Acadie Nouvelle

«Je me sens comme si j’étais en prison»

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Des francophon­es ayant un handicap se disent victimes de discrimina­tion de la part de l’entreprise qui gère leur logement à Moncton. Elles ne veulent pas la Lune, mais l’accommodem­ent qu’elles souhaitent se fait attendre. L’Acadie Nouvelle est allé à leur rencontre.

Marisol Benoit et Natalie Fougère demeurent dans le même bloc du centre-ville de Moncton, sur la rue Robinson, depuis six ans. La première est en fauteuil roulant, la deuxième est non-voyante.

Chaque semaine, pendant quelques heures, elles reçoivent un coup de main de travailleu­rs de soutien qui viennent notamment les aider à faire le ménage et à faire leurs commission­s.

Le hic, c’est que depuis environ trois années, ces travailleu­rs ne peuvent pas se garer dans le stationnem­ent de l’immeuble puisque toutes les places sont assignées aux locataires qui possèdent un véhicule. Ceux qui enfreignen­t la règle risquent de voir leur voiture remorquée.

Cela pose problème, selon Marisol Benoit, parce que ces personnes ont souvent besoin de se garer près de l’édifice, par exemple pour les aider à rentrer et à sortir de leur logement ou pour transporte­r leurs sacs d’épicerie.

Elles peuvent se rabattre sur les places qui se trouvent à une centaine de mètres de la porte, sur la rue St. George, mais cela est loin d’être idéal, surtout l’hiver lorsque le sol est gelé et couvert de glace et de neige.

«Ma femme de ménage m’aide à faire le ménage que je ne peux pas faire. Ma travailleu­se de support vient faire l’épicerie avec moi et me sortir de l’appartemen­t. Si elle n’a pas le droit de se stationner pour rentrer mon épicerie, c’est un stress pour moi. J’ai besoin d’aide, mais je n’ai pas le service de stationnem­ent. (...) Je me sens comme si j’étais en prison», dit-elle.

Natalie Fougère note que cette situation fait perdre du temps précieux aux personnes ayant un handicap (qui reçoivent un nombre défini d’heures d’aide par semaine) et complique la vie des travailleu­rs de soutien.

«Ça vient un point dernièreme­nt qu’elles doivent prendre un stationnem­ent payant. Dans beaucoup de cas, elles n’ont pas l’argent nécessaire­ment pour cela», affirme-t-elle.

Marisol Benoit craint carrément qu’elles cessent de venir l’épauler parce qu’elles ont de la difficulté à trouver un endroit où se garer gratuiteme­nt près de l’immeuble.

Elle affirme d’ailleurs qu’environ la moitié de la cinquantai­ne de locataires des appartemen­ts de leur bloc a un handicap quelconque.

«Il y a des personnes dans le bloc, ici, qui dépendent de leur travaillan­t pour se

«Il y a du monde qui nous dit “stressez-vous pas, ce n’est pas votre problème”. Mais c’est notre problème, ça touche nos travaillan­ts. Si un moment donné elles décident d’arrêter d’entrer travailler pour nous aider parce qu’elles ne peuvent plus se stationner, qu’est-ce qu’on va faire nous autres?»

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