Haltes du pèlerin
Un jour, j’ai demandé aux enfants de la catéchèse s’ils avaient déjà entendu le mot «basilique». Il y avait de l’inconnu dans leur visage. Sauf dans le regard éclairé d’une petite qui agitait la main dans les airs pour donner la réponse. Et elle s’exclama: «C’est une épice qu’on met dans le spaghetti!»
Elle avait donné une réponse juste. Mais ce n’était évidemment pas ce à quoi je m’attendais. Ce jour-là, pour leur expliquer la fête de la Dédicace du Latran, je devais commencer à distinguer entre «église», «cathédrale» et «basilique».
Alors que le temps des vacances permet à certains de pousser la porte d’un de ces lieux de culte pour prier et se reposer, j’ai pensé m’improviser guide touristique pour distinguer entre ces différents lieux de culte chrétien.
Chaque religion a ses lieux de prière. Les juifs se réunissant dans leurs synagogues, les musulmans dans leurs mosquées, les bouddhistes dans leurs pagodes, les hindous dans leurs temples, et les chrétiens dans leurs églises.
Au départ, le mot «Église» ne désigne pas un édifice. Elle est la communauté des croyants. Lorsqu’au 4e siècle commence la construction de lieux pour le culte, on donne à ces édifices le nom d’églises (avec un «e» minuscule).
En passant devant une de celles-ci, on a l’habitude de dire aux enfants que c’est la maison du Bon Dieu (1 Tim 3, 15). Je préfère dire, avec saint Augustin, que «l’édifice qui rassemble les chrétiens, c’est la maison de la prière, la maison de Dieu, c’est chacun de nous.»
Parmi les églises, la cathédrale a un statut particulier et une place importante dans la vie d’un diocèse. Elle est nommée ainsi à cause de la cathèdre (siège de l’évêque) qui s’y trouve. Chaque diocèse a sa cathédrale et rassemble les fidèles autour de leur évêque pour les moments importants de la vie ecclésiale.
Certaines églises reçoivent le titre de basilique. Qu’est-ce à dire? Au commencement de l’histoire chrétienne, la basilique était une église bâtie selon l’architecture des basiliques romaines. Le pape continue à donner ce titre à certaines églises à cause de leur valeur dans la vie du peuple de Dieu.
Le patrimoine religieux bâti du Nouveau-Brunswick est d’une grande valeur. Il y a des centaines d’églises. Des dizaines de chapelles. Plusieurs cathédrales. Et une basilique. Nous connaissons la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré. Peut-être moins l’unique basilique de notre province: la basilique St. Michael qui domine la Miramichi. Elle peut être admirée en traversant le pont du Centenaire. Cette église de style gothique est aussi belle à l’intérieur que lorsqu’elle se mire dans la rivière. En plus des églises, des cathédrales et des basiliques, les chapelles, les oratoires et les sanctuaires sont des haltes offertes dans le cheminement de chacun. Sur la route des vacances, il est intéressant de visiter un de ces lieux. Pour en apprendre sur l’histoire du milieu. Pour se rassasier de beautés. Pour entendre résonner une parole de paix.
Sa beauté explique pourquoi cette église a reçu le titre de basilique. Mais davantage encore, son histoire. En 1860, un deuxième diocèse est créé au NouveauBrunswick pour desservir les catholiques du Nord. Chatham deviendra le siège épiscopal du nouveau diocèse.
La construction de la cathédrale St Michael commence sous l’épiscopat de Thomas Barry et sera terminée par Mgr Patrice-Alexandre Chiasson. Ce dernier transfère, en 1938, le siège épiscopal de Chatham à Bathurst. St. Michael n’avait plus de cathèdre, et la cathédrale devint église. En 1989, à l’occasion du 150e anniversaire de l’église, elle reçut le titre de basilique mineure par Jean-Paul II. Lors d’une cérémonie, l’évêque de Saint-Jean vint la consacrer. Chaque fois que j’entre dans une église, mon regard se dirige vers trois endroits. D’abord, le choeur. Il est comme son homonyme: le coeur de l’église. Les éléments centraux du culte s’y trouvent. Il y a l’autel pour célébrer l’eucharistie. Une autre table surélevée, l’ambon, pour lire la Parole. Et le siège à partir duquel le prêtre préside. D’autres éléments peuvent se trouver dans le choeur de l’église: le tabernacle qui contient les hosties consacrées, les fonts baptismaux et le cierge pascal, la croix, etc.
Après le choeur, ce sont les statues et les vitraux que je regarde. Je cherche à trouver qui est représenté dans tel vitrail ou par telle statue. Parfois c’est évident. D’autres fois, il faut chercher. Je m’interroge sur la raison de la vénération de tel(le) saint(e) dans cette région. Cette exploration est un jeu à refaire dans chaque église.
Enfin, j’aime m’attarder dans les portiques des églises. Je regarde le tableau d’affichage. Je prends des feuillets dans les présentoirs. Je lis les informations sur la vie de la paroisse.
C’est ici qu’on peut sentir à quel rythme bat la vie de la communauté. Il y a tant à voir et à vivre dans une église. Bonne visite!