Église: la liste des présumées agressions sexuelles s’allonge
Une nouvelle poursuite a été déposée contre l’archidiocèse de Moncton
La liste des présumées victimes des anciens curés Yvon Arsenault et Paul Breau continue de s’allonger. Une nouvelle poursuite au civil en lien avec des cas d’abus sexuels allégués éclabousse l’archidiocèse de Moncton.
Un avis de poursuite civile a été déposé en Cour du Banc de la Reine le 5 avril. Le plaignant affirme avoir été agressé sexuellement par Paul Breau et Yvon Arsenault alors qu’il était enfant.
Les faits se seraient produits entre 1982 et 1985 dans la paroisse Saint Joseph de Shediac. Le plaignant était alors âgé de 13 à 16 ans.
Alors qu’il était prêtre-assistant, Paul Breau aurait agressé la victime présumée à plusieurs reprises. Celle-ci estime que l’ancien prêtre s’est servi de sa position d’autorité et de confiance pour la forcer à garder le silence.
Le plaignant dit avoir souffert de nombreuses séquelles physiques, psychologiques et émotionnelles: anxiété, choc nerveux, perte de confiance en soi, dépression, culpabilité… Aujourd’hui âgé de 47 ans, il réclame une compensation financière pour ces traumatismes et des sanctions punitives exemplaires.
Selon lui, l’Église est responsable car elle n’a été capable d’empêcher ces actes. Ces principes idéologiques qui font des prêtres les représentants de Dieu sur Terre ont permis à Paul Breau d’exercer une autorité sur la victime, peut-on lire dans l’acte dans l’avis.
Paul Breau fait déjà face à des accusations d’agressions sexuelles sur un adolescent entre 1984 et 1986 dans la paroisse Saint Joseph de Shediac.
L’archidiocèse de Moncton a réagi en retirant le prêtre de ses fonctions ecclésiastiques en octobre 2016.
L’acte de poursuite déposé la semaine dernière cible également Yvon Arsenault.
L’ancien homme d’Église est actuellement derrière les barreaux. En février, il a été condamné à quatre ans de prison à la suite d’accusations d’attentat à la pudeur à l’encontre d’enfants et d’adolescents.
Les faits se sont produits de 1971 à 1980 dans les communautés de Shediac et de Collette dans le comté de Kent. Les neuf victimes sont tous des hommes, âgés de 9 à 17 ans au moment des faits.
En parallèle, M. Arsenault fait face à neuf poursuites au civil. Deux d’entre elles ont été déposées en février 2017, et une autre a été intentée en avril dernier.
Dans l’acte de poursuite du 5 avril, le plaignant allègue avoir été agressé sexuellement à dix reprises entre 1982 et 1985. Les agressions auraient été commises à l’église de Shediac et dans le véhicule de l’ancien prêtre.
Les allégations n’ont pas été prouvées en cour. L’archidiocèse de Moncton n’a pas encore déposé d’avis de défense dans cette cause.
Contacté par l’Acadie Nouvelle, l’archevêque de Moncton Mgr Valéry Vienneau n’a pas souhaité commenter les affaires judiciaires en cours.
«C’est une période difficile pour l’archidiocèse, reconnaît-il. C’est énorme à porter.»
L’archidiocèse est également impliqué dans dix autres causes intentées par des hommes affirmant avoir été victimes de sévices sexuels du prêtre Camille Léger à CapPelé en 1951 et 1980.
Un processus de conciliation mené par l’ancien juge de la Cour Suprême, Michel Bastarache, a permis d’indemniser les victimes de plusieurs prêtres catholiques. L’archidiocèse a déboursé 10,5 millions $ pour des versements à 109 victimes.