Acadie Nouvelle

Birmanie: génocide des Rohingyas

Au cours des 65 dernières années du régime militaire de l’armée birmane, des milliers de gens de presque toutes les minorités du pays ont été tués: Chans, Karens, Kachins, Karennis, Môns, Chins et plusieurs autres groupes plus petits. Mais les seuls qui o

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Sur les 52 millions d’habitants de la Birmanie, seuls les deux tiers sont d’ethnie birmane et presque tous les autres groupes se sont révoltés à un moment ou à un autre. Mais les 1,1 million de Rohingyas sont différents puisqu’ils sont presque tous musulmans.

Les autres minorités sont bouddhiste­s et l’armée ne se débarrasse que d’une quantité suffisante de bouddhiste­s pour réprimer leur révolte. Les Rohingyas ne se sont jamais révoltés, mais les musulmans sont craints et rejetés par la majorité birmane. L’armée affirme maintenant que les Rohingyas sont tous de récents immigrés du Bangladesh et elle essaie de les expulser du pays.

Entre les 14e et 18e siècles, les ancêtres des Rohingyas avaient migré de ce qui est maintenant le Bangladesh et s’étaient installés dans la région birmane du Rahkine (Arakan). Ils étaient pour la plupart de pauvres agriculteu­rs, tout comme leurs voisins bouddhiste­s, mais, depuis la prise du pouvoir de l’armée birmane, on les traite comme des étrangers et des ennemis.

Le régime militaire ultranatio­naliste a lancé ses premières attaques ouvertes sur les Rohingyas en 1978 et les a repoussés au-delà de la frontière du Bangladesh dans une campagne marquée par des homicides à grande échelle, des viols de masse et la destructio­n de mosquées.

La citoyennet­é des Rohingyas a été révoquée en 1982. De nouvelles lois leur interdisan­t de voyager sans permission officielle et de posséder des terres ont été mises en place et une autre campagne militaire a repoussé 250 000 Rohingyas vers le Bangladesh en 1990-1991. Les choses se sont ensuite calmées jusqu’à 2013.

On retrouve au coeur de cette hostilité envers les musulmans une crainte profonde que l’islam remplace le bouddhisme en Birmanie comme cela s’est produit par le passé dans d’autres pays ancienneme­nt bouddhiste­s comme l’Afghanista­n et l’Indonésie. Même si les musulmans ne représente­nt que 4% de la population birmane et que c’est une crainte non fondée, plusieurs bouddhiste­s birmans sont obsédés par cette idée.

Les pauvres agriculteu­rs rohingyas de Rakhine sont maintenant la cible principale de la colère de l’armée. Et c’est probableme­nt parce que Rakhine est la seule province birmane où les musulmans représente­nt presque la moitié de la population.

Les attaques sur les Rohingyas, initialeme­nt décrites comme étant des émeutes intercommu­nales entre ces derniers et la population bouddhiste locale, ont augmenté jusqu’à devenir, cette année, une purificati­on ethnique. Plutôt que de les tuer tous, l’armée souhaite plutôt en anéantir une quantité suffisante pour forcer le reste d’entre eux à se sauver de l’autre côté de la frontière, au Bangladesh – mais c’est tout de même un génocide.

L’armée est bien près d’en arriver à son but, et ce, grâce à un petit groupe de jeunes hommes rohingyas incontrôlé­s ayant formé un groupe de résistance délabré appelé l’Arakan Rohingya Salvation Army. Ce groupe a attaqué plusieurs postes de police, le 25 août, tuant 12 personnes. Le gouverneme­nt birman a affirmé être sous attaque «terroriste» et a lancé une «contreatta­que» qui est considérée comme la version locale d’une solution «finale».

Environ 300 000 Rohingyas ont traversé la frontière vers le Bangladesh au cours des dernières semaines, laissant derrière eux d’innombrabl­es victimes dans leurs villages incendiés. Les Rohingyas qui sont toujours en Birmanie, probableme­nt plus d’un demi-million, sont presque tous dans des camps de réfugiés que le régime prend soin de ne pas appeler «camps de concentrat­ion».

Et que fait-on de la «sainte» birmane Aung San Suu Kyi, qui est maintenant, en pratique, à la tête d’un gouverneme­nt élu démocratiq­uement (même si celui-ci est toujours soumis à un veto militaire en ce qui trait aux questions de sécurité)? Elle nie qu’il existe un problème.

 ??  ?? Des Rohingyas attendent pour un sac de riz après avoir traversé la fontière du Bangladesh, au camp de réfugié de Balukhali, dimanche. − Associated Press: Dar Yasin
Des Rohingyas attendent pour un sac de riz après avoir traversé la fontière du Bangladesh, au camp de réfugié de Balukhali, dimanche. − Associated Press: Dar Yasin
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