LES ÉCOLES «À LA CROISÉE DES CHEMINS»
Alors que certaines écoles de la province voient les réseaux sociaux comme des outils d’apprentissage, d’autres les voient comme des distractions. Selon des universitaires, les enseignants ont un rôle à jouer dans l’encadrement des élèves entourant l’utilisation saine du web 2.0.
L’accès à Facebook, à Snapchat et Instagram est bloqué dans certaines écoles du N.-B., alors qu’elle ne l’est pas dans d’autres.
Les responsables de l’Éducation à Fredericton sont conscients que des écoles utilisent les médias sociaux, tels Facebook, de façon éducative. Ils n’appliquent donc pas une interdiction générale, mais les rendent inaccessibles quand ils reçoivent une demande.
Pour Mathieu Lang, professeur agrégé à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Moncton, les réseaux sociaux peuvent effectivement être utiles à l’apprentissage, tout comme elles peuvent nuire à l’éducation. Tout dépend de l’encadrement.
«Tout peut être un prétexte au divertissement, comme tout peut être un prétexte à l’apprentissage. Mais il faut que l’école se sente bien à l’aise. C’est pour ça que je trouve ça sain que certaines écoles prennent le temps de se sentir à l’aise en bloquant l’accès pour une année ou deux.»
M. Lang encourage les écoles à guider ses élèves en formant leur esprit critique afin qu’ils puissent utiliser les réseaux sociaux de façon éclairée. En fermant les yeux à l’existence de Snapchat, d’Instagram et Facebook, les enseignants et la direction risquent de laisser des jeunes les découvrir seuls.
Les jeunes affrontent ainsi les menaces d’internet, comme la cyberdépendance, la cyberintimidation et les sources d’information non fiables, sans être adéquatement outillés.
«Tout se retrouve sur les médias sociaux, mais sans filtre. On ne peut pas faire confiance à tout. De plus en plus, le rôle de développer la pensée critique des élèves est central.»
Viktor Freiman, collègue de M. Lang à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Moncton, estime qu’il y a un grand potentiel pour l’apprentissage sur les médias sociaux. Dans ses travaux entourant les compétences numériques, il a observé plusieurs projets favorisant la collaboration et les échanges entre élèves de différentes régions. Il soulève entre autres Acadiepédia.com, un blogue crée «par les jeunes et qui s’adresse aux jeunes», où les élèves partagent des travaux écrits.
Il est aussi conscient des risques associés aux modes de communication électroniques. C’est pourquoi il est de l’avis qu’il est important d’encadrer les jeunes sur internet.
«J’ai expliqué l’importance aux parents à Montréal, aux débuts d’internet, en leur demandant: “allez-vous laisser vos jeunes de 8 ans, de 10 ans, de 13 ans, sur la rue SainteCatherine, sans les accompagner?” La réponse est évidente. La même chose s’applique au numérique: tout bon usage doit être accompagné pédagogiquement.»
Les réseaux sociaux font partie de la réalité des jeunes en 2017, qu’ils soient encadrés ou non. Dans des écoles en Ontario, la popularité de Snapchat, d’Instagram et de Netflix a causé des délais au travail des enseignants. Elles représentaient 20% de l’utilisation d’internet sur les réseaux WiFi du district.
Le jour de la rentrée, les administrateurs du district scolaire de Toronto ont donc annoncé qu’une interdiction sur les trois applications dans ses écoles, imposée au printemps, demeurerait en vigueur cet automne.