Un récit touchant et lucide
«Vous tenez vraiment à ce que je vous raconte tout du début?», demande Jacques Dubreuil à la travailleuse sociale venue entendre son histoire. C’est cette phrase qui a été l’élément déclencheur du troisième roman de Camilien Roy,
Une déclaration qui a ouvert tout un pan de possibilités, confie l’auteur qui n’avait rien publié depuis dix ans. L’écrivain de Bathurst n’a jamais cessé d’écrire pour autant. Ce nouveau livre aborde des thèmes cruciaux de l’existence humaine: la mort, la religion, l’amour, l’amitié, la famille et le travail. Camilien Roy confie qu’il n’aurait pas pu écrire ce livre à 25 ans.
«Mon analyse est que même si les gens ont en majorité des vies relativement ordinaires, ce ne sont pas des vies ratées pour autant dans le sens que notre contribution n’est peut-être pas aussi brillante, mais les gens et les vies ont une valeur», a exprimé l’auteur qui travaille comme conseiller en orientation auprès des adultes depuis 26 ans. Tous les jours, il côtoie des gens qui font face à des difficultés, qui doivent réorienter leur carrière et qui effectuent des remises en question.
Si le titre du roman peut sembler contradictoire et sans espoir, le récit n’est pas larmoyant. Il comporte une touche de lumière, d’humour et de sensibilité.
Un an jour pour jour après son divorce, Jacques Dubreuil, 53 ans, apprend qu’il est atteint d’un cancer du cerveau agressif. Il n’en a plus que pour six mois à vivre, à moins qu’il décide de subir une chirurgie et des traitements de chimiothérapie qui pourraient prolonger sa vie d’une année ou deux, tout au plus.
Ce fonctionnaire sans ambition décide alors de tout quitter, de prendre la totalité de ses économies et de disparaître sans laisser de traces. Il se réfugie dans un chalet au bord de la mer, dans un petit village en Gaspésie qu’il a nommé Saint-Perrin. Il écrit sur sa vie d’une manière assez lucide et avec une touche de cynisme. Tout au long du roman, il raconte son histoire à une travailleuse sociale venue l’accompagner dans ses derniers moments.
Comme son personnage, le romancier confie que dans des moments difficiles de sa vie, il a flirté avec l’idée de tout abandonner, de déménager dans un pays lointain et de recommencer à neuf.
«Vers la cinquantaine, j’ai l’impression qu’il y a comme un bilan qui s’installe un peu comme une crise à l’adolescence. Ce n’est pas un roman autobiographique, mais j’ai puisé ici et là des anecdotes et des choses que les gens m’ont dit.»
Le roman d’Albert Camus a été une source d’inspiration pour Camilien Roy.
«Une petite erreur ou une décision dans une vie peut avoir un effet sur le reste de notre vie. Quand j’ai commencé à écrire mon roman, je trouvais que c’était une belle façon de toucher à beaucoup de sujets.»
Écrivain discipliné, Camilien Roy écrit une heure par jour, cinq jours par semaine et dix mois par année.
«Je n’ai jamais de plan. J’ai une phrase clé et il faut que la phrase soit tellement forte pour que pendant les trois ou quatre prochaines années, je passe une heure par jour à écrire. Pour moi, le réel moment de bonheur est toujours l’écriture parce qu’après ça, ça se complique. Que le livre se vende ou ne se vende pas, qu’il soit publié ou pas, ça c’est extérieur à l’écriture.»
Camilien Roy a publié aussi les livres
«Aujourd’hui j’en ai 53, soit le même âge que mon personnage. On voit le temps qui passe et des fois, on peut être sévère sur notre vie, à savoir si on a contribué à l’humanité.»
et Éditions Publié aux Perce-Neige,
est sorti en librairie mardi. Le lancement aura lieu Au Bootlegger à Bathurst, le 23 septembre de 14h à 16h. Il sera aussi aux salons du livre de la Péninsule acadienne et de Dieppe, en octobre.