Acadie Nouvelle

Trudeau blâme en partie la Russie et l’Iran pour l’attaque chimique en Syrie

- Lee Berthiaume La Presse canadienne

Justin Trudeau estime que la Russie et l’Iran, à cause de leur soutien au président Bachar el-Assad, doivent assumer au moins une part des responsabi­lités pour l’attaque chimique perpétrée contre des population­s civiles en Syrie la semaine dernière. Mais le premier ministre a aussi admis que ces deux pays doivent faire partie de la solution.

De passage en Normandie, lundi, le premier ministre a par ailleurs soutenu que le président el-Assad, lui, ne fait pas partie de la solution de paix et de stabilité en Syrie. «Quelqu’un qui est coupable de crimes de guerre contre (...) ses propres citoyens ne peut pas faire partie d’une solution à moyen et long termes pour la Syrie», a-t-il déclaré.

Après avoir discuté avec les leaders des États-Unis, de France, d’Allemagne et du Royaume-Uni, M. Trudeau a estimé que tous s’entendent pour dire que la communauté internatio­nale doit constituer un front «uni, solidaire et ferme» pour mettre un terme au conflit en Syrie, et ne pas répéter les «terribles erreurs» du passé.

Lors d’une conférence de presse à «Juno Beach», M. Trudeau ne s’est pas avancé, par ailleurs, sur les façons de déloger le président syrien du pouvoir, ni sur d’éventuelle­s mesures de représaill­es à adopter contre la Russie pour son soutien indéfectib­le au régime de Bachar el-Assad. Le Canada, de concert avec ses alliés, demeure cependant ouvert à l’idée d’imposer de nouvelles sanctions contre Moscou, a indiqué M. Trudeau, tout en précisant que la Russie, comme l’Iran, devaient faire partie de la solution pour rétablir la paix en Syrie.

«Les pays qui ont soutenu le régime d’El-Assad ont une part de responsabi­lité dans l’attaque chimique sur des innocents», a-t-il répété.

Une attaque à l’arme chimique a fait près de 90 morts, mardi dernier, dans le nord-ouest de la Syrie. L’opération a rapidement provoqué une riposte des États-Unis, qui ont lancé jeudi 59 missiles sur une base aérienne syrienne, tuant neuf personnes.

M. Trudeau a par ailleurs qualifié la situation en Corée du Nord de «dangereuse et instable», et indiqué que le gouverneme­nt canadien et ses alliés travaillen­t de concert pour désamorcer cette crise. «Qu’un pays nucléaire soit aussi prêt à déstabilis­er pas seulement la région mais mettre en danger le monde entier, c’est quelque chose qu’on ne peut pas laisser aller, on ne peut pas ignorer», a-t-il dit.

LE DÉBARQUEME­NT DE NORMANDIE

Les atrocités de la guerre civile en Syrie et la menace nucléaire en Corée du Nord ne pouvaient pas échapper au premier ministre Trudeau, qui participe depuis dimanche en France à deux grandes commémorat­ions pour souligner le sacrifice de soldats canadiens tombés au combat pendant les deux guerres mondiales du XXe siècle.

Après Vimy dimanche, M. Trudeau a visité lundi le site de «Juno Beach», la plage du nord de la France où des milliers de soldats canadiens avaient pris part au débarqueme­nt de Normandie lors de la Seconde Guerre mondiale. Le 6 juin 1944, les Canadiens avaient pris la plage d’assaut aux côtés de militaires américains et britanniqu­es – un moment décisif de cette guerre, qui avait permis ensuite aux forces alliées de repousser les nazis jusqu’à Berlin.

M. Trudeau, accompagné de sa femme, Sophie Grégoire, et de leur fils Xavier, y sont arrivés lundi, marchant le long de la plage ensoleillé­e, tandis que le vent faisait ondoyer les drapeaux français et canadiens plantés côte à côte dans le sable.

Cette visite survient au lendemain de la commémorat­ion de la célèbre bataille de la crête de Vimy — cérémonie à laquelle ont assisté dimanche plus de 20 000 personnes, pour la plupart en provenance du Canada. Tout comme pour Vimy, l’assaut de «Juno Beach» avait été chèrement payé par les combattant­s canadiens, faisant 340 morts et 574 blessés en une seule journée.

La décision de visiter Juno Beach après la commémorat­ion de la veille à Vimy a suscité l’étonnement puisque les deux batailles ne s’inscrivaie­nt pas dans le cadre du même conflit, et que sa visite en Normandie ne coïncide avec aucun anniversai­re de la Deuxième Guerre mondiale ou du Débarqueme­nt proprement dit (en juin 1944).

Les autorités font valoir que le voyage du premier ministre en France avait pour but de rendre hommage aux sacrifices de tous les soldats canadiens. M. Trudeau a soutenu que se rendre sur de tels sites est nécessaire pour demeurer «soucieux» de retenir les leçons de ces bains de sang. «Nous devons travailler dur, ensemble, pour prévenir l’ampleur des pertes que nous avons vues au cours du XXe siècle, a-t-il lancé. La guerre civile qui fait rage en Syrie, les conflits violents à travers le monde requièrent une communauté internatio­nale qui se serre les coudes, qui se demande des comptes, et qui aspire chaque jour à ne pas répéter les terribles erreurs du passé.»

M. Trudeau s’est aussi rendu lundi au cimetière militaire canadien de Bény-sur-Mer, où il a pu se recueillir sur la tombe du grand-oncle de Sophie Grégoire. «Sur la pierre tombale du lieutenant Jean-Robert Grégoire, on peut lire une phrase choisie par son papa: "Soyez braves au foyer comme nous l’avons été sur les champs de bataille"», a rappelé le premier ministre.

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Sophie, Xavier et Justin Trudeau, au cimetière de Beny-surMer, lundi. – La Presse canadienne: Adrian Wyld

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