Notre système de santé n’est pas viable
Lettre ouverte au premier ministre du Canada et aux premiers ministres provinciaux et territoriaux. Dr. Laurent Marcoux Président-désigné Association médicale canadienne
Il est temps de bâtir notre système de santé pour les 150 prochaines années et 2017 est une année comme nulle autre. Alors que nous célébrons l’anniversaire de notre pays et réfléchissons à notre histoire et à nos réalisations des 150 dernières années, nous ne pouvons qu’éprouver un sentiment de fierté.
Nous reconnaissons également certains de nos échecs, en particulier en ce qui a trait à nos relations avec les communautés autochtones.
Notre système de santé est au coeur de l’histoire du Canada. Cependant, alors que notre système subit des pressions sans précédent - dont le vieillissement de la population -, pourquoi ne pas profiter de notre 150e anniversaire pour discuter de solutions possibles pour l’avenir?
Depuis la dernière rencontre du Conseil de la fédération, la majeure partie des discussions sur la santé et les soins de santé a porté sur les dollars et les pourcentages. C’est compréhensible, car les gouvernements des provinces et des territoires luttent avec les coûts croissants du système actuel, et le gouvernement fédéral ne peut pas être une source de financement illimitée.
Ces discussions ont entraîné des ententes bilatérales disparates, une province restant en retrait. Depuis, il y a eu peu d’action - pas de signatures au bas de documents, ni de débat significatif sur l’état futur de notre système de santé.
Or, l’état de notre système de santé est inquiétant, voire effrayant. Chaque jour, nous entendons parler des façons dont nous manquons à nos engagements envers les personnes les plus vulnérables, y compris les aînés.
Notre population vieillit et nous devons prévoir dès maintenant comment nous allons offrir à nos aînés les soins de santé dont ils ont besoin. Cela veut dire qu’il faut investir dans l’infrastructure des soins de longue durée et reconnaître le rôle des aidants naturels, le pilier de notre système de soutien.
Chaque jour, nos hôpitaux débordent de patients - dont nombre sont dans des couloirs et des salles d’attente - qui pourraient et devraient être traités différemment. Chaque jour, nous - les médecins, le personnel infirmier et tous ceux qui travaillent aux premières lignes - faisons de notre mieux pour offrir des soins optimaux malgré les défaillances de notre système.
Mais s’il faut rester concentrés sur les dollars et les pourcentages, parlons de la façon dont nous devrions dépenser l’argent pour les soins de santé différemment. Pourquoi est-ce que quelqu’un attend dans un lit d’hôpital au coût de 842$ par jour alors que nous pourrions offrir des lits de soins de longue durée à 126$ par jour ou des soins à domicile pour 42$ par jour?
Nous savons et reconnaissons tous que notre système n’est pas viable et que quelque chose doit changer. Il faut que les dirigeants de notre grand pays montrent la voie - s’unissent et collaborent pour concevoir une vision nationale de notre système de santé. Une stratégie nationale sur les aînés pourrait très bien être le premier pas dans cette direction afin de transformer notre programme social le plus précieux. Les médecins du Canada sont prêts à offrir leur soutien.