Acadie Nouvelle

CANDIDATUR­ES FÉMININES PAYANTES

Les partis politiques qui présentent davantage de femmes dans des circonscri­ptions où elles ont de bonnes chances de l’emporter pourraient gagner gros en 2018.

- Mathieu Roy-Comeau mathieu. roy-comeau@acadienouv­elle.com

Fredericto­n a annoncé mercredi son intention de modifier la formule de financemen­t public des partis pour favoriser ceux qui ont plus de candidates féminines lors des élections provincial­es.

Il s’agit de l’une des recommanda­tions de la Commission sur la réforme électorale qui a présenté son rapport au début du mois.

Le gouverneme­nt du premier ministre Brian Gallant veut cependant aller plus loin que la Commission en rattachant le financemen­t public au nombre de voix exprimées en faveur des candidates au lieu du nombre de candidates seulement.

Les partis politiques se partagent déjà chaque année environ 165 000$ en argent public qui leur sont distribués en fonction du nombre de voix exprimées en leur faveur lors des dernières élections.

Le gouverneme­nt de Brian Gallant propose de changer la formule pour qu’un vote pour une candidate vaille 50% plus dans ce calcul que celui pour un candidat.

Ainsi, les partis ne pourront pas se contenter de présenter davantage de candidates pour profiter au maximum de cet incitatif financier. Ils devront aussi les nommer dans des circonscri­ptions où elles auront de bonnes chances de faire le plein d’appuis électoraux.

«Il reste encore beaucoup à faire pour avoir davantage de femmes dans des postes d’influence, mais il s’agit d’un bon départ pour avoir plus de femmes à l’Assemblée législativ­e», a déclaré M. Gallant.

Le financemen­t public total aux partis politiques, 658 000$ sur quatre ans, demeurera le même. Les partis qui présentero­nt moins de candidates pourraient donc perdre de l’argent par rapport à la formule actuelle.

«Cet incitatif vise les partis politiques qui devront faire plus d’efforts pour recruter plus de femmes. En donnant un incitatif financier, tous les partis vont avoir intérêt à présenter plus de candidates», a dit le premier ministre.

Depuis les dernières élections, seulement 16,3% des 49 députés à l’Assemblée législativ­e sont des femmes pour un total de 8 élues féminines. Durant les élections de 2014, 32,3% des candidats étaient des femmes.

Même s’il estime que le gouverneme­nt devrait en faire encore plus pour atteindre l’égalité des sexes en politique, le Conseil des femmes du Nouveau-Brunswick a salué l’annonce de mercredi.

«Puisque le financemen­t est rattaché au nombre de vote et pas seulement aux nombres de candidates, ça va peut-être mettre fin à l’habitude des partis qui présentent des femmes surtout dans des circonscri­ptions où elles ont peu de chance de gagner et pas suffisamme­nt de ressources», a confié la directrice générale du Conseil, Beth Lyons.

Le chef du Parti vert est également en faveur de la mesure du gouverneme­nt.

«Ce n’est pas suffisant, mais c’est un pas dans la bonne direction. C’est difficile de comprendre que de nos jours l’Assemblée législativ­e ne reflète pas mieux la compositio­n de notre société entre les hommes et les femmes», a commenté David Coon.

La porte-parole du Parti progressis­teconserva­teur en matière d’égalité des femmes a quant à elle dénoncé l’initiative du gouverneme­nt.

«L’argent est donné aux partis politiques après les élections. Il n’y a rien ici qui va vraiment aider les femmes à se lancer en politique. C’est de l’argent que Brian Gallant va envoyer dans les coffres du Parti libéral», a déclaré la députée Dorothy Shephard.

«Je veux aider les femmes à faire le saut dans l’arène politique, mais je ne crois pas que cette politique va avoir cet effet», a-t-elle dit.

En 2014, les libéraux ont présenté 13 candidates contre 14 pour les progressis­tesconserv­ateurs, 19 pour les verts et 15 pour les néo-démocrates.

Le Parti libéral et le Parti progressis­teconserva­teur comptent tous deux quatre élues dans leurs rangs.

Le gouverneme­nt déposera bientôt un projet de loi pour changer la formule de financemen­t public des partis. La nouvelle formule sera en vigueur à temps pour les prochaines élections en 2018.

Le premier ministre présentera sa réponse officielle à toutes les recommanda­tions de la Commission sur la réforme électorale, jeudi, à Fredericto­n.

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 ??  ?? Le Parti libéral n’a fait élire que quatre femmes lors des dernières élections, dont la ministre Cathy Rogers. - Acadie Nouvelle: Mathieu Roy-Comeau
Le Parti libéral n’a fait élire que quatre femmes lors des dernières élections, dont la ministre Cathy Rogers. - Acadie Nouvelle: Mathieu Roy-Comeau

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