Acadie Nouvelle

La fin de l’ère pétrolifèr­e

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Nostalgie! Hier marquait le trentième anniversai­re de ma première élection à titre de député provincial lors de cette victoire historique des libéraux de Frank McKenna. Si la politique est parfois ingrate et difficile, laissez-moi vous dire qu’en cette soirée du 13 octobre 1987, elle fut pour moi et bien d’autres d’une générosité sans bornes qui remplit encore glorieusem­ent les tiroirs de ma mémoire.

Montée de lait! Je reproche en ce début de chronique le manque total d’empathie des médias provinciau­x qui cette semaine en annonçant la mort des magasins Sears n’avait d’intérêt qu’a savoir si le gouverneme­nt Gallant allait perdre sa mise de fonds dans le centre d’appels d’Edmundston. La véritable tragédie dans cette affaire c’est la perte de plusieurs centaines d’emplois dans tous les coins de la province et cela personne ne semble vouloir en parler! Honte!

Enfin, parlons des vraies affaires. Le gouverneme­nt de Brian Gallant voudra rapidement oublier la semaine qui se termine, car elle a marqué la fin tragique d’un projet important pour le Nouveau-Brunswick, celui d’Énergie Est. Seule véritable stratégie sur la table pour relancer une activité industriel­le – à tout le moins léthargiqu­e depuis plusieurs années –, le projet représenta­it également le seul bonbon que pouvait offrir le gouverneme­nt Gallant à la région de SaintJean pour reprendre des sièges stratégiqu­es dans la formation du prochain gouverneme­nt en septembre prochain. Dossier épineux s’il en est un, ces projets d’oléoduc n’ont pas l’air de plaire à quiconque les voit près de chez eux. Au Québec en particulie­r, où l’opposition fut la plus forte, on ne semble pas réaliser que les risques de pollutions sont de loin plus élevés avec les navires et les trains qui ravitaille­nt les raffinerie­s de Québec et Montréal présenteme­nt.

Drôle de pays qu’est le nôtre, puisque ses résidents acceptent de consommer du pétrole de pays étrangers sans condition environnem­entale alors qu’on ne permet pas à notre propre pétrole de circuler sur le territoire.

J’ai déjà dit cependant que l’importance de ce projet fut dès le départ exagérée. À part le groupe Irving qui aurait pu augmenter sa production de pétrole à Saint-Jean, je ne pense pas que ce projet une fois la constructi­on terminée aurait eu un si grand impact dans l’activité économique de la province. J’implore également les partis d’opposition d’avoir une réponse un peu plus intelligen­te que de blâmer le gouverneme­nt Gallant dans ce dossier. Notre gouverneme­nt a fait ce qu’il a pu et la mort de ce projet tient davantage l’incapacité d’obtenir une acceptabil­ité sociale. Le pétrole, c’est davantage quelque chose dont on cherche à se départir plutôt que le contraire. Nous savons tous qu’il est fort probable qu’on ne produira plus d’automobile­s à essence d’ici 25 ans et que l’avenir repose sur d’autres sources d’énergie. Essuyant nos yeux devant cette défaite et recommenço­ns à travailler cette fois sur les énergies renouvelab­les. Le soleil, le vent et la biomasse sont peut-être de meilleurs amis que le pétrole!

Des investisse­ments estimés à 15,7 milliards $ et des milliers d’emplois du projet Énergie Est victimes de réglementa­tions continuell­ement alourdies et d’un manque flagrant de leadership de Justin Trudeau.

Des messages contradict­oires et ambigus selon l’audience et l’endroit où M. Trudeau prenait la parole on fait en sorte que des investisse­urs qui avaient déjà mis plus d’un milliard dans ce projet pancanadie­n, ont décidé de laisser tomber. Au N.-B., Brian Gallant est beaucoup plus ouvert à ce projet maintenant qu’il a adopté Saint-Jean, en préparatio­n à la prochaine élection prévue en 2018.

Il est très rare qu’un projet soit accepté à 100% par la population et c’est là que le leadership ou un manque de celui-ci fait la différence. Lorsque le chemin de fer qui relie le Canada d’est en ouest a été construit, il y avait des gens contre et certains sont en même décédés à cause de l’intensité du débat. Certains voulaient protéger les troupeaux de bisons, les cours d’eau, les montagnes, le style de vie des communauté­s en place, etc. Pourtant la grande majorité des grandes villes canadienne­s se sont développée­s le long du chemin de fer. La même chose s’applique à la Transcanad­ienne, aux aéroports, aux transports marins, ligne de transmissi­on électrique ou pipeline qui sont construits pour le bien commun et apporte des possibilit­és de développem­ent économique.

Les commentair­es du maire d’Edmundston, M. Simard, ressemblen­t beaucoup à ceux du Maire de Montréal, M. Coderre. Tous deux sont plutôt froids à ce genre de projet n’y voyant rien d’intéressan­t dans l’immédiat pour leur communauté et semblent oublier les intérêts de la province ou du pays. Le N.-B. est depuis longtemps l’un des plus grands bénéficiai­res d’argent en provenance de provinces plus fortunées, mais aussi plus ouvertes au développem­ent de leurs ressources. On se souviendra que des messages ambigus et nébuleux et une réglementa­tion qui change au gré des saisons ont aussi eu raison du développem­ent du gaz de schiste au N.-B. Il est évident que la seule industrie que MM. Trudeau et Gallant comprennen­t est celle du cannabis.

Les messages qui circulent maintenant pour les entreprise­s prêtes à investir sont que le Canada, et particuliè­rement le N.-B., a des systèmes de réglementa­tion trop obscures et c’est un trop grand risque pour les investisse­urs. L’achat d’emplois avec des subvention­s n’a pas le même effet sur les finances de la province que ceux créés par des investisse­ments privés. Des risques, il y en a dans tous les secteurs: agricole, forestier, minier, pêcherie, hydro-électricit­é et même les éoliennes et les systèmes d’énergie solaire. Chaque jour chacun de nous vivons des risques à différents niveaux et chacun de nous produisent des déchets qui ont des résultats sur l’environnem­ent.

Afin de pouvoir continuer de livrer les services que la population demande à un coût qu’elle peut se permettre, il faut prendre des risques raisonnabl­es et des décisions qui sont dans l’intérêt commun.

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− Archives L’opposition au projet était vive dans la région d’Edmundston.
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