DANSEURS EXOTIQUES: CAMPBELLTON PRÉFÈRE ATTENDRE
Les probabilités de voir les danseurs du 281 venir se trémousser à Campbellton en novembre sont minces.
Pas de chance pour les propriétaires du bar le Old Brass Rail de Campbellton qui désiraient tenir une soirée pour «dames seulement» en novembre prochain en compagnie de danseurs du 281.
Il semble que la Ville ne puisse modifier à temps son arrêté municipal afin de permettre la tenue de l’événement.
C’est du moins ce qu’indique la mairesse de l’endroit, Stéphanie Anglehart-Paulin.
«Pour l’événement du 4 novembre, on a pas mal les mains liées. On risque fort probablement de recevoir un avis de la commission d’urbanisme de ne pas approuver la permission», dit-elle.
Lors de la réunion publique du conseil, lundi, Samantha et Christianne Dufour – les propriétaires de l’établissement en question – avaient exposé leur projet afin de recevoir le feu vert. Un arrêté vieux de 20 ans interdit la présentation de spectacle à connotation érotique/ sensuelle.
Le règlement s’applique, même si le spectacle proposé ne comportait aucune nudité intégrale ni danse contact ou privée avec les clientes.
«On est désolé pour les propriétaires de l’établissement, car elles sont dynamiques et travaillent fort pour développer des idées afin de mettre leur commerce en valeur. C’est exactement ce genre d’entrepreneuriat que ça prend en ville. On espère que ça ne va pas les décourager et qu’elles vont revenir à la charge», exprime Mme Anglehart-Paulin.
Selon elle, même si le conseil municipal est d’accord en principe avec la présentation de la soirée, il doit suivre les lois en vigueur.
Le conseil pourrait-il voter une exception, compte tenu de l’échéancier de ce cas précis?
«Peut-être, mais ce n’est pas la voie que nous voulons privilégier, car ça ouvrirait du coup la porte à une foule de demandes du genre. J’aimerais mieux que le processus soit dûment suivi afin d’éviter de créer un tel précédent», explique la mairesse.
Elle suggère d’ailleurs aux deux entrepreneures de loger une demande officielle pour que soit modifié l’arrêté municipal. D’ici là, le point risque néanmoins de se retrouver à l’ordre du jour des prochaines rencontres du conseil.
Pour ce qui est des entrepreneures en questions, celles-ci n’ont pas encore reçu un «non» officiel de la part du conseil et espèrent toujours que la décision face à leur demande sera positive.
Questionnée à savoir si elle avait songé à présenter leur événement ailleurs dans la région, dans une municipalité plus permissive – quitte à inviter les dames à continuer la fête à son bar par la suite –, Samantha Dufour a simplement rétorqué qu’elle attendait la décision du conseil avant d’étudier les autres options.
«Nous allons attendre la réponse définitive de la Ville. Peut-être que ce sera négatif pour ce spectacle, mais positif pour plus tard. On est en questionnement et en attente», souligne-t-elle.
UN ARRÊTÉ DÉSUET… MAIS PAS TANT!
La mairesse l’avoue, plusieurs des quelque 300 arrêtés municipaux de Campbellton auraient besoin d’une bonne révision.
Elle admet ne pas savoir pourquoi la ville de Campbellton possède un arrêté municipal aussi restreignant alors qu’une loi provinciale encadre déjà très bien ce genre de spectacles.
«Je n’étais pas sur le conseil à l’époque alors je ne peux que spéculer, mais j’imagine que cela a été adopté en réaction à la présence du bar de danseuses nues de Pointe-à-la-Croix. Peut-être y avait-il des spéculations laissant entendre que ça risquait de traverser de ce côté-ci de la rivière et que le conseil aura voulu s’assurer que ça ne se produise pas», tente-t-elle comme justification.
Si la mairesse se dit prête à revoir l’arrêté au besoin afin de l’assouplir pour des spectacles «légers», elle n’est pas certaine qu’il faille l’abroger complètement et ainsi risquer – justement – de voir des bars d’effeuillage venir s’implanter dans sa municipalité.
Car si le conseil dit avoir l’esprit ouvert quant à la présentation d’une soirée «exotique» (sans nudité intégrale), cette ouverture se rétrécit quant à l’éventualité d’un bar proposant uniquement ce type de divertissement, comme il en existe ailleurs dans la province, à Bathurst et à Dieppe.
«Je crois que les moeurs ont évolué depuis 20 ans, notamment en raison de l’arrivée d’internet. Toutefois, je ne suis pas certaine que ça plairait à la majorité des citoyens si un bar de danseuses venait s’établir ici. Je veux bien permettre la tenue d’un événement spécial, mais de là à permettre l’implantation d’un tel commerce, c’est une tout autre paire de manches», préciset-elle.