Oléoduc Énergie Est: l’ONÉ étudiera l’impact sur la production de gaz à effets de serre
«Je ne vois pas comment Énergie Est pourrait passer à travers une analyse rigoureuse de ces critères. C’est le début de la fin de ce projet», a déclaré le directeur principal d’Équiterre, Steven Guilbeault.
L’Office national de l’énergie (ONÉ) étudiera l’impact que pourrait avoir le projet d’oléoduc Énergie Est sur la production de gaz à effet de serre liée à l’extraction du pétrole et au raffinage.
L’agence fédérale a présenté mercredi en fin de journée la liste des sujets qui seront étudiés lors de l’examen réglementaire sur le projet de pipeline de l’entreprise TransCanada.
Après avoir reçu plus de 800 commentaires, l’ONÉ a décidé pour la première fois de son histoire de tenir compte dans son étude de l’augmentation potentielle des émissions de gaz à effet de serre (GES) en amont et en aval que pourrait provoquer la mise en service de l’oléoduc.
Il sera question notamment de la hausse possible de la production des sables bitumineux de l’Alberta ainsi que de la croissance des activités de raffinage au Québec et au NouveauBrunswick.
Ces critères s’ajoutent à l’étude des émissions de GES directement attribuables aux activités de construction et d’exploitation du pipeline.
Pour motiver sa décision, l’ONÉ a souligné «l’intérêt croissant manifesté par le public à l’endroit des émissions de GES, ainsi que les nouvelles mesures adoptées par les gouvernements» pour lutter contre les changements climatiques.
Au sujet de l’étendue de l’examen dans son ensemble, le porte-parole de TransCanada, Tim Duboyce, a indiqué par courriel que l’entreprise souhaitait prendre «le temps nécessaire afin d’étudier la liste des enjeux et d’en comprendre les impacts potentiels sur le projet» avant d’émettre des commentaires.
L’ONÉ a également décidé de se pencher sur «les effets environnementaux du transport maritime» attribuable au projet dans la baie de Fundy.
Le pipeline d’une longueur prévue de 4500 kilomètres doit terminer sa course au port de Saint-Jean où l’entreprise Irving Oil a l’intention de construire en partenariat avec TransCanada un terminal maritime capable d’accueillir deux pétroliers à la fois.
L’oléoduc servira aussi à alimenter la raffinerie d’Irving Oil dans la ville portuaire, la plus importante installation du genre au pays.
Irving Oil s’était exprimée contre l’étude par l’ONÉ du trafic maritime et des émissions de GES à l’étape du raffinage.
Par courriel, le ministre néobrunswickois du Développement de l’énergie et des ressources, Rick Doucet, s’est dit «ravi de voir l’ONÉ aller de l’avant avec son étude d’Énergie Est.»
Le ministre a rappelé qu’au NouveauBrunswick le pipeline pourra compter sur de l’électricité propre pour alimenter ses stations de pompage.
«Le Nouveau-Brunswick a la chance de posséder un système d’électricité qui continue de réduire ses émissions de gaz à effet de serre et dont plus de 75% de la production provient de sources qui n’émettent pas (de GES).»
Selon l’organisme environnemental Équiterre, la décision de l’Office concernant les GES en amont et en aval «représente un autre clou dans le cercueil» du projet.
Le chef du Parti vert du NouveauBrunswick, le député David Coon, croit quant à lui que la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale doit être révisée et renforcée avant de procéder à l’examen du projet.
Des audiences publiques sur Énergie Est présidées par l’ONÉ doivent avoir lieu à une date qui n’a pas encore été précisée.
L’Office a choisi de recommencer du début le processus d’évaluation du pipeline après la démission l’an dernier des trois membres du comité d’évaluation qui étaient soupçonnés de conflit d’intérêts en faveur de l’industrie.
Au terme du processus d’examen, l’Office devra déterminer si le projet est conforme à l’intérêt public et faire une recommandation au cabinet fédéral.
Dans son application, TransCanada prévoit la mise en service du pipeline d’une capacité de 1,1 million de barils par jour en 2021.