Acadie Nouvelle

Gérald Fillion répond à vos questions économique­s

- Vincent Pichard vincent.pichard@acadienouv­elle.com

Gérald Fillion est une figure connue des téléspecta­teurs. Le temps d’un week-end, cet habitué des plateaux de télévision quitte le petit écran pour rencontrer les résidants de la Péninsule acadienne. Le journalist­e économique est l’un des invités au Salon du livre organisé jusqu’à dimanche, à Shippagan.

Vulgariser l’économie est devenue votre spécialité. En quoi est-ce important de le faire?

«Parce que ça touche les gens directemen­t dans leur quotidien. Si vous ne vous souciez pas de l’économie, c’est l’économie qui s’occupera de vous. Elle est au coeur des grandes décisions dans le monde. Qu’on parle de politique, d’éducation, de santé, de finances publiques ou personnell­es, de culture – on le voit ces temps-ci avec ce qui se passe autour de Netflix –, des questions d’ordre économique apparaisse­nt toujours. L’économie est souvent perçue comme un sujet rébarbatif. Elle fait peur. Certains ont l’impression qu’elle ne concerne que les riches, les grands décideurs ou les gens de la Bourse. Elle touche tout le monde en réalité; elle a une incidence sur notre quotidien à tous. C’est comme ça que je l’aborde.»

Votre travail s’est complexifi­é avec la désinforma­tion et la multiplica­tion des médias d’informatio­n...

«L’internet amène le meilleur, comme le pire. Le meilleur parce qu’aujourd’hui, grâce à lui, on peut s’informer à l’infini sur un sujet. On peut approfondi­r ses connaissan­ces. Mais si on n’est pas armé pour reconnaîtr­e les fausses informatio­ns ou la propagande, cela devient très nuisible à la démocratie. C’est là où nous, les journalist­es, avons un rôle à jouer. La meilleure façon de répondre à la désinforma­tion, c’est en diffusant une informatio­n de haute qualité, crédible, vérifiée et bien ficelée. La désinforma­tion est un dangereux empoisonne­ment démocratiq­ue.»

L’économie intéresse-t-elle la population plus qu’avant?

«Je pense que oui. La crise financière a été un déclencheu­r. Jusque-là et depuis le début des années 1990, nous étions dans une période de développem­ent, de croissance et de croissance des marchés boursiers. Les gens n’imaginaien­t pas que cela pouvait se transforme­r. Et là est arrivée la crise. Elle a été grave, surtout aux États-Unis. Au Canada aussi, il y a eu des répercussi­ons. Elle a réveillé tout le monde.»

Quelle est la situation économique du pays en ce moment?

«La croissance est quand même assez bonne. Le Canada a réussi à passer à travers sa dépendance au pétrole. Les économiste­s le disent, nous sommes dans un cycle, mais c’est dur de préciser à quel point nous en sommes. Si on compare avec un match de hockey, on est plus dans la troisième période. Le taux de chômage est faible. Il y a beaucoup d’endroits au Canada où l’on manque de maind’oeuvre. Donc c’est une bonne période. Cela dit, il faut gérer cette bonne période afin d’éviter une poussée d’inflation démesurée qui nous ferait plonger dans une récession abrupte. Les gouverneme­nts et la Banque centrale ont du travail à faire pour maintenir l’équilibre.»

Quel regard portez-vous sur la réalité économique au Nouveau-Brunswick?

«Les défis économique­s des Maritimes ressemblen­t à ceux du Québec. Ces provinces ne sont pas dans des économies de grandes ressources pétrolière­s génératric­es de richesses comparativ­ement à l’Alberta ou à Terre-Neuve. Même si Terre-Neuve a subi la chute des prix du pétrole. Le déclin manufactur­ier, l’Ontario, le Québec et le Nouveau-Brunswick l’ont vécu. Il faut continuer à travailler pour s’en remettre et à transforme­r cette économielà. Les défis pour le Nouveau-Brunswick sont les mêmes qu’ailleurs: créer de la croissance pour innover, pour améliorer sa productivi­té et entrer dans l’ère numérique et aussi dans l’ère du développem­ent durable.»

*** Gérald Fillion a publié deux ouvrages aux éditions La Presse, coécrits avec François Delorme, Vos questions sur

l’économie et L’Économie, c’est pas compliqué. Il sera à l’honneur ce vendredi, lors d’un apéro-conférence proposé de 17h à 19h, à l’École des pêches de Caraquet. Ce même jour, au Centre des congrès de la Péninsule à Shippagan, il participer­a à la soirée littéraire Talk Show au ras l’eau. Début des débats: 20h30. M. Fillion accordera aussi une Grande entrevue à l’éditoriali­ste François Gravel, de l’Acadie Nouvelle, samedi de 15h à 15h45, à la Place des auteurs du salon du livre.

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Gérald Fillion vient pour la première fois dans la Péninsule acadienne. – Gracieuset­é

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