UNE CAMPAGNE POUR CONTRER LES AGRESSIONS SEXUELLES
En Amérique du Nord, on estime que de 15% à 25% des étudiantes seront victimes d’une forme d’agression sexuelle durant leur parcours académique. La Fédération des étudiantes et des étudiants du Centre universitaire de Moncton lance une campagne de sensibilisation pour contrer ce fléau.
Alors que l’Université de Moncton a remis la publication de sa politique pour contrer la violence sexuelle à décembre, la FÉÉCUM a cru bon d’agir dès la rentrée.
«C’est sûr qu’elle (la politique) était due pour la rentrée. On comprend qu’une politique de cette envergure prend du temps. Ceci étant dit, on est extrêmement déçu de voir qu’elle n’est pas prête pour la rentrée. Il ne faut pas oublier que les recherches démontrent que les étudiantes de première année universitaire sont plus à risque que subir une violence sexuelle au cours de leurs huit premières semaines à l’université. Donc, c’est une période cruciale pour mettre en plus une telle politique», a confié à l’Acadie Nouvelle le président de la FÉÉCUM, Tristian Gaudet.
Les cours à l’Université de Moncton débutent le 5 septembre. La campagne #ConsentementUdeM sera en branle. Le but est de sensibiliser la population étudiante au harcèlement et à la violence à caractère sexuel en utilisant les médias sociaux et en organisant des activités en collaboration avec les conseils étudiants du campus.
«En fin de compte, ce que nous voulons faire, c’est créer un environnement sain et sécuritaire tout en instituant une culture de consentement sur le campus», a précisé M. Gaudet.
Selon des statistiques de l’Université de Moncton qui datent de 2013, aucun cas d’agression sexuelle n’a été rapporté au service de sécurité de l’institution. Ça ne veut pas dire que le problème n’existe pas. Selon la FÉÉCUM et l’administration de l’institution acadienne, les cas de violence sexuelle ne sont tout simplement pas rapportés.
«Il y a un rapport qui disait, il y a quelques années, qu’il n’y avait aucun cas d’agression qui avait été rapporté sur le campus. Pour nous, ça sonne l’alarme parce que dans toutes les universités canadiennes, il y a des cas d’agression sexuelle. On l’a interprété comme étant un problème quant à la dénonciation. Nous espérons qu’avec notre campagne nous pouvons au moins briser cette phobie de dénoncer», a souligné le président de la FÉÉCUM.
«Ce sont des statistiques, mais elles ne sont probablement pas représentatives de la réalité, je pense qu’on s’entend là-dessus. C’est ce qui a été rapporté à notre service de sécurité, mais il y a beaucoup de choses qui ne sont pas rapportées. On est conscient que le nombre est plus grand», a ajouté Marc Anger, directeur des communications pour l’université.
Près de 9300 étudiants dans six universités québécoises francophones ont récemment été sondés dans le cadre d’une étude de l’UQAM. Les chercheurs ont révélé que près de 37% des étudiants sondés ont rapporté au moins une forme de victimisation sexuelle depuis leur entrée à l’université. Selon des données publiées par l’Université d’Ottawa, seulement 33 agressions sexuelles sur 1000 sont rapportées.
Le problème est donc bien réel et l’Université de Moncton compte bien livrer sa politique en décembre, après avoir consulté les instances universitaires.
«Certaines universités ont pris deux ou trois ans pour développer leurs politiques et on veut s’inspirer des meilleures pratiques. On veut vraiment adopter une politique exemplaire et une politique qui deviendrait même une référence parmi les universités canadiennes», a avancé M. Anger.
Entre temps, l’établissement d’enseignement postsecondaire soutient avoir des mécanismes en place, dans ses trois campus, à travers lesquels les étudiantes et les étudiants peuvent porter plainte si jamais ils sont victimes de violence sexuelle.
Il existe déjà une politique en matière de harcèlement sexuel et de harcèlement sexiste. La politique contre la violence sexuelle est toutefois «importante» pour l’université et l’administration y travaille depuis décembre 2016. Il y a de ça plusieurs années, à la rentrée et au cours de l’année scolaire, plusieurs initiatives ont été mises en place afin de sensibiliser la population étudiante et aider les victimes.
«Il y a donc des activités qui se font de manière régulière, dont certaines à la rentrée. En plus de ça, il y a des services de soutien disponibles dans tous les campus pour les gens qui pourraient être victimes de violence à caractère sexuel», a conclu M. Anger.