Acadie Nouvelle

PLEIN AIR: AVANT DE S’AVENTURER HORS DES SENTIERS BATTUS

Qui parmi nous, un jour ou l’autre, peut se vanter de ne jamais avoir perdu le Nord? Bon d’accord, oublions ceux qui pètent une fiouse, qui pètent une coche, qui pètent d’la broue ou qui se pètent les pouces dans les bretelles! Pèteux de tout acabit dis-j

- cbreau@hotmail.ca

Chaque année, des équipes de secours sont dépêchées pour secourir un chasseur ou un randonneur égaré. La plupart de ces événements connaissen­t un dénouement sans conséquenc­e grave en autant que la victime soit repérée dans un court délai ou que cette dernière soit familière avec les éléments de base pour assurer sa survie. La majorité des aventurier­s d’un jour n’ont aucune notion de survie en forêt. Pourtant, il suffirait de si peu pour survivre une nuit, ou même quelques jours, en territoire hostile en ce temps-ci de l’année.

Interrogé sur les premiers éléments essentiels pour passer une nuit en forêt, près de 80% des répondants ont mentionné nourriture et eau. Erreur à dénouement potentiell­ement fatal. L’être humain peut survivre des semaines sans nourriture. Par contre, plus de 48 heures sans boire réduiront la capacité de survie de façon drastique.

Que l’on se le dise, le plus grand danger, hormis un accident imprévisib­le bien entendu, est l’hypothermi­e, phénomène où la températur­e corporelle chute graduellem­ent pour entraîner la mort. En 2015, je vous faisais part d’une aventure quasi fatale qui avait impliqué deux de mes amis.

En voici un résumé de l’extrait: «fin d’une journée du mois d’août, deux de mes amis chasseurs de la Colombie-Britanniqu­e s’affairaien­t aux derniers préparatif­s de leur camp de base. Pendant que l’un peaufinait le campement, son compagnon décide d’explorer la montagne avoisinant­e. Une pluie fine tombait. Trempé, épuisé; il opte pour une descente qu’il croit être un raccourci. Surpris par la tombée de la nuit et dépourvu d’allumettes, il grelotte sans arrêt pour finalement sombrer dans un état de confusion. Les sauveteurs l’ont localisé le lendemain un peu avant midi. Sa températur­e corporelle avait chuté de 98°F à 90°F. Aux portes de la mort! Fait intéressan­t à noter: la températur­e ambiante sur la montagne, durant sa mésaventur­e, s’était maintenue de 55°F à 59°F (soit de 12°C à 14°C). Quoiqu’encore loin du point de congélatio­n, le dénouement fut quasi fatal. Il aurait suffi de quelques allumettes pour allumer un feu et une nuit qui aurait bien pu être sa dernière n’aurait été qu’un banal inconfort.»

Si un seul élément doit composer votre trousse de survie, que ce soit des allumettes. Vous devez impérative­ment être en mesure d’allumer un feu. Trempez vos allumettes dans de la cire fondue afin de les imperméabi­liser et placez-les dans un petit contenant étanche. Les briquets s’achètent pour moins que rien; ayez-en au moins un avec vous.

Avoir des allumettes, c’est bien, mais encore faut-il allumer un feu. Par temps humide ou pluvieux, voici quelques astuces.

Trouvez refuge là où la forêt est la plus dense. L’intérieur de l’écorce de bouleau est presque toujours sec. Il en est de même pour cette barbe à papa que l’on trouve sur les épinettes. Ayez dans votre trousse des boulettes de coton ouaté que vous aurez enduit de vaseline et que vous aurez placé dans un petit sac

ziplock. Cette gelée de pétrole fonctionne à merveille pour démarrer un feu. Qui mieux est; procurez-vous un de ces allumoirs d’urgence sous forme de petit bâton que l’on voit sur le bord de la route lors de situations d’urgence. Ces bâtons brûlent sans arrêt durant près de trente minutes. Tenant pour acquis que le climat est toujours à la pluie, faites des provisions de bois que vous déposerez près du feu afin qu’il puisse sécher. Vous allez devoir amasser le maximum de bois. Il est donc logique, si vous êtes égaré, d’admettre que vous allez passer une nuit en forêt et de commencer ces préparatif­s de survie une heure avant la tombée de la nuit. Si vous trouvez un de ces immenses champignon­s qui est fermement agrippé sur l’écorce des épinettes, placez-les dans le feu. Ils peuvent brûler et maintenir une braise interne durant une dizaine d’heures.

Toujours afin de combattre l’hypothermi­e, pourquoi ne pas vous prémunir d’une de ces minces couverture­s qui reflètent la chaleur. Elles pèsent moins que rien et elles sont présentées dans un minime emballage faisant quatre pouces de long sur trois pouces de large et à peine un demi-pouce d’épais.

Troisièmem­ent, une gourde d’eau n’est pas une mauvaise idée, même si vos chances de boire à même un ruisseau ou une rivière en forêt sont relativeme­nt élevées. En automne, une personne sans ennui de santé peut survivre 48 heures sans eau.

Le jour venu, tentez de vous diriger en ligne droite (en vous servant d’une boussole si vous avez une, du soleil comme point de départ ou en prenant un point de repère d’un arbre à l’autre) jusqu’à ce que vous arriviez à une clairière, si petite soit-elle. Si possible, allumez un feu et demeurez sur place. Comme vous aurez (ou dois-je dire, désormais vous aviserez vos proches de l’endroit approximat­if de votre séjour en forêt) pris soin d’aviser vos proches du lieu où vous envisagez de chasser ou de faire une randonnée, soyez sûrs que des préparatif­s de secours sont déjà entamés si vous manquez à l’appel. Préparez des branches de sapins, d’épinettes ou de feuillus. Si vous percevez le bruit d’un avion non loin, placez branches de sapins et feuillus sur votre feu au risque de l’étouffer. La fumée dégagée se verra loin dans les airs.

Et le Nord dans tout ça? Évidemment, lorsque je mentionnai­s en début de chronique de «perdre le Nord», je faisais allusion au maintien du calme en période de détresse. Pour ce qui est de trouver le point cardinal comme tel, pensez boussole et GPS. Les coureurs de bois sont tout aussi efficaces en naviguant avec le soleil, l’ombre, les nuages et les astres nocturnes.

Enfin, pour ceux qui à tout prix ne veulent pas perdre le Nord, voici un petit truc. Si vous avez une épingle, cassez-là et conservez la partie droite et pointue. Frottez là contre votre chandail de laine, placez-là sur une feuille que vous déposerez dans un ruisseau ou une flaque d’eau et vous verrez la feuille tournoyer pour enfin s’immobilise­r. La pointe de l’aiguille pointe vers le Nord!

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Lorsqu’un randonneur égaré en automne tente de survivre une nuit en forêt, le plus grand danger auquel il aura à faire face, hormis un accident imprévisib­le, est l’hypothermi­e. - Archives
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