NPD: la victoire de Singh change la donne à plusieurs égards
Maintenant que Jagmeet Singh a gagné la course à la direction du NPD, la sélection des chefs en vue de l’élection fédérale de 2019 est terminée. Les choix diffèrent certainement de ceux de 2015 de deux façons importantes. Et ils représentent bien le Canad
Premièrement, une personne appartenant à une minorité visible se trouvera sur la liste des candidats à la direction du pays pour la première fois de l’histoire.
Deuxièmement, pour la première fois de mémoire de la majorité des électeurs, aucun baby-boomer ne sera en concurrence pour devenir premier ministre sous la bannière d’un des trois principaux partis.
Singh est âgé de 38 ans, le même âge que le chef conservateur, Andrew Scheer. À 45 ans, Justin Trudeau est officiellement le plus vieux des chefs des partis principaux.
Le règne de la génération qui a longtemps dominé le Canada a finalement pris fin.
Ni l’une ni l’autre de ces deux premières importantes n’est pourtant révolutionnaire. Un Canadien sur cinq appartient à une minorité visible et cette proportion augmentera au cours de la prochaine décennie.
En 2019, la génération Y surpassera la génération X et représentera le groupe démographique canadien avec le plus grand nombre d’électeurs. Elle a déjà manifesté sa présence dans la dernière élection. En votant en grand nombre, et en favorisant les libéraux, les votants de la génération Y ont joué un énorme rôle dans la victoire majoritaire de Trudeau.
Pendant la campagne électorale, Singh a recruté le plus grand nombre de membres parmi les candidats, mais il n’aurait pas remporté la chefferie lors du premier tour de scrutin sans l’appui d’une partie de la base néo-démocrate. Avec presque 54% du vote, il a amassé plus de 30 points de plus que Charlie Angus, qui s’est contenté de la deuxième place.
La communauté sud-asiatique a grandement appuyé Singh. Et celui-ci a probablement eu moins de trouble que les autres candidats à recueillir des votes en raison de sa base plus concentrée.
Sans les partisans de Singh, le NPD aurait peut-être eu de la difficulté à remplir la salle d’hôtel de taille moyenne choisie pour tenir le rassemblement de dimanche. Et l’auditoire aurait certainement été moins diversifié.
C’est de cette diversité que les stratèges des autres partis se souviendront – surtout les libéraux. Le NPD offrira au Canada multiculturel l’occasion de finalement mettre un peu de diversité à la tête du gouvernement.
Singh ne pourrait être plus différent de Thomas Mulcair, son prédécesseur. Mais ils sont tous les deux des personnalités politiques motivées par le pouvoir. Ils jouent tous les deux pour gagner.
La victoire de Singh causera-t-elle encore plus de dommages au pont déjà fragile entre le NPD et le Québec? Difficile à dire. En même temps, cette province n’aurait pas nécessairement préféré un des autres candidats. D’une façon ou d’une autre, Singh aura une influence dans cette province.
Il n’occupe pas de siège à la Chambre des communes et ne possède aucune expérience au niveau fédéral. Ce premier fait n’importe pas autant que ce deuxième. Un aspect de l’héritage sous-estimé de Mulcair est un caucus plus que prêt à diriger le parlement – en français comme en anglais.
Les questions seront différentes dans la prochaine campagne fédérale – ou, au moins, ça va prendre du temps à s’habituer à l’angle sous lequel on les abordera. Mais Singh reconnaîtra certaines des dynamiques qu’il a rencontrées en tant que membre de l’Assemblée législative de l’Ontario. D’abord, un électorat progressiste qui veut s’assurer que les conservateurs (soient-ils du type Mike Harris ou du type Stephen Harper) ne reprennent pas le pouvoir, et un chef libéral qui attire (ou bien, qui n’offense pas autant que l’équivalent conservateur) de nombreux électeurs gauchistes.
À cet égard, Scheer doit espérer que Singh donnera à Trudeau du fil à retordre. Ça prend habituellement un vote progressiste divisé pour que les conservateurs accèdent au pouvoir.
Pour conclure, certains stratèges néodémocrates avaient espéré qu’un seul tour de scrutin ne suffirait pas pour élire un chef, ne serait-ce que pour garder l’attention des médias sur le parti un peu plus longtemps.
Quoi qu’il arrive aux néo-démocrates, l’arrivée de Singh sur la scène fédérale est une histoire qui fera longtemps l’objet de grand intérêt.