Acadie Nouvelle

Arrêt Jordan: souffrance­s et controvers­es à l’horizon

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L’arrêt des procédures contre le délinquant sexuel John Doe risque de ne pas être le dernier du genre au NouveauBru­nswick, dans la foulée de l’arrêt Jordan. L’Acadie Nouvelle a traité de cet épineux sujet avec deux criminolog­ues. Ces derniers mois, l’arrêt Jordan de la Cour suprême du Canada ébranle les tribunaux canadiens. Des dizaines de criminels et d’accusés ont retrouvé leur liberté grâce à ce nouveau cadre balisant les retards judiciaire­s. On peut se demander combien d’accusés et de criminels néobrunswi­ckois auront droit au même sort que John Doe grâce à cette décision du plus haut tribunal du pays. Pour tout vous dire, on l’ignore. Nous avons demandé des données ce sujet au cabinet du procureur général, mais nos démarches n’ont pas porté leurs fruits. Nous avons aussi demandé une entrevue, ce qui ne s’est pas encore concrétisé. La criminolog­ue Marie-Andrée Pelland, professeur­e à l’Université de Moncton, dit avoir peu de doutes que d’autres arrêts des procédures surviendro­nt plus tôt que tard au NouveauBru­nswick. «À court terme, il y a un certain nombre de procédures pour lesquelles on n’aura pas le choix, il va falloir libérer les personnes qui ont été accusées parce que le délai est déjà dépassé.» En attendant que les tribunaux ajustent le tir et qu’ils mettent en oeuvre des mesures pour réduire les retards – et ainsi mieux répondre à la fois aux besoins des victimes et des accusés – , il faut selon elle s’attendre à ce que d’autres personnes se retrouvent dans les souliers de la fille de John Doe. «Ça va nécessiter une période de transition qui peut être excessivem­ent souffrante pour les victimes qui voient les personnes qui les ont agressées, les accusés, être libérées en raison des délais judiciaire­s», dit Marie-Andrée Pelland. Le criminolog­ue Jean Sauvageau, de l’Université St. Thomas, à Fredericto­n, explique que certaines victimes pourraient avoir beaucoup de difficulté­s à accepter ces décisions. La confiance envers le système de justice risque donc d’en prendre pour son rhume. «C’est sûr que pour les victimes, pour leurs familles et leurs parents, c’est hyper frustrant. Je ne peux pas imaginer comment ils se sentent à la suite de cette décision-là. Tout ce temps-là en cour pour le trouver coupable, puis pour le condamner à une peine. Et là, on se fait dire “non, c’est fini”.» - PRN

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