Acadie Nouvelle

BATMAN À LA RESCOUSSE DES LIBRAIRES

- pascal.raiche-nogue@acadienouv­elle.com @raichenogu­e

La multiplica­tion des films de superhéros et la renaissanc­e de Star Wars rapportent des milliards de dollars aux géants du divertisse­ment. Mais les libraires spécialisé­s du Nouveau-Brunswick y trouvent aussi leur compte, comme nous l’expliquent deux d’entre eux.

À l’ère de Netflix, de Spotify et d’Amazon, on pourrait croire que ces commerces de niche ont du plomb dans l’aile, qu’ils plient l’échine face à ces géants du divertisse­ment qui broient tout sur leur passage.

C’est pourtant tout le contraire, si l’on se fie aux estimation­s publiées le mois dernier par deux importants sites consacrés à l’industrie des bandes dessinées, ICv2 et Comichron.

Leurs analystes évaluent que les ventes de BD ont connu une croissance de 5% en 2016 au Canada et aux États-Unis pour atteindre environ 1,26 milliard de dollars canadiens.

Le gérant du Comic Hunter de Moncton, Rémi Vienneau LeClair, confirme que le secteur se porte plutôt bien. La vente de bandes dessinées progresse petit à petit depuis l’ouverture du magasin, dit-il.

«C’est la 12e année que l’on est ouvert à Moncton et nos ventes de BD ont toujours monté. Il y a une partie de ça qui est due au fait que l’on est de plus en plus connus et aussi, on l’espère, parce que l’on fait croître le marché.»

Il attribue une partie de ce succès au départ de l’un de ses compétiteu­rs du centrevill­e, un magasin spécialisé dans la vente de magazines, qui a récemment cessé d’offrir les dernières aventures de Batman, de Spiderman et d’autres superhéros.

«Ça a fait une différence. Mais règle générale, nos ventes de comics ont toujours augmenté», dit-il.

BATMAN, SPIDERMAN ET DC À LA RESCOUSSE

Selon les analystes de ICv2 et de Comichron, l’industrie doit une fière chandelle à l’un des plus importants éditeurs de bandes dessinées, DC, qui a effectué une relance de tous ses titres en 2016.

Cela a généré beaucoup d’attention et créé un nouveau point de départ qui a permis à de nombreux lecteurs de commencer à suivre de nouvelles histoires sans trop être perdus.

Un autre facteur montré du doigt par certains intervenan­ts de l’industrie aux États-Unis est la sortie de très nombreux films de superhéros ces dernières années.

Ces production­s aux budgets faramineux n’ont pas autant d’effet sur les ventes de BD chez Comic Hunter, mais ne nuisent certaineme­nt pas, indique Rémi Vienneau LeClair.

«Ça a moins d’impact que le monde pense. Je pense toutefois que ça les amène (les aventures des superhéros) dans la conscience collective», explique-t-il.

Son collègue Steve Henderson, le copropriét­aire du commerce Heroes’ Beacon de Saint-Jean, confirme que les franchises populaires américaine­s ne font pas de tort à sa marge de profit.

«Au cours des quelques dernières années, la sortie de ces films a piqué la curiosité des gens pour ces personnage­s. (...) Généraleme­nt, ça attire beaucoup de nouveaux clients. Certains sont des gens qui lisaient des bandes dessinées auparavant et qui reviennent pour en acheter», confie-t-il.

Mais attention, ajoute Rémi Vienneau LeClair; ces films (ou dans certains cas des séries télévisées) sont des armes à double tranchant. Ils peuvent carrément nuire aux ventes de certaines bandes dessinées.

«Je trouve que Flash est la série qui a le plus aidé à vendre des BD. Mais un film comme Green Lantern a tué mes ventes de BD Green Lantern parce qu’il n’était pas bon. Avant le film, Green Lantern était dans mon top 5. Maintenant, il n’en est même pas proche.»

Ce film, paru en 2011, a effectivem­ent connu un destin tragique. L’oeuvre a été très mal accueillie par la critique et boudée par les amateurs de bandes dessinées. On estime qu’il a occasionné des pertes de 90 millions de dollars américains.

L’EFFET GUERRE DES ÉTOILES

La Guerre des étoiles, alias Star Wars, a toujours été très populaire auprès des geeks et des amateurs de science-fiction. Mais au cours des dernières années, cette saga a connu des sommets de popularité après son rachat par Disney en 2012.

La transactio­n a eu d’importante­s conséquenc­es sur le monde de la BD. En 2015, la franchise est passée de la maison de l’éditeur Dark Horse Comics à Marvel Comics (une autre acquisitio­n de Disney).

On a par la suite assisté à une multiplica­tion des titres et à une flambée des ventes. Les conséquenc­es ont été énormes, comme l’explique Rémi Vienneau LeClair.

«Dark Horse faisait vraiment du bon travail et les BD étaient généraleme­nt bien perçus par les amateurs de BD, mais les ventes n’étaient pas les plus élevées. Je dirais qu’en moyenne, j’en vends trois fois plus depuis que c’est Marvel qui les produit.»

Steve Henderson abonde dans le même sens. «Star Wars est parmi nos meilleurs vendeurs mensuels. Ce n’était pas du tout le cas avant. Ça a assurément connu une résurgence.» n

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Le gérant du Comic Hunter de Moncton, Rémi Vienneau LeClair. - Acadie Nouvelle: Pascal Raiche-Nogue
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Steve Henderson, copropriét­aire du commerce Heroes’ Beacon, à SaintJean. - Gracieuset­é
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