Acadie Nouvelle

Cannabis: des policiers témoignent contre la culture personnell­e

- Mélanie Marquis La Presse canadienne

Faire pousser de la marijuana à la maison ne devrait pas être autorisé même si la substance deviendra légale au Canada, ont plaidé mardi des représenta­nts des forces de l’ordre, exhortant du même souffle le gouverneme­nt fédéral à renoncer à sa date butoir du 1er juillet 2018.

La culture de plants de pot à domicile entre en contradict­ion avec l’un des principaux objectifs de la légalisati­on du cannabis, qui est de tenir le cannabis loin des jeunes Canadiens, a fait valoir un trio de policiers devant le comité parlementa­ire qui étudie cette semaine le projet de loi C-45.

En plus d’exposer les enfants au pot, cultiver de la marijuana à la maison – le projet de loi permet de faire pousser jusqu’à quatre plants de cannabis d’une hauteur maximale de 100 centimètre­s – pose des risques pour la santé (moisissure­s) et la sécurité (danger d’incendie), a exposé Rick Barnum, de la Police provincial­e de l’Ontario (PPO).

Il existe également un risque de «surproduct­ion» qui pourrait faire fleurir un réseau parallèle qui serait possibleme­nt «encore plus prévalent» dans le futur régime récréatif que celui constaté dans le régime médical actuelleme­nt en place, selon ce qu’a fait valoir le sous-commissair­e.

«Santé Canada évalue qu’un plant intérieur produit 28 grammes. Cela ne reflète pas la réalité de la culture de la marijuana, la PPO estimant (...) qu’un plant cultivé à l’intérieur produit en moyenne 60 à 100 grammes», a-t-il soutenu devant les élus du comité permanent de la santé.

Et «la plupart des plants de cannabis cultivés à l’intérieur atteignent une hauteur de quatre pieds (environ 120 centimètre­s), ce qui dépasse la limite de 100 centimètre­s», a fait remarquer M. Barnum.

Son collègue de l’Associatio­n canadienne des chefs de police, Mike Serr, a abondé dans le même sens et a prévenu les députés qu’il était tout simplement «impossible» que les policiers respectent la date butoir du 1er juillet 2018, car la formation des agents nécessiter­a davantage de temps, selon lui.

À en croire les propos tenus par le député libéral Bill Blair, qui pilote le dossier de la légalisati­on du cannabis, le gouverneme­nt de Justin Trudeau n’a pas l’intention d’accéder favorablem­ent à la demande de sursis.

«Je pense qu’il est important que nous fassions le travail le plus rapidement possible», a insisté l’ancien chef de police de Toronto lors d’une mêlée de presse en marge de la réunion du comité, mardi midi.

«Nous avons établi un échéancier assez serré, un échéancier rigoureux, mais le défi est important, et tout le monde travaille très fort pour y arriver», a ajouté M. Blair.

Les représenta­nts des corps policiers qui ont comparu mardi ne sont pas les seuls à avoir demandé plus de flexibilit­é au fédéral.

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