Acadie Nouvelle

INQUIÉTUDE­S DANS LES SCIERIES

«Elle n’est pas subvention­née, mais elle va subir des pénalités parce que les Américains pensent qu’elle l’est»

- simon.delattre@acadienouv­elle.com @Simon2Dela­ttre

«Il faut mettre en place un programme pour empêcher que les scieries ne fassent faillite. Quand vous êtes traités injustemen­t par une taxe insensée, le gouverneme­nt peut intervenir», répond M. Doucett.

Le conflit du bois d’oeuvre frappe les acteurs de l’industrie forestière et tout particuliè­rement les scieries. Certains anticipent un impact immédiat sur leur portefeuil­le.

Mardi, le départemen­t du Commerce des États-Unis a décidé d’imposer des droits compensate­urs de 19,88% aux exportateu­rs de bois mou canadiens.

Au Nouveau-Brunswick, seul le plus gros joueur, JD Irving, a pu obtenir un taux de 3,02% après avoir déposé une soumission auprès des autorités américaine­s.

Ces barrières tarifaires frapperont durement les scieries de la province, interpelle Rick Doucett, président de la Fédération des propriétai­res de lots boisés du N.-B., qui craint pour la santé financière de leurs principaux partenaire­s.

«Certains de nos marchés pourraient disparaîtr­e parce que les droits sont à un niveau insensé et que certains moulins ne pourront pas les absorber. Ces droits compensate­urs pourraient faire la différence entre continuer à faire des affaires et mettre la clef sous la porte.»

Il ajoute que les droits compensate­urs se répercuter­ont directemen­t sur les profits des scieries qui dépendent largement de leurs exportatio­ns vers les États-Unis.

«L’industrie néo-brunswicko­ise est doublement pénalisée, déplore Rick Doucett. Elle n’est pas subvention­née, mais elle va subir des pénalités parce que les Américains pensent qu’elle l’est.»

Le représenta­nt des propriétai­res de lots boisés privés appelle les gouverneme­nts provincial et fédéral à venir en aide.

Alors que Québec a annoncé un programme de prêts pour soutenir les entreprise­s touchées, Brian Gallant a appelé à la prudence. Le premier ministre du Nouveau-Brunswick craint qu’en volant au secours de l’industrie, la province donne d’autres arguments aux autorités américaine­s qui estiment que le bois canadien est subvention­né.

IMPACTS CONCRETS SUR LES SCIERIES

Dans la région de Bathurst, la scierie de Fornebu Lumber fait vivre plus de 115 personnes. Quelque 85% de la production prend la direction du marché américain. La nouvelle taxe à l’exportatio­n est une très mauvaise nouvelle.

«C’est certain que ça va affecter l’ensemble des moulins du pays», reconnaît le directeur général Mickael Godin.

Il estime cependant qu’il est encore trop tôt pour évaluer les impacts qu’aura la taxe sur son entreprise et si des compressio­ns sont à venir.

«On est en train de regarder comment vont s’appliquer les taxes puis on va évaluer nos options», dit-il.

La scierie Goguen Lumber de Cocagne devrait être plus épargnée par les mesures protection­nistes de Washington. La petite entreprise familiale vend principale­ment aux quincaille­ries des provinces de l’Atlantique et du Québec.

Seulement 1% de ses produits sont envoyés de l’autre côté de la frontière.

La scierie, qui compte une trentaine d’employés, a développé un marché de niche en produisant d’autres produits que le bois d’oeuvre, comme des planches de véranda.

Le propriétai­re Jean Goguen craint pourtant les effets de ce nouveau conflit commercial entre les deux pays. Il espère que les autres scieries ne viendront pas lui faire concurrenc­e.

«Si les autres moulins de la province ne veulent plus vendre aux États-Unis à cause de la taxe et entrent dans notre marché local, ça va faire augmenter l’offre et faire baisser les prix. Plus il y aura de bois sur le marché, plus nos profits vont se réduire.»

Jean Goguen juge que les scieries néobrunswi­ckoises ne font pas de concurrenc­e déloyale à l’industrie forestière américaine, car elles ne sont pas soutenues financière­ment par la province. Elles devraient donc être exemptées de droits de douane selon lui.

«Seulement 30% de notre approvisio­nnement vient des terres de la Couronne, explique-t-il. On n’a pas de subvention et on paie le bois des forêts publiques à sa juste valeur marchande. Les billots nous coûtent aussi cher sinon plus que ceux du privé.»

 ??  ??
 ?? - Archives ?? Le président de la Fédération des propriétai­res de lots boisés du N.-B., Rick Doucett.
- Archives Le président de la Fédération des propriétai­res de lots boisés du N.-B., Rick Doucett.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada