EN MODE SURVIE
Rares sont les spectateurs qui y pensent lorsqu’ils assistent à une séance de cinéma ou qu’ils visionnent un film sur un écran, mais ce qu’ils regardent est le résultat de plusieurs années de travail.
À la base, l’idée originale d’un réalisateur. Pour la concrétiser, il se rapproche d’un producteur.
«Le réalisateur nous dépose un synopsis, deux ou trois pages présentant son projet. On le lit, on en discute avec le réalisateur. Après, on décide d’embarquer ou pas», explique Maryse Chapdelaine, coresponsable de la maison Ça tourne productions.
La phase de développement est lancée. Le réalisateur écrit son scénario. Dans le cadre d’une fiction, il imagine la liste des acteurs qui constitueront la distribution; pour un documentaire, il définit les intervenants dont il aura besoin.
De son côté, le producteur établit le budget et démarche les financeurs potentiels, qu’ils soient publics (les instances gouvernementales) ou privés (mécènes, fondations, télévisions…).
«On pense aussi, dès cette étape, à la distribution du film. Ça ne sert à rien d’avoir un bon film s’il n’est pas joué ensuite», poursuit la productrice.
Au Nouveau-Brunswick, Radio-Canada Acadie est un acteur important de l’industrie. Régulièrement, les maisons de production soumettent au télédiffuseur provincial des projets dans l’espoir d’une contribution financière et au bout du compte d’une diffusion.
«On est attentif à la pertinence du sujet, à son potentiel en vue d’une programmation sur le réseau national et au public visé», révèle Richard Simoens.
Pour faire ses choix, le directeur des services français avoue également tenir compte de la grille horaire qu’il gère.
«Il faut de la place sur les ondes pour programmer une série documentaire ou dramatique, sinon...»
Richard Simoens aborde son rôle dans la production d’oeuvres audiovisuelles dans une dimension plus large que celle du simple investisseur. L’implication de Radio-Canada Acadie se fonde sur la base d’un partenariat.
«On s’engage dans les projets, on suit leur avancée allant jusqu’à donner nos conseils si nécessaires, et ce, toujours dans une optique constructive.»
Selon Maryse Chapdelaine, la phase de développement d’un film prend du temps.
«C’est long, ça s’étale souvent sur plusieurs années.»
Vient ensuite la production à proprement parler: tournage, montage et mise sur le marché. Dans ce système, tout le monde est logé à la même enseigne.
«Même le projet du plus talentueux des réalisateurs est passé au crible. On accorde une confiance aveugle à personne. Les financeurs, eux, s’appuient sur le nombre des entrées en salle et ça pose problème parce que les cinémas se désertifient.» Comment expliquer une telle tendance? «Aujourd’hui, les gens consomment de plus en plus les films dans leur salon sur leur écran géant», met en exergue la professionnelle.