DÉPORTATION: DES ACADIENS SE SOUVIENNENT
Plus de 250 ans après, la Déportation de 1755 reste un événement fondamental pour bon nombre de gens. Au Village historique acadien de Bertrand, interprètes, hommes politiques et citoyens se sont souvenus de ce fait historique.
Depuis trois ans, Marilyne Ferguson Mallet et son mari Gilles Mallet prennent part aux commémorations de la Déportation célébrée au Village historique acadien de. Le 28 juillet est une date importante pour eux. Ils tiennent à la souligner.
«C’est à chaque fois émouvant. On pense à la misère qu’ont connue nos ancêtres», déclare-t-elle.
«Pour moi, c’était un plus grand plaisir que les autres fois. J’ai appris qu’un de mes ancêtres était enterré dans le cimetière du Sanctuaire Sainte-Anne-du-Boccage (à Caraquet). Je l’ignorais. Nous nous sommes recueillis sur sa tombe», ajoute-t-il.
Le village propose un parcours spécial pour l’occasion. Vendredi, un groupe d’une quinzaine de personnes s’est d’abord retrouvé à Miscou.
Emmenés sous la direction de l’historien Philippe Basque, les participants ont fait plusieurs arrêts tout au long de l’après-midi, avant de se réunir à l’entrée du village. James Archer, de Caraquet, était l’un d’eux. Il apprécie l’initiative.
«Ça nous permet de découvrir notre région autrement. Bien sûr, je connaissais Pointe-Alexandre (sur l’Île Lamèque). Mais je n’avais jamais pris le temps de m’y arrêter, alors que c’est tout prêt de chez moi», réalise cet enseignant d’histoire à la retraite.
Selon lui, il est essentiel de se remémorer l’épisode de la Déportation.
«C’est un triste événement qui a fondé notre identité acadienne. Il faut se souvenir d’où on vient pour savoir où on va.»
Aux environs de 17h30, l’historien, Philippe Basque, le maire de Bertrand, Yvon Godin (habillé en costume d’époque) et des visiteurs ont entamé une procession qui les a menés jusqu’à l’église du VHA.
Au fur et à mesure de leur passage devant les différentes maisons, les interprètes se sont joints à eux. Le député fédéral de la circonscription Acadie-Bathurst, Serge Cormier, s’est glissé au milieu des marcheurs.
«Je suis un Acadien avant tout. Ce sont mes racines profondes. En toute circonstance, je porte le drapeau acadien épinglé sur le revers de ma veste. Même à la Chambre des communes.»
Parmi l’assistance, peu de jeunes étaient présents.
«Je sais par expérience qu’il est difficile de les intéresser à l’histoire. Moi-même à leur âge, ça ne me passionnait pas», affirme James Archer. Cela ne l’inquiète pas. «Ils s’y mettront plus tard.»
Proclamée le 28 juillet 1755, la Déportation a concerné plus de 7000 Acadiens. Des familles entières ont été dépossédées de leurs terres. Certains sont morts.
«Cela a marqué la fin de l’Acadie territoriale. On croyait alors que c’était la fin de l’Acadie. Ce ne fut pas le cas», a indiqué le maire, Yvon Godin, dans son allocution.
Le député Cormier confirme: «Aujourd’hui, le peuple acadien rayonne dans le monde entier. Il a démontré tout son courage et sa capacité de résilience.»