Une grande messe en direct de la 4e dimension
Dans un environnement visuel hors du commun, les Hôtesses d'Hilaire et les Hay Babies ont livré une prestation éclatante dans une grande messe insolite où ils ont invité le public à entrer dans la 4e dimension.
Vêtus de blanc, les dix musiciens des deux formations sont apparus sur la scène dans un cortège appuyé par les ambiances sonores du réalisateur et compositeur Pierre-Guy Blanchard. Bien assis sur son trône devant sa panoplie d'instruments électroniques, celui-ci a présidé cette célébration musicale aux allures d'opéra rock, en raison de sa mise en scène très théâtrale. Pierre-Guy Blanchard, qui a son studio d'enregistrement à Charlo, est un collaborateur assidu des Hôtesses d'Hilaire et des Hay Babies. Plusieurs centaines de personnes ont assisté à ce spectacle présenté, jeudi, à l'Église Central United, dans le cadre du Festival Mud City Meltdown.
«Juste la beauté de voir ces deux groupeslà jouer un concert ensemble et avec en plus Pierre-Guy Blanchard, c'était incroyable. Le fait que ce soit dans une église, c'est un cadeau. Cela a permis de les voir dans une autre perspective», a déclaré un spectateur et musicien, Martin Goguen.
La poète et chroniqueuse Céleste Godin a ajouté sa voix à cette bande de joyeux lurons lors de la communion. En se produisant dans une église, les deux groupes ont vraiment joué le jeu en concevant toute la mise en scène du spectacle autour des rituels ecclésiastiques avec des prières plus loufoques les unes que les autres et quelques blagues bien mordantes. «C'était sacrilège à souhait!», a partagé une spectatrice. Dans l'église de La 4e dimension (titre du plus récent album des Hay Babies), la contestation est valorisée, a lancé Serge Brideau.
Mentionnons d'abord l'aspect visuel du spectacle jouant sur les ombres, la lumière et la brillance qui était bien intégré au décor somptueux de l'église. Le bassiste et claviériste Kevin McIntyre a conçu cet environnement visuel. Tout était en place pour créer une atmosphère spéciale et un univers qui a fait sourire bien des spectateurs. Tour à tour, chacun des groupes a interprété ses chansons en s'accompagnant parfois les uns, les autres.
Du côté des Hôtesses d'Hilaire, on a pu entendre, entre autres, Fais faillite, Regardemoi et Super chiac baby, tandis que les Hay Babies ont livré quelques pièces de leur cru, dont la très belle chanson Half du temps, tirée de leur plus récent opus. À certains moments, ils ont revisité des pièces en leur donnant un nouveau souffle. «On aime bien quand ils dérapent un peu, quand les chansons s'allongent et qu'on peut se perdre dans des solos. Personnellement, ce sont mes moments préférés quand on a pu s'écarter du registre régulier. Il y a eu un équilibre très intéressant entre les chansons plus féminines et plus masculines. On avait le yin et le yang et on sentait bien les couleurs de chacun des groupes. Le visuel était quand même assez remarquable. On se souviendra de ça», a commenté une spectatrice, Marilou Potvin-Lajoie.
Au centre du concert, l'extravagant Serge Brideau, qui avait revêtu sa toge d'occasion illuminée, a lancé quelques flèches bien placées à l'endroit de l'église et de la société. Rémi Rousselle aime cette formation qui n'hésite pas à poser son regard critique sur l'actualité et la politique. Deux batteurs, plusieurs guitaristes, trois claviéristes, deux bassistes; tout un arsenal d'instruments, de machines et de filages habillait la scène.
À la toute fin de spectacle, des disjoncteurs ont même sauté, provoquant une panne d'électricité partielle. Les Hay Babies sont revenus sur la scène afin d'interpréter la chanson La poule aux oeufs d'or en formule acoustique. On aurait presque cru que c'était prévu. Une chose est certaine, ils ont offert un spectacle unique. Les deux groupes ont monté ce spectacle en 24 heures. Serge Brideau souligne que la sélection des pièces s'est faite un peu de façon organique.
«Je pense que c'est un des meilleurs spectacles des Hôtesses et des Hay Babies que j'ai vus. Maxence Cormier (batteur) qui rap, c'était comme la cerise sur le sundae», a exprimé Émilie Nole.
À la fin de cette communion musicale, la foule a salué l'ensemble des artistes par une vibrante ovation bien sentie.