Peu d’enthousiasme au Nouveau-Brunswick
S’il ne provoque pas une forte opposition, le deuxième budget du gouvernement Trudeau ne répond pas à toutes les attentes au Nouveau-Brunswick.
Le budget présenté par Bill Morneau ne touche pas au taux d’imposition des entreprises ni à l’impôt sur les gains en capital.
Le président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du N.-B aurait souhaité qu’Ottawa revoie à la hausse les impôts des grandes entreprises.
«Les grandes entreprises ont la vie facile tandis que les plus petites sont celles qui vont vraiment payer, ce n’est pas juste, estime Patrick Colford. De nombreux petits commerces luttent pour rester ouverts pendant que des multinationales font des milliards de dollars.»
Le syndicaliste juge que certains points ont été délaissés par le gouvernement Trudeau.
«Il n’a pas été question des retraités, de Poste Canada ni de Phénix, dit-il. Il aurait fallu investir dans le système de paie public pour régler le problème.»
Le programme fédéral de prestations parentales sera assoupli: les parents pourront toucher des prestations pendant 18 mois au de 12, en acceptant de recevoir 33% du salaire hebdomadaire plutôt que 55%.
«C’est décevant, ça semble être une amélioration, mais c’est le même montant étiré plus longtemps, ça ne va pas assez loin», note Patrick Colford.
L’ajout de 11,2 milliards $ sur une période de 11 ans pour la construction et la rénovation de logements abordables est bien reçu.
Jean-Claude Basque, coordinateur du Front commun pour la justice sociale, salue ces fonds supplémentaires, mais se demande comment et quand le Nouveau-Brunswick en bénéficiera.
«6000 personnes sont dans l’attente d’un logement social. Il y a un besoin dans la province, c’est une bonne façon de réduire la pauvreté.»
Jean-Claude Basque reste toutefois sur sa faim. Il attendait que le budget comporte des transferts fédéraux plus importants pour l’aide sociale.
«Le gouvernement fédéral ne semble pas vouloir aider les provinces à augmenter l’aide sociale, c’est décevant», lance-t-il.
Il aurait également voulu qu’Ottawa fixe le salaire minimum fédéral à 15$ de l’heure.
De son côté, la ministre des Finances du Nouveau-Brunswick se félicite de l’orientation du gouvernement Trudeau.
«Je suis ravie de ce que je vois, les priorités du gouvernement fédéral correspondent très bien avec celles du Nouveau-Brunswick», déclare Cathy Rogers.
Elle souligne la priorité donnée à l’innovation, au développement des compétences aux infrastructures et aux mesures annoncées pour aider les nouveaux arrivants à s’intégrer au marché du travail.
Elle se réjouit de la décision d’Ottawa d’investir 7 milliards $ sur 10 ans dans les services de garde.
«C’est une priorité pour nous, nous devons faire le maximum pour aider les familles à travailler, en particulièrement les familles monoparentales.»
LES ENTREPRISES SOULAGÉES
Le directeur des affaires provinciales de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante trouve des motifs de satisfaction dans le budget 2017-2018.
«Nous sommes heureux que les rumeurs concernant une possible hausse de l’imposition des gains en capital ou des revenus des PME ne se soient pas concrétisées, indique Louis-Philippe Gauthier. Cela étant, il n’est pas rassurant de savoir que plusieurs mesures fiscales clés pour les PME feront l’objet d’une révision en profondeur.»
Gauthier salue la décision d’autoriser les entreprises de moins de 50 employés à soumettre leurs formulaires T4 par voie électronique et applaudit les initiatives facilitant l’embauche de travailleurs étrangers temporaires.
Il s’inquiète en revanche de la hausse des cotisations à l’assurance-emploi prévue en 2017. «La masse salariale va augmenter et cela affecte les entreprises», déplore-t-il.
La FCEI demande aux libéraux de tenir leur promesse de campagne de réduire le taux d’imposition des petites entreprises de 10,5 % à 9 %, une mesure absente des deux premiers budgets. Elle appelle aussi à un retour à l’équilibre budgétaire.
«Les déficits d’aujourd’hui sont les taxes de demain», interpelle M. Gauthier.
PEU DE FONDS POUR LES MUNICIPALITÉS
Le directeur général de l’Association francophone des municipalités du NouveauBrunswick constate que le budget présente peu de surprises et de nouveautés. Le budget précédent avait déjà initié des investissements massifs dans les infrastructures municipales, rappelle Frédéric Dion.
«On ne s’attendait pas à ce que le programme chantier Canada soit bonifié à nouveau cette année.»
Le gouvernement investira simplement 2 milliards $ sur 11 ans dans les infrastructures des communautés rurales et nordiques.
«Ce n’est pas un montant astronomique compte tenu des besoins. C’est une bonne nouvelle, mais on ne sait pas encore comment ce programme va s’articuler ni quels seront les projets admissibles», réagit M. Dion.
Quelque 80 millions $ sur 10 ans seront investis pour la construction d’infrastructures éducatives dans des communautés de langue officielle en situation minoritaire. L’association espérait une enveloppe plus fournie.
«Patrimoine canadien avait mené de vastes consultations l’été dernier, on s’attendait à une bonification pour favoriser la dualité linguistique au Canada. C’est une déception, ça fait longtemps qu’on attend.» Avec la participation du Mathieu Roy-Comeau journaliste