Bois d’oeuvre: Ottawa examine ses options
Le gouvernement canadien examine ses options pour réagir à l'imposition de droits, par Washington, sur le bois d'oeuvre canadien.
S'il ne sait pas encore quel outil sera le sien, le ministre fédéral des Ressources naturelles, Jim Carr, assure cependant qu'Ottawa ne restera pas les bras croisés.
Dans les querelles passées sur le bois d'oeuvre, opposant le gouvernement canadien au voisin américain, Ottawa s'est parfois tourné vers l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et a aussi utilisé le chapitre 19 de l'ALÉNA.
«Nous avons obtenu gain de cause dans le passé et nous obtiendrons gain de cause encore», a déclaré le ministre Carr au cours d'une conférence de presse à Ottawa, mardi après-midi. «Nous allons lutter contre cette décision devant les instances appropriées», a renchéri sa collègue Diane Lebouthillier, ministre du Revenu national.
La ministre Lebouthillier a, ensuite, exprimé candidement sa frustration devant cette querelle qui se répète «depuis 30 ans», se plaignant de vivre «le jour de la marmotte».
«Quand on regarde au cours des 30 dernières années, et bien on a pas mal mis nos oeufs dans le même panier et on se retrouve toujours dans la même situation. (...) Un coup que l'accord est terminé, il faut recommencer le processus de négociation. Et on est toujours en train de faire exactement les mêmes demandes, mais aussi les mêmes erreurs», s'est-elle plainte, plaidant pour la nécessité de diversifier les marchés pour ce produit.
Lui faisant écho, le ministre Carr a souligné que son collègue au Commerce international, François-Philippe Champagne, est justement en visite en Chine, pays où il ira lui-même en juin.
Le ministre Carr a également annoncé qu'il convoquait, cette semaine, le groupe de travail fédéral-provincial sur le bois d'oeuvre.
Une discussion entre le premier ministre Justin Trudeau et ses homologues provinciaux est prévue mardi en fin d'après-midi.
Plus tôt dans la journée, de passage à Kitchener, le premier ministre Trudeau a mis en garde contre un «épaississement» de la frontière, affirmant que les deux pays en souffriraient.
«Notre économie est grandement liée à celle des États-Unis, mais ce n'est pas une relation à sens unique», a tenu à rappeler Justin Trudeau.
«Il y a des millions de bons emplois américains qui dépendent d'une circulation fluide de biens, de services et de gens», a-t-il réitéré.
«Vous ne pouvez pas épaissir cette frontière sans nuire à des gens des deux côtés», a-t-il averti.
Le département américain du Commerce a imposé mardi des droits compensatoires sur les exportations canadiennes. Ceux-ci vont de 3 à 24%, selon la compagnie. Les plus petits joueurs de l'industrie se voient imposer un tarif de 19,88%.
Les sorties du premier ministre et de ses deux ministres n'ont pas suffi à l'opposition néo-démocrate.
«La seule chose que le gouvernement Trudeau a à offrir, ce sont les programmes (de garanties de prêts) existants. Ça, c'est la preuve qu'ils n'ont rien vu venir», a accusé le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair.
Le chef adjoint du Parti conservateur, Denis Lebel, a également dénoncé l'inaction du gouvernement. «Le gouvernement Trudeau a mis en veilleuse l'une des plus importantes négociations commerciales de l'histoire du Canada», a-t-il écrit dans un communiqué rappelant que le dernier conflit du bois d'oeuvre a été réglé alors que les conservateurs étaient au pouvoir.
RÉACTIONS DE L'INDUSTRIE
Ces droits compensatoires sont «injustifiés et sans fondement», estime l'Association des produits forestiers du Canada qui craint des pertes d'emplois. Elle appuie «totalement» la position du gouvernement fédéral pour obtenir une «structure commerciale juste et équitable».
Des centaines de Canadiens risquent maintenant de se retrouver au chômage, a également indiqué le Syndicat des Métallos. Il demande au gouvernement fédéral de mettre l'emphase sur la négociation d'une entente avec les États-Unis sur le bois d'oeuvre pour mettre fin au litige.
«Le Canada ne doit pas se laisser intimider», a affirmé le porte-parole de Produit forestiers Résolu, Seth Kursman. L'entreprise domine l'industrie au Québec et en Ontario.
«Nous sommes déçus de l'imposition de ces tarifs préliminaires et nous continuons de croire que l'Ontario et le Québec doivent obtenir un accès libre au marché américain», at-il renchéri. – La Presse canadienne