RENTRÉE SCOLAIRE: À L’ÉCOLE LE VENTRE VIDE
Des enseignants d’écoles primaires et secondaires qualifient «d’état de crise» la situation qui prévaut dans les classes du Canada.
Un nouveau sondage révèle qu’un enfant sur cinq au Canada arrive à l’école le ventre vide, car la nourriture est insuffisante à la maison.
Les enseignants interrogés dans le cadre du sondage affirment en grand nombre qu’il y a des conséquences percutantes de la faim chez les élèves et qu’elle affecte ceux-ci de façon significative, tant sur le plan émotionnel qu’académique.
Le 4e sondage annuel Des petits déjeuners pour des meilleures journées de Kellogg révèle avec étonnement que pas moins de 95% des enseignants canadiens s’entendent pour dire que les enfants qui n’ont pas mangé avant d’arriver à l’école sont généralement moins motivés et obtiennent des résultats académiques moins élevés que ceux qui ont pris un petit déjeuner.
De plus, 87% des enseignants sondés affirment également que ces enfants qui arrivent le ventre vide sont plus réservés et qu’ils ont moins d’interactions avec les autres enfants de l’école.
Des enseignants estiment de plus que la faim en classe peut aisément être associée à un manque de productivité, à un risque accru d’être pris dans l’engrenage de l’intimidation et à une plus grande difficulté à se faire des amis.
Ces données et ce triste constat sont sensiblement identiques à ce qui a été révélé lors de la rentrée scolaire à l’automne 2016, où il étaiat question d’un phénomène qui pouvait toucher environ un million de jeunes Canadiens.
En 2014, des études semblables estimaient alors qu’un enfant canadien sur sept risquait d’arriver à l’école le ventre vide.
Selon Le Club des petits déjeuners, chez les communautés autochtones, on parle plutôt d’un enfant sur deux qui arrive en classe sans avoir déjeuné. Chez les nouveaux arrivants, le risque est 2,5 fois plus élevé que dans la population en général.
Le District scolaire francophone NordOuest n’a pas de politique spécifique pour faire face à la faim dans les classes. Il existe toutefois diverses ressources à la disposition des écoles.
«Plusieurs écoles ont en place un Club de petits déjeuners qui fonctionne avec des partenaires communautaires et des bénévoles. Tous les élèves y ont accès. En ce qui concerne le diner, les écoles fournissent habituellement le repas principal aux enfants des familles étant identifiées comme ayant besoin d’aide», a expliqué Ghislaine Arsenault, porte-parole du District scolaire francophone Sud.
Au District scolaire francophone NordEst, on souligne que la majorité des écoles offrent des petits déjeuners et des collations gratuites grâce aux dons d’organismes communautaires ou de collectes de fonds effectués par différents comités de l’école.
«Parfois, ça peut simplement être un enfant qui n’a juste pas eu le temps de déjeuner», a indiqué la porte-parole du district, Annie LeBlanc-Levesque.
Au ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance, on affirme s’engager à offrir aux élèves un environnement sain et sécuritaire.
«Nous croyons qu’un environnement scolaire sain aidera les élèves à atteindre leurs ambitions», a expliqué Danielle Elliott, porteparole du ministère.
Dans une situation d’urgence, le ministère du Développement social est en mesure de fournir des aliments à un élève, a-t-on indiqué à l’Acadie Nouvelle.
«La sécurité alimentaire est une responsabilité partagée entre les écoles, les parents et les communautés. Les écoles s’assurent que les élèves et les parents connaissent des programmes alimentaires gratuits et subventionnés et que ces programmes sont accessibles aux étudiants de manière non stigmatisante», a tenu à préciser Danielle Elliott.
L’Association des enseignantes et des enseignants francophones du Nouveau-Brunswick dit se préoccuper du phénomène de l’enfance et la pauvreté.
«S’il y a un jeune qui n’a pas mangé le matin, on peut parler d’une situation de crise. Un seul jeune, c’est déjà trop!», affirme Robert Roy-Boudreau, qui est vice-président de l’AEFNB.
«C’est un devoir de société. Je pense que l’on aura cette même préoccupation dans une année.»
La Société médicale du NouveauBrunswick a mené deux initiatives au cours des dernières années traitant de la question de la faim et de l’alimentation en milieu scolaire, a indiqué Gérin Girouard, qui est le directeur par intérim des politiques et des communications de l’organisme.
La première initiative Alerte aux menus!, datant de 2013 et de 2015, visait la qualité nutritionnelle des repas servis dans les écoles.
La seconde était plutôt reliée aux défis de la pauvreté et du rôle des médecins de la province.