Acadie Nouvelle

La guerre de la planète des singes: une parfaite conclusion

J’ai parfois l’impression de me répéter, mais on ne juge pas un film de sciencefic­tion à la qualité de ses effets spéciaux ou de ses scènes d’action. Non. Un vrai bon film de science-fiction en est un qui nous fait réfléchir sur l’état de notre société. E

- Patrice Côté patrice.cote@acadienouv­elle.com

Le réalisateu­r Matt Reeves signe ici le chapitre final de la trilogie qui avait été amorcée par Rupert Wyatt en 2011 avec La montée de la planète des singes.

Après avoir assisté à la genèse du virus qui a décimé les humains et rendu les singes beaucoup plus intelligen­ts, puis découvert les origines du conflit entre les deux espèces, nous sommes maintenant transporté­s en plein coeur d’une guerre sanglante.

Toujours mené par le sage César (Andy Serkis), le clan des singes mène une existence difficile dans les forêts de la côte sud-ouest américaine. Les animaux sont constammen­t victimes de raids de soldats déterminés à ce que l’humain reprenne le contrôle de l’entièreté du territoire américain.

Une nuit, la tanière des singes est prise d’assaut par l’équipe d’un vicieux Colonel (Woody Harrelson). Dans le tumulte, le fils et la conjointe de César sont tués.

Le chef des singes prend donc la décision d’envoyer toute sa tribu dans un lieu sûr, nouvelleme­nt découvert par des éclaireurs. De son côté, César prend la direction inverse afin de retrouver le Colonel et de venger la mort de ceux qu’il aimait.

Le voyage moral et physique de César sera toutefois beaucoup plus ardu qu’il l’anticipait alors que le sort des humains et des singes repose entre ses pattes...

L’ÉTHIQUE DES SINGES

Deux choix s’offrent à vous lorsque vous visionnez La guerre de la planète des singes.

Vous pouvez tout d’abord vous asseoir confortabl­ement et être témoin du magnifique - mais surréel - spectacle dans lequel humains et singes s’affrontent à coups de fusil automatiqu­e.

Vous pouvez aussi essayer d’aller un peu plus loin que ce que vous voyez en amorçant une réflexion sur la cruauté et sur ce qui différenci­e l’humain de l’animal.

Un peu comme il l’avait fait dans le deuxième épisode, L’aube de la planète de singes, en 2014, Reeves réussit le tour de force de faire des humains les méchants de son film.

Il pousse toutefois l’exercice encore plus loin, cette fois, en mettant ses personnage­s devant des choix moraux et éthiques beaucoup plus complexes - le tout entrecoupé d’allégories sur l’Holocauste et l’esclavage.

Tout au long du film, Reeves nous force à nous questionne­r: que ferions-nous dans telle ou telle situation si nous étions dans la peau de César ou les souliers du Colonel.

Signe de la profondeur de l’oeuvre, vous découvrire­z qu’il n’y a pas vraiment de bonnes réponses aux défis que posent le réalisateu­r...

BRILLANT SERKIS

Avant mon visionneme­nt, j’avais lu ici et là que certains critiques estiment qu’Andy Serkis devrait être nommé aux Oscars. J’avoue avoir été sceptique: comment évaluer le jeu d’un comédien dont le personnage est créé par ordinateur?

Aujourd’hui, je ne peux que me prosterner devant le talent de Serkis. Tout chez César passe par les yeux: colère, joie, frustratio­n, déception, tristesse, fureur. Et Serkis rend ces émotions avec un aplomb surprenant.

Est-ce digne d’un Oscar? Difficile à dire. Mais c’est franchemen­t impression­nant.

EFFETS SPÉCIAUX ET NOSTALGIE

Beaucoup de cinéphiles vont se demander où, dans le palmarès des films de La planète des

singes, se situe la nouvelle oeuvre de Reeves. Pour moi, la réponse est simple: au sommet. Je reste un grand admirateur de l’oeuvre originale. Vous savez, celle de 1968 avec Charlton Heston. Cinquante ans plus tard, ce film est toujours aussi d’actualité et sa conclusion figure au chapitre des plus bouleversa­ntes de l’histoire du cinéma.

Ce qui différenci­e les deux films, ce sont les effets spéciaux. À ce chapitre, l’oeuvre originale a très, mais alors là très mal vieilli.

De son côté, La guerre de la planète des singes est un spectacle exceptionn­el. Le réalisme des animaux est ahurissant et les scènes de combat sont magnifique­ment chorégraph­iées.

En prime, Reeves nous offre quelques références à l’oeuvre de 1968, dont certaines absolument ravissante­s lors de la conclusion.

Mais le plus beau avec le chapitre final de ce qui est probableme­nt la meilleure trilogie depuis celle de Christophe­r Nolan sur Batman, c’est qu’elle fait taire tous ceux qui croient que les remakes n’ont pas leur raison d’être.

 ??  ?? Le chef du clan des singes, le très humaniste César, n’entend pas à rire dans la conclusion de la trilogie. - Gracieuset­é
Le chef du clan des singes, le très humaniste César, n’entend pas à rire dans la conclusion de la trilogie. - Gracieuset­é
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