’accent sur sa propositio­n d’imposer aux immigrants et aux réfugiés un examen sur leurs valeurs personnell­es.

Il y a presque trois semaines, l’ancienne ministre conservatr­ice a annoncé que, sous sa direction, tous ceux qui font une demande d’immigratio­n ou de réfugié se feraienr demander à la frontière s’ils sont prêts à travailler fort au Canada. Pense-telle vraiment que quelqu’un répondrait qu’il ne l’est pas?

Une semaine plus tard, Leitch s’est engagée à éliminer le financemen­t fédéral des transports en commun de toute ville qui s’est officielle­ment déclarée lieu de refuge pour les immigrants sans papiers. Ces villes incluent notamment Toronto et Montréal.

Quant à la personnali­té de téléréalit­é Kevin O’Leary, il a affirmé qu’il s’attaquerai­t aux provinces qui décrètent un moratoire sur le forage de gaz de schiste.

Il réduirait les transferts accordés pour les services sociaux aux provinces comme la Colombie-Britanniqu­e et le Québec du montant qu’elles reçoivent de la taxe sur le carbone.

D’ailleurs, il a déclaré la guerre totale aux premiers ministres de l’Alberta et de l’Ontario.

Il semble que de nombreux membres conservate­urs veuillent un parti fédéral qui luttera jusqu’au bout contre les autres niveaux de gouverneme­nt.

Or, si on a un commentair­e négatif à apporter à la réunion générale du NPD de dimanche, c’est que les candidats ont été trop d’accord les uns avec les autres pour que celle-ci soit qualifiée de débat.

Plus de divergence­s d’opinions sortiront sans doute au fil du temps. Le vote n’aura pas lieu avant l’automne. La question de l’oléoduc a tendance à mettre les néodémocra­tes au pouvoir – ou les aspirants au pouvoir – dans les Prairies en position difficile face aux candidats néo-démocrates qui font campagne en ColombieBr­itannique ou dans l’est du pays, où ils ont l’appui des activistes.

Mais on ne peut pas confondre l’absence de vifs désaccords avec l’absence de bonnes idées.

M. Caron, un économiste, soutient un programme de revenu de base garanti. Certains libéraux aimeraient bien pouvoir en dire autant avant la prochaine élection fédérale.

Ce n’est pas nécessaire­ment le cas pour certains des candidats de premier plan à la direction conservatr­ice.

Quelqu’un sans grandes connaissan­ces en politiques canadienne­s qui suit les deux campagnes à la direction pourrait croire que ce sont les conservate­urs et non pas les néo-démocrates qui sont en pleine traversée du désert depuis si longtemps qu’ils sautent sur tout ce qui brille, même si ce n’est manifestem­ent que de la pyrite.

C’est difficile à dire si un des candidats du NPD ou du Parti conservate­ur pourrait vaincre Trudeau en 2019. Mais selon ce qu’on sait jusqu’à maintenant, c’est possible d’envisager n’importe quel des quatre candidats néo-démocrates à la tête d’un parti uni contre les libéraux dans la prochaine campagne.

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– La Presse canadienne: Justin Tang Guy Caron, Charlie Angus, Niki Ashton et Peter Julian, au débat du NPD de dimanche, à Ottawa.
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