Golem: de la science-fiction au théâtre
Dans son nouveau spectacle Golem, Satellite Théâtre plonge dans la sciencefiction en conjuguant le jeu, la danse et la musique, tout en interrogeant les forces qui unissent les créateurs et leurs créatures. Cette oeuvre multidisciplinaire bilingue sera présentée en tournée au Nouveau-Brunswick dans des lieux inhabituels.
Le Marché de Moncton s’est transformé en salle de théâtre réinventée, cette semaine, puisque l’équipe de Satellite Théâtre y répète son nouveau spectacle.
Au milieu d’un décor forgé d’un arsenal d’objets hétéroclites, de diverses pièces d’ordinateurs évoquant un univers étrange, inquiétant et fantastique, trois acteurs-danseurs et quatre musiciens de l’ensemble Tutta Musica se préparent à raconter une fable impressionniste.
Cette oeuvre sur le legs et l’intelligence artificielle, dignes des histoires de Frankenstein, est signée par l’auteur Matthieu Girard et mise en scène par Marc-André Charron. Ce dernier explique que l’idée lui est venue à la suite de conversations avec sa fille et ses amis artistes sur la notion de responsabilités face aux créations tant artistiques que biologiques.
Selon la mythologie juive, les golems seraient des êtres artificiels faits d’argile sans paroles qui accomplissent des tâches que les gens ne veulent pas effectuer. Marc-André Charron précise que le golem a donné naissance à plusieurs idées comme à celles du personnage de Frankenstein.
«Aujourd’hui, c’est dur de ne pas penser à l’intelligence artificielle et à la robotique quand on pense aux golems», a-t-il mentionné.
La pièce met en scène une petite société secrète qui crée des golems et des robots depuis les années 1500. Ils se retrouvent dans des endroits saugrenus comme le Marché de Moncton où les gens viennent se procurer ces créatures étranges.
«On suppose donc que le public a déjà des golems et ce soir, ils viennent voir le nouveau modèle et comme toute belle histoire de Frankenstein, ce ne sera pas aussi simple que ça», a-t-il poursuivi.
La scientifique Dre Loewe (Bianca Richard) présente donc sa plus récente invention et c’est un peu ce que le spectacle raconte. Bianca Richard – qui a joué, entre autres, au Pays de la Sagouine et au théâtre La Cigogne – confie qu’elle a été séduite par la nouveauté de ce projet inventif. La danse l’a toujours intéressée même si elle est une comédienne avant tout.
«Je suis une comédienne assez physique. Dans la vie je bouge tout le temps. On parle de science-fiction, mais c’est le fun parce qu’on n’utilise pas la technologie. Il y a un peu d’éclairage, mais la danse est live et il n’y a pas de projection. Nous sommes des humains qui jouent sur une scène. C’est une forme pure de théâtre. Je pense que c’est une bonne combinaison de danse, de théâtre et de musique», a-t-elle commenté.
Comme dans tous ses projets, Satellite Théâtre invite le public à vivre un peu l’expérience des créateurs et à provoquer une réflexion critique sur la société. Marc-André Charron indique que la compagnie s’intéresse à la bonne science-fiction; celle qui tout en faisant preuve d’inventivité nous renvoie une image du monde dans lequel nous vivons.
La question des robots et de l’intelligence artificielle hantent les auteurs de science-fiction depuis longtemps. Est-il possible de programmer la conscience et la morale? Si oui, une fois que les robots auront cette conscience, qu’en feront-ils?
«Chez Satellite Théâtre, la science-fiction est toujours présente dans nos imaginaires. C’est très riche parce qu’on a n’a pas d’a priori avec ces personnages-là. Dans la science-fiction, il y a une liberté de prendre les archétypes pour jouer avec comme on veut.»
En choisissant de créer un spectacle qui marie le français, l’anglais, avec une touche de mandarin, Satellite Théâtre célèbre en quelque sorte son déménagement au Nouveau-Brunswick. Cette compagnie qui est venue s’installer récemment à Moncton a envie de faire partie d’un milieu culturel plus large et d’aller à la rencontre des artistes de diverses cultures.
Golem met en vedette aussi les danseurs Yves Arseneault et Jalianne Li. Les premières représentations de ce spectacle coproduit avec le Théâtre populaire d’Acadie auront lieu les 30 et 31 mars à la Salle HédardLanteigne du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick à Caraquet. Par la suite, la production partira en tournée à Moncton, Fredericton et Saint-Jean.