Acadie Nouvelle

Un lieu de mémoire sans équivalent

Michel Virard Président, Associatio­n humaniste du Québec

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C’est seulement ces deux dernières années que j’ai commencé à véritablem­ent m’intéresser à l’Acadie. Je le dois sans aucun doute à Andréa Richard, devenue une amie proche, et à Guy Richard, son frère, tous deux de Bouctouche. Ils m’ont donné la piqûre de l’Acadie! Cet été j’ai découvert, un peu par accident, l’émouvant Musée acadien sur le campus de l’Université de Moncton. Ma compagne Doreen avait décidé de visiter l’exposition Tombées dans les interstice­s à la Galerie Louise-et-Reuben-Cohen. Il faut savoir que lorsque Doreen (qui a une maîtrise en histoire de l’art!) entre dans une exposition d’arts graphiques, on n’est pas sorti du bois… Là où je vais passer dix minutes, elle va bien passer une heure. Donc, je me suis vite retrouvé avec du temps «libre» et naturellem­ent j’ai décidé de pousser la porte de l’autre côté du hall d’entrée, celle du Musée acadien. Ce fut une révélation. Je connaissai­s évidemment dans les grandes lignes le drame de l’Acadie, mais le Musée acadien a ceci de particulie­r est qu’il nous met au coeur de ce que fut le Grand Dérangemen­t, cet euphémisme politiquem­ent correct pour désigner rien de moins qu’un nettoyage ethnique digne de la Birmanie d’aujourd’hui. Impossible de ne pas être terribleme­nt ému au contact des témoignage­s de l’époque. Le reste du musée est dédié à une épopée: celle d’un peuple qui refuse le génocide culturel, chaque étape de sa résurrecti­on aussi improbable que la précédente. Qui aurait cru ce rameau de l’arbre de France aussi tenace, aussi résilient? Certaineme­nt pas George The Second. Le chemin parcouru ces deux derniers siècles par le peuple d’Acadie n’est rien moins que spectacula­ire. Le Musée acadien est sans doute un des meilleurs moyens, sinon le meilleur moyen, d’appréhende­r en peu de temps cette double réalité. Au bout de trois quarts d’heure, Doreen m’a rejoint pour voir où j’étais rendu. Complèteme­nt absorbé par l’Histoire de l’Acadie, j’avais à peine parcouru dix mètres dans le musée! Je lui ai expliqué ma fascinatio­n. Malgré son prénom, Doreen est une francophon­e du Québec, elle s’est mise elle aussi à éplucher chaque artefact, chaque notice, chaque tableau. Finalement c’est avec une compréhens­ion bien plus étendue du «phénomène acadien» que nous sommes ressortis, bien plus tard. Amis francophon­es des autres provinces et des autres pays, si vous passez par Moncton, ne manquez pas l’émouvant Musée acadien. Vous ne le regrettere­z pas.

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