Une femme de Leech affirme avoir été «salie»
Soupçonnée de fraude et de détournement d’argent, une femme de Tracadie a été innocentée par la justice au début de l’été. Les semaines ont passé, mais elle reste marquée par ce qu’elle a vécu.
«J’ai toujours été honnête. Je n’avais jamais rien eu à voir avec la justice. Cette affaire m’a profondément affectée», affirme, la voix tendue, Ginette Thibodeau.
En octobre 2015, cette résidante de Leech, dans la Municipalité régionale de Tracadie, comparaissait pour la première fois de sa vie en Cour provinciale, aux côtés de son amie Gertrude LeBreton.
Les deux femmes faisaient face à des accusations de fraude et de détournement d’argent au détriment du Centre des loisirs de Leech. Les faits se seraient déroulés en 2013. À cette époque, Ginette Thibodeau était présidente de l’association responsable de la gestion du local.
En accord avec les membres du conseil, elle a entrepris des démarches afin que soit entamée la rénovation du centre. Sa toiture était en piteux état et il fallait la remplacer.
Les travaux coûtaient cher. Un dossier avait été déposé auprès du gouvernement fédéral en vue d’obtenir une subvention. Ottawa a alloué à l’association une aide de 25 000$. Un entrepreneur de Le Goulet avait été recruté.
Selon ses estimations, la facture s’élevait à 58 000$. En guise de premier versement, il a reçu un versement de 18 000$. Ginette Thibodeau a signé un chèque de 5000$ qu’elle a remis à Gertrude LeBreton.
«C’était pour qu’elle achète des matériaux nécessaires aux travaux», assure Mme Thibodeau.
Mais l’autre accusée dans cette affaire a utilisé cette somme à des fins personnelles.
Pour l’ancienne présidente de l’association, les démêlés judiciaires auront duré deux ans. Ils ont connu leur épilogue cet été.
Lors de cette ultime audience, le ministère public a retiré ses accusations. Ginette Thibodeau a été entièrement blanchie. La volte-face du procureur n’étonne pas l’avocat de la défense.
«La preuve n’était pas recevable», commente Me Mikaël Bernard, joint par téléphone, à son cabinet de Campbellton.
Sa cliente est soulagée. Elle clamait son innocence depuis le début. Logiquement, elle avait plaidé non coupable, contrairement à Gertrude LeBreton. Celle-ci a été condamnée en début d’année à rembourser les 5000$ et à payer une amende.
Fin de l’histoire? Pas vraiment, considère celle qui s’est retrouvée accusée à tort. Elle estime avoir été «salie».
«Ça m’a nui. Être vue comme une voleuse, ça a touché mon père et mes enfants.»
Elle dit avoir été soutenue par sa communauté – «ceux qui me connaissaient savaient que c’était des niaiseries» –, mais elle sent toujours le poids du soupçon planer au-dessus d’elle.
«Pour certains, il y a encore un doute. Le regard qu’ils me portent a changé», déplore-t-elle.
Ginette Thibodeau exprime un autre regret: le centre est toujours dans un état déplorable.
«C’est malheureux. On a mis tellement d’énergie dans cette association pour un si triste résultat.»